[9,22] CHAPITRE XXII.
1 Τῶν δ᾽ ἀετῶν ἐστὶ πλείονα γένη, ἓν μὲν ὁ καλούμενος πύγαργος· οὗτος κατὰ τὰ πεδία καὶ τὰ ἄλση καὶ περὶ τὰς πόλεις γίνεται· ἔνιοι δὲ καλοῦσιν νεβροφόνον αὐτόν. Πέτεται δὲ καὶ εἰς τὰ ὄρη καὶ εἰς τὴν ὕλην διὰ τὸ θάρσος· τὰ δὲ λοιπὰ γένη ὀλιγάκις εἰς πεδία καὶ εἰς ἄλση φοιτᾷ. 2 Ἕτερον δὲ γένος ἀετοῦ ἐστὶν ὃ πλάγγος καλεῖται, δεύτερος μεγέθει καὶ ῥώμῃ· οἰκεῖ δὲ βήσσας καὶ ἄγκη καὶ λίμνας, ἐπικαλεῖται δὲ νηττοφόνος καὶ μορφνός· οὗ καὶ Ὅμηρος μέμνηται ἐν τῇ τοῦ Πριάμου ἐξόδῳ. 3 Ἕτερος δὲ μέλας τὴν χρόαν καὶ μέγεθος ἐλάχιστος, κράτιστος τούτων· οὗτος οἰκεῖ ὄρη καὶ ὕλας, καλεῖται δὲ μελανάετος καὶ λαγωφόνος. Ἐκτρέφει δὲ μόνος τὰ τέκνα οὗτος καὶ ἐξάγει. Ἔστι δ᾽ ὠκυβόλος καὶ εὐθήμων καὶ ἄφθονος καὶ ἄφοβος καὶ μάχιμος καὶ εὔφημος· οὐ γὰρ μινυρίζει οὐδὲ λέληκεν.
4 Ἔτι δ᾽ ἕτερον γένος περκνόπτερος, λευκὴ κεφαλή, μεγέθει δὲ μέγιστος, πτερὰ δὲ βραχύτατα καὶ οὐροπύγιον πρόμηκες, γυπὶ ὅμοιος· ὀρειπέλαργος καλεῖται καὶ ὑπάετος. Οἰκεῖ δ᾽ ἄλση, τὰ μὲν κακὰ ταὐτὰ ἔχων τοῖς ἄλλοις, τῶν δ᾽ ἀγαθῶν 619a οὐδέν· ἁλίσκεται γὰρ καὶ διώκεται ὑπὸ κοράκων καὶ τῶν ἄλλων· βαρὺς γὰρ καὶ κακόβιος καὶ τὰ τεθνεῶτα φέρων, πεινῇ δ᾽ ἀεὶ καὶ βοᾷ καὶ μινυρίζει.
5 Ἕτερον δὲ γένος ἐστὶν ἀετῶν οἱ καλούμενοι ἁλιάετοι. Οὗτοι δ᾽ ἔχουσιν αὐχένα τε μέγαν καὶ παχὺν καὶ πτερὰ καμπύλα, οὐροπύγιον δὲ πλατύ· οἰκοῦσι δὲ περὶ θάλατταν καὶ ἀκτάς, ἁρπάζοντες δὲ καὶ οὐ δυνάμενοι φέρειν πολλάκις καταφέρονται εἰς βυθόν. 6 Ἔτι δ᾽ ἄλλο γένος ἐστὶν ἀετῶν οἱ καλούμενοι γνήσιοι. Φασὶ δὲ τούτους μόνους καὶ τῶν ἄλλων ὀρνίθων γνησίους εἶναι· τὰ γὰρ ἄλλα γένη μέμικται καὶ μεμοίχευται ὑπ᾽ ἀλλήλων, καὶ τῶν ἀετῶν καὶ τῶν ἱεράκων καὶ τῶν ἐλαχίστων. Ἔστι δ᾽ οὗτος μέγιστος τῶν ἀετῶν ἁπάντων, μείζων τε τῆς φήνης, τῶν δ᾽ ἀετῶν καὶ ἡμιόλιος, χρῶμα ξανθός. Φαίνεται δ᾽ ὀλιγάκις, ὥσπερ ἡ καλουμένη κύμινδις.
7 Ὥρα δὲ τοῦ ἐργάζεσθαι ἀετῷ καὶ πέτεσθαι ἀπ᾽ ἀρίστου μέχρι δείλης· τὸ γὰρ ἕωθεν κάθηται μέχρι ἀγορᾶς πληθυούσης. Γηράσκουσι δὲ τοῖς ἀετοῖς τὸ ῥύγχος αὐξάνεται τὸ ἄνω γαμψούμενον ἀεὶ μᾶλλον, καὶ τέλος λιμῷ ἀποθνήσκουσιν. Ἐπιλέγεται δέ τις καὶ μῦθος, ὡς τοῦτο πάσχει διότι ἄνθρωπός ποτ᾽ ὢν ἠδίκησε ξένον. 8 Ἀποτίθεται δὲ τὴν περιττεύουσαν τροφὴν τοῖς νεοττοῖς· διὰ γὰρ τὸ μὴ εὔπορον εἶναι καθ᾽ ἑκάστην ἡμέραν αὐτὴν πορίζεσθαι, ἐνίοτε οὐκ ἔχουσιν ἔξωθεν κομίζειν. Τύπτουσι δὲ ταῖς πτέρυξι καὶ τοῖς ὄνυξιν ἀμύττουσιν, ἄν τινα λάβωσι σκευωρούμενον περὶ τὰς νεοττιάς. Ποιοῦνται δ᾽ αὐτὰς οὐκ ἐν πεδινοῖς τόποις ἀλλ᾽ ἐν ὑψηλοῖς, μάλιστα μὲν ἐν πέτραις ἀποκρήμνοις, οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ ἐπὶ δένδρων. 9 Τρέφουσι δὲ τοὺς νεοττοὺς ἕως ἂν δυνατοὶ γένωνται πέτεσθαι· τότε δ᾽ ἐκ τῆς νεοττιᾶς αὐτοὺς ἐκβάλλουσι καὶ ἐκ τοῦ τόπου τοῦ περὶ αὐτὴν παντὸς ἀπελαύνουσιν. Ἐπέχει γὰρ ἓν ζεῦγος ἀετῶν πολὺν τόπον· διόπερ οὐκ ἐᾷ πλησίον αὑτῶν ἄλλους αὐλισθῆναι. 10 Τὴν δὲ θήραν ποιεῖται οὐκ ἐκ τῶν σύνεγγυς τόπων τῆς νεοττιᾶς, ἀλλὰ συχνὸν ἀποπτάς. Ὅταν δὲ κυνηγήσῃ καὶ ἄρῃ, τίθησι καὶ οὐκ εὐθὺς φέρει, ἀλλ᾽ ἀποπειραθεὶς τοῦ βάρους ἀφίησιν. Καὶ τοὺς δασύποδας δ᾽ οὐκ 620 εὐθὺς λαμβάνει, ἀλλ᾽ εἰς τὸ πεδίον ἐάσας προελθεῖν· καὶ καταβαίνει δ᾽ οὐκ εὐθὺς εἰς τὸ ἔδαφος, ἀλλ᾽ ἀεὶ ἀπὸ τοῦ μείζονος ἐπὶ τὸ ἔλαττον κατὰ μικρόν. Ἄμφω δὲ ταῦτα ποιεῖ πρὸς ἀσφάλειαν τοῦ μὴ ἐνεδρεύεσθαι. 11 Καὶ ἐφ᾽ ὑψηλῶν καθίζει διὰ τὸ βραδέως αἴρεσθαι ἀπὸ τῆς γῆς. Ὑψοῦ δὲ πέτεται, ὅπως ἐπὶ πλεῖστον τόπον καθορᾷ· διόπερ θεῖον οἱ ἄνθρωποί φασιν εἶναι μόνον τῶν ὀρνέων. Πάντες δ᾽ οἱ γαμψώνυχοι ἥκιστα καθιζάνουσιν ἐπὶ πέτραις διὰ τὸ τῇ γαμψότητι ἐμπόδιον εἶναι τὴν σκληρότητα. Θηρεύει δὲ λαγὼς καὶ νεβροὺς καὶ ἀλώπεκας καὶ τὰ λοιπά, ὅσων κρατεῖν οἷός τ᾽ ἐστίν. Μακρόβιος δ᾽ ἐστίν· δῆλον δὲ τοῦτο ἐκ τοῦ τὴν νεοττιὰν τὴν αὐτῶν ἐπὶ πολὺ διαμένειν.
| [9,22] CHAPITRE XXII.
1 Les aigles sont de plusieurs espèces. L'un qu'on appelle le pygargue fréquente les plaines et les bois, et les environs des villes. On le surnomme encore quelquefois le Tueur-de-faons. Il vole aussi sur les montagnes et dans les forêts, se fiant à son courage. Les autres espèces d'aigles ne se montrent que bien rarement dans les plaines et dans les bois. 2 Une seconde espèce d'aigle est celui qu'on nomme le Plangos; il est en effet le second en grosseur et en force. Il fréquente les halliers, les vallons et les lacs. On le surnomme aussi le Tueur-de-canards, et le Morphnos. C'est de celui-là que veut parler Homère, quand il raconte la sortie de Priam. 3 Un autre aigle est de couleur noire, le plus petit, et, cependant, le plus fort de tous. Il n'habite que les montagnes et les forêts. On l'appelle indifféremment l'aigle noir et le Tueur-de-lièvres; c'est le seul aigle qui nourrisse ses petits, et qui les garde jusqu'à ce qu'ils sortent du nid. Son vol est rapide; il est solitaire, superbe, sans aucune crainte, belliqueux; et sa voix, toujours forte, ne tourne jamais au gémissement et à la plainte. 4 Une autre espèce a des ailes tachetées de noir et la tête blanche ; c'est le plus grand de tous les aigles. Ses ailes sont très-peu étendues ; son croupion est allongé. Il ressemble assez à un vautour; on l'appelle la cigogne-de-montagnes, et aussi le sous-aigle. Il habite les bois. Il a toutes les mauvaises qualités des autres aigles, sans en avoir aucune des bonnes. 619a Il se laisse prendre et poursuivre par des corbeaux et des oiseaux aussi faibles. Son vol est lourd ; il vit d'aliments misérables et se nourrit de charognes. Il a toujours faim ; il crie sans cesse et se plaint toujours.
5 Une autre espèce d'aigles sont ceux qu'on appelle aigles de mer. Ils ont un cou long et gras, des ailes recourbées, et un croupion très-large. Ils habitent la mer et ses rivages; mais souvent aussi, ne pouvant porter la proie qu'ils ont saisie, ils sont entraînés au fond de l'eau. 6 Les aigles qu'on appelle aigles-francs forment une autre espèce. On prétend que c'est le seul de tous les biseaux dont la race soit parfaitement pure. Toutes les autres espèces d'aigles, d'éperviérs, et d'oiseaux plus petits, sont issues de mélanges, où se sont commis une foule d'adultères réciproques. Cet aigle-là est le plus grand de tous ; il est même plus gros que l'orfraie, et de moitié plus gros que les autres aigles. Il est de couleur rousse. Il se montre aussi rarement que l'oiseau appelé le Cymindis.
7 Le moment de la journée où l'aigle fait son travail de chasse et où il vole, c'est depuis l'heure du déjeuner des hommes jusqu'au soir. Le matin, il reste en repos, jusqu'à l'heure où nos marchés s'emplissent. A mesure que les aigles vieillissent, leur bec s'allonge, la partie supérieure se recourbant de plus en plus ; et ils finissent par mourir de faim. On raconte à ce sujet une fable qui nous apprend que c'est là une punition de l'aigle, qui, étant jadis homme, avait violé l'hospitalité envers celui qu'il avait reçu. 8 Ils font, pour leurs petits, des provisions de nourriture, quand il y en a de trop, parce qu'il ne leur est pas facile de s'en procurer tous les jours, et que quelquefois le dehors ne leur fournit absolument rien. Quand ils voient quelqu'un se préparer à surprendre leur nid, ils le frappent à coups d'ailes et le déchirent de leurs serres. D'ailleurs, ils ne font pas leurs nids dans des lieux plats, mais au contraire dans des endroits fort élevés, spécialement dans des roches inaccessibles, parfois aussi sur un arbre. 9 L'aigle nourrit ses petits jusqu'à ce qu'ils soient capables de voler ; alors, il les chasse du nid, et il les éloigne à de grandes distances, tout à l'entour. Une seule paire d'aigles occupe en effet un vaste espace, et c'est pour cela qu'ils empêchent les autres de se faire une demeure près d'eux. 10 L'aigle ne chasse jamais dans les environs de son nid ; mais c'est toujours au loin, s'y envolant d'un seul trait. Quand il a chassé et qu'il a surpris une proie, il la dépose et ne l'emporte pas sur-le-champ. Si le poids lui en paraît trop lourd, il l'abandonne. Il ne prend pas non plus les lièvres 620 tout à coup ; mais il les laisse d'abord courir dans la plaine. Il ne fond pas tout droit sur le terrain, mais peu à peu, et en faisant un grand cercle, qu'il réduit successivement. Il prend ces deux précautions pour n'être pas lui-même surpris à terre. 11 II se pose en général sur un point élevé, parce qu'il ne s'envolerait de terre que lentement. D'ailleurs, il vole très-haut pour embrasser l'espace le plus loin possible. Aussi, est-ce le seul oiseau dont les hommes aient fait un oiseau divin. Comme tous les autres oiseaux à serres recourbées, l'aigle ne se repose pas sur les rochers, parce que la dureté de la pierre serait un obstacle à la courbure des ongles. Il chasse les faons, les lièvres, les renards, et tous les jeunes animaux qu'il est assez fort pour saisir. L'aigle vit longtemps; et ce qui le prouve, c'est que son nid reste très-longtemps le même.
|