Texte grec :
[4,10] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ι'.
§ 1. Περὶ δ´ ὕπνου καὶ ἐγρηγόρσεως τῶν ζῴων, ὅτι μὲν ὅσα (25) πεζὰ καὶ ἔναιμα πάντα καθεύδει καὶ ἐγρήγορεν, φανερὸν ποιοῦσι κατὰ τὴν αἴσθησιν. Πάντα γὰρ ὅσα ἔχει βλεφαρίδας, μύοντα ποιεῖται τὸν ὕπνον.
§ 2. Ἔτι δ´ ἐνυπνιάζειν φαίνονται οὐ μόνον ἄνθρωποι, ἀλλὰ καὶ ἵπποι καὶ κύνες καὶ βόες, ἔτι δὲ πρόβατα καὶ αἶγες καὶ πᾶν τὸ τῶν ζῳοτόκων καὶ τετραπόδων γένος· (30) δηλοῦσι δ´ οἱ κύνες τῷ ὑλαγμῷ. Περὶ δὲ τῶν ᾠοτοκούντων τοῦτο μὲν ἄδηλον, ὅτι δὲ καθεύδουσι, φανερόν.
§ 3. Ὁμοίως δὲ καὶ τὰ ἔνυδρα, οἷον οἵ τ´ ἰχθύες καὶ τὰ μαλάκια (537b) καὶ τὰ μαλακόστρακα, κάραβοί τε καὶ τὰ τοιαῦτα. Βραχύυπνα μὲν οὖν ἐστι πάντα ταῦτα, φαίνεται δὲ καθεύδοντα. Σημεῖον δὲ κατὰ μὲν τὰ ὄμματα οὐκ ἔστι λαβεῖν (οὐδὲν γὰρ ἔχει βλέφαρα αὐτῶν), ἀλλὰ ταῖς ἀτρεμίαις. (5) Ἁλίσκονται γὰρ οἱ ἰχθύες, εἰ μὴ διὰ τοὺς φθεῖρας καὶ τοὺς καλουμένους ψύλλους, κἂν ὥστε τῇ χειρὶ λαμβάνειν ῥᾳδίως· νῦν δ´, ἂν χρονίζωσιν, οὗτοι τῆς νυκτὸς κατεσθίουσι προσπίπτοντες, πολλοὶ τὸ πλῆθος ὄντες.
§ 4. Γίνονται δ´ ἐν τῷ βυθῷ τῆς θαλάττης, καὶ τοσοῦτοι τὸ πλῆθος ὥστε καὶ τὸ δέλεαρ, (10) ὅ τι ἂν ἰχθύος ᾖ, ἐὰν χρονίσῃ ἐπὶ τῆς γῆς, κατεσθίουσιν· καὶ ἀνέλκουσι πολλάκις οἱ ἁλιεῖς περὶ τὸ δέλεαρ ὥσπερ σφαῖραν συνεχομένων αὐτῶν.
§ 5. Ἀλλ´ ἐκ τῶν τοιῶνδε μᾶλλον ἔστι τεκμήρασθαι ὅτι καθεύδουσιν· πολλάκις γὰρ ἔστιν ἐπιπεσόντα τοῖς ἰχθύσι λαθεῖν οὕτως ὥστε καὶ τῇ χειρὶ λαβεῖν ἢ πατάξαντα λαθεῖν· (15) ὑπὸ δὲ τὸν καιρὸν τοῦτον ἠρεμοῦσι σφόδρα, καὶ κινοῦσιν οὐδὲν πλὴν ἠρέμα τὸ οὐραῖον. Δῆλον δὲ γίνεται ὅτι καθεύδει καὶ ταῖς φοραῖς, ἄν τι κινηθῇ ἡσυχαζόντων αὐτῶν· φέρεται γὰρ ὥσπερ ἐξ ὕπνου ὄντα.
§ 6. Ἔτι δ´ ἐν ταῖς πυρίαις ἁλίσκονται διὰ τὸ καθεύδειν. Πολλάκις δὲ καὶ οἱ θυννοσκόποι περιβάλλονται καθεύδοντας· (20) δῆλον δ´ ἐκ τοῦ ἡσυχάζοντας καὶ τὰ λευκὰ ὑποφαίνοντας ἁλίσκεσθαι. Καθεύδουσι δὲ τῆς νυκτὸς μᾶλλον ἢ τῆς ἡμέρας οὕτως ὥστε βαλλόντων μὴ κινεῖσθαι.
§ 7. Τὰ δὲ πλεῖστα καθεύδουσι τῆς γῆς ἢ τῆς ἄμμου ἢ ίθου τινὸς ἐχόμενοι ἐν τῷ βυθῷ, ἢ ἀποκρύψαντες ὑπὸ πέτραν (25) ἢ θῖνα ἑαυτούς, οἱ δὲ πλατεῖς ἐν τῇ ἄμμῳ· γινώσκονται δὲ τῇ σχηματίσει τῆς ἄμμου, καὶ λαμβάνονται τυπτόμενοι τοῖς τριώδουσιν. Λαμβάνονται δὲ καὶ λάβραξ καὶ χρύσοφρυς καὶ κεστρεὺς καὶ ὅσοι τοιοῦτοι τριώδοντι ἡμέρας πολλάκις διὰ τὸ καθεύδειν· εἰ δὲ μή, οὐδὲν δοκεῖ τῶν τοιούτων ληφθῆναι ἂν τριώδοντι.
§ 8. (30) Τὰ δὲ σελάχη οὕτω καθεύδει ἐνίοτε ὥστε καὶ λαμβάνεσθαι τῇ χειρί. Δελφὶς δὲ καὶ φάλαινα, (538a) καὶ ὅσα αὐλὸν ἔχει, ὑπερέχοντα τὸν αὐλὸν καθεύδει τῆς θαλάττης, δι´ οὗ ἀναπνέουσιν ἠρέμα κινοῦντες τὰς πτέρυγας· καὶ δελφῖνός γε καὶ ῥέγχοντος ἤδη ἠκρόανταί τινες.
§ 9. Καθεύδει δὲ καὶ τὰ μαλάκια τὸν αὐτὸν τρόπον ὅνπερ οἱ ἱχθύες· (5) ὁμοίως δὲ καὶ τὰ μαλακόστρακα τούτοις. Καὶ τὰ ἔντομα δὲ τῶν ζῴων ὅτι τυγχάνει ὕπνου, διὰ τοιούτων σημείων ἐστὶ φανερόν· ἡσυχάζουσί τε γὰρ καὶ ἀκινητίζουσιν ἐπιδήλως. Μάλιστα δ´ ἐπὶ τῶν μελιττῶν τοῦτο δῆλον· ἠρεμοῦσι γὰρ καὶ παύονται βομβοῦσαι τῆς νυκτός. Δῆλον δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἐν ποσὶ μάλιστα τῶν τοιούτων· (10) οὐ γὰρ μόνον διὰ τὸ μὴ ὀξὺ βλέπειν ἡσυχάζουσι τῆς νυκτός (ἅπαντα γὰρ ἀμυδρῶς βλέπει τὰ σκληρόφθαλμα), ἀλλὰ καὶ πρὸς τὸ φῶς τῶν λύχνων ἡσυχάζοντα φαίνονται οὐδὲν ἧττον.
§ 10. Ἐνυπνιάζει δὲ τῶν ζῴων μάλιστα ἄνθρωπος. Καὶ νέοις μὲν οὖσι καὶ παιδίοις ἔτι (15) πάμπαν οὐ γίνεται ἐνύπνιον, ἀλλ´ ἄρχεται τοῖς πλείστοις περὶ τέτταρα ἔτη ἢ πέντε· ἤδη δὲ γεγόνασι καὶ ἄνδρες καὶ γυναῖκες οἳ ὅλως οὐδὲν πώποτε ἐνύπνιον εἶδον. Συνέβη δέ τισι τῶν τοιούτων προϊούσης τῆς ἡλικίας ἰδεῖν ἐνύπνιον, καὶ μετὰ ταῦτα γενέσθαι περὶ τὸ σῶμα μεταβολὴν τοῖς μὲν εἰς θάνατον (20) τοῖς δ´ εἰς ἀρρωστίαν.
§ 11.Περὶ μὲν οὖν αἰσθήσεως καὶ ὕπνου καὶ ἐγρηγόρσεως τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον.
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Traduction française :
[4,10] CHAPITRE X.
§ 1. En ce qui concerne le sommeil et la veille des animaux, on peut se convaincre que tous ceux (25) qui marchent et qui ont du sang, dorment et veillent, pour peu qu'on se donne la peine de les observer. C'est qu'en effet tous les animaux qui ont des paupières se livrent au sommeil, en les fermant.
§ 2. On peut voir, en outre, que l'homme n'est pas le seul à avoir des rêves ; les chevaux, les chiens, les bœufs, les moutons, les chèvres, tous les vivipares quadrupèdes en ont comme lui. (30) Les chiens le montrent bien par leur aboiement. Quant aux ovipares, ce phénomène du rêve n'est pas certain ; mais il est bien évident qu'ils dorment.
§ 3. On peut en dire autant des animaux aquatiques, poissons, mollusques, (537b) crustacés, langoustes, et autres de même ordre. Tous ces animaux ont un sommeil très court ; mais on voit très bien qu'ils dorment. Ce n'est pas d'après leurs yeux que l'on pourrait s'en assurer, puisque aucun d'eux n'a de paupières ; mais c'est en constatant leur immobilité. (5) Ainsi, l'on prend les poissons, à moins que les poux et ce qu'on appelle les pucerons.... et ils sont alors si complètement immobiles qu'on peut sans peine les prendre à la main. Mais si les poissons restent trop longtemps à dormir, ces insectes, qui sont en très grande quantité, se jettent sur eux pendant la nuit et les dévorent.
§ 4. C'est au fond de la mer que les poux et les pucerons se trouvent, et ils y sont en quantité si grande que, quand une amorce, (10) faite avec du poisson, séjourne quelque temps au fond de l'eau, ils la rongent ; et il arrive souvent que les pêcheurs retirent l'amorce tout enveloppée de ces insectes, qui forment autour d'elle comme une boule.
§ 5. Mais voici d'autres preuves encore plus frappantes du sommeil des poissons. Souvent ils s'aperçoivent si peu qu'on s'approche d'eux qu'on peut les saisir à la main, et les frapper du harpon sans qu'ils s'en doutent. (15) A ces moments-là, ils sont dans un repos complet ; et ils ne remuent pas du tout, si ce n'est leur queue, et encore très faiblement. Ce qui prouve bien qu'ils dorment, ce sont leurs mouvements rapides quand quelque chose vient les troubler dans ce repos ; car alors ils s'élancent, comme sortant du sommeil.
§ 6. Dans les pêches au flambeau, on prend les poissons parce qu'ils dorment. Bien des fois les pêcheurs de thons les prennent tout endormis ; (20) et ce qui le prouve bien, c'est qu'on les surprend dans un absolu repos, et montrant. la partie blanche de leur corps. D'ailleurs, les poissons dorment plus profondément la nuit que le jour, à ce point qu'on les perce alors sans qu'ils bougent.
§ 7. La plupart des poissons dorment en s'appuyant sur le fond de l'eau, sur le sable, ou sur une pierre (25) qui repose au fond ; ou bien ils se cachent sous une pierre, ou dans un creux du rivage. Les poissons plats se logent dans le sable ; on reconnaît qu'ils y sont blottis par la forme que le sable présente en les recouvrant, et on les y frappe du trident. (30) Bien souvent, même dans le jour, on chasse au trident les loups, les dorades, les muges et autres poissons de cette espèce, parce qu'ils dorment; et s'ils ne dormaient pas, on ne pourrait pas avec un trident les atteindre jamais.
§ 8. (30) Les sélaciens dorment si bien que parfois on peut les prendre à la main. Le dauphin, la baleine, (538a) et tous les poissons à tuyau, dorment en élevant au-dessus de l'eau ce tuyau, qui leur sert à respirer, et en remuant doucement les nageoires. On prétend même qu'on a entendu le dauphin ronfler.
§ 9. Les mollusques dorment aussi de la même manière que les poissons. (5) Les crustacés dorment également comme eux. Quant aux insectes, voici les signes incontestables de leur sommeil. Ils restent dans un complet repos et sans le moindre mouvement. Ceci est surtout évident pour les abeilles, qui, dans la nuit, s'arrêtent et cessent de bourdonner. C'est encore ce qu'on peut voir sur ceux de ces insectes qui nous sont les plus familiers. (10) Ce n'est pas seulement parce qu'ils ne voient pas clair qu'ils se reposent la nuit ; car tous les animaux qui ont les yeux durs voient fort mal ; mais on peut observer qu'ils demeurent dans un repos non moins complet devant l'éclat des lampes.
§ 10. L'homme est de tous les animaux celui qui rêve le plus. Dans les premières années et quand on est tout enfant, (15) on n'a pas de rêves ; mais d'ordinaire on commence à en avoir vers quatre ou cinq ans. Cependant on a vu des hommes faits et des femmes qui n'avaient jamais rêvé de leur vie. Mais quelques-unes de ces personnes ont fini, avec les progrès de l'âge, par avoir des rêves ; et après cet accident, elles ont éprouvé dans leur tempérament une révolution, qui leur causait ou la mort, (20) ou une maladie.
§ 11. Voilà ce que nous avions à dire sur le sommeil et la veille et sur les organes des sens dans les animaux.
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