[5,7] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ζ'
§ 1. Περὶ δὲ ὀδόντων, ὅτι μὲν οὐχ ἑνὸς χάριν οὐδὲ πάντα τοῦ αὐτοῦ ἕνεκα τὰ
ζῷα ἔχουσιν ἀλλὰ τὰ μὲν διὰ τὴν (5) τροφὴν τὰ δὲ καὶ πρὸς ἀλκὴν καὶ πρὸς
τὸν ἐν τῇ φωνῇ λόγον, εἴρηται πρότερον· διότι δ' οἱ μὲν πρόσθιοι γίγνονται
πρότερον οἱ δὲ γόμφιοι ὕστερον, καὶ οὗτοι μὲν οὐκ ἐκπίπτουσιν ἐκεῖνοι δ'
ἐκπίπτουσι καὶ φύονται πάλιν, τοῖς περὶ γενέσεως λόγοις τὴν αἰτίαν συγγενῆ
δεῖ νομίζειν.
§ 2. Εἴρηκε (10) μὲν οὖν περὶ αὐτῶν καὶ Δημόκριτος, οὐ καλῶς δ' εἴρηκεν·
οὐ γὰρ ἐπὶ πάντων σκεψάμενος καθόλου λέγει τὴν αἰτίαν. Φησὶ γὰρ ἐκπίπτειν
μὲν διὰ τὸ πρὸ ὥρας γίγνεσθαι τοῖς ζῴοις· ἀκμαζόντων γὰρ ὡς εἰπεῖν φύεσθαι
κατά γε φύσιν, τοῦ δὲ πρὸ ὥρας γίγνεσθαι τὸ θηλάζειν αἰτιᾶται. Καίτοι (15)
θηλάζει γε καὶ ὗς, οὐκ ἐκβάλλει δὲ τοὺς ὀδόντας· ἔτι δὲ τὰ καρχαρόδοντα
θηλάζει μὲν πάντα, οὐκ ἐκβάλλει δ' ἔνια αὐτῶν πλὴν τοὺς κυνόδοντας, οἷον
οἱ λέοντες. Τοῦτο μὲν οὖν ἥμαρτε καθόλου λέγων οὐ σκεψάμενος τὸ συμβαῖνον
ἐπὶ πάντων.
§ 3. Δεῖ δὲ τοῦτο ποιεῖν· ἀνάγκη γὰρ τὸν λέγοντα καθόλου (20) τι λέγειν
περὶ πάντων. Ἐπεὶ δὲ τὴν φύσιν ὑποτιθέμεθα, ἐξ ὧν ὁρῶμεν ὑποτιθέμενοι,
οὔτ' ἐλλείπουσαν οὔτε μάταιον οὐθὲν ποιοῦσαν τῶν ἐνδεχομένων περὶ ἕκαστον,
ἀνάγκη δὲ τοῖς μέλλουσι λαμβάνειν τροφὴν μετὰ τὴν (τοῦ γάλακτος)
ἀπογαλάκτισιν ἔχειν ὄργανα πρὸς τὴν ἐργασίαν τῆς τροφῆς -
§ 4. εἰ οὖν (25) συνέβαινεν, ὡς ἐκεῖνος λέγει, πρὸς ἥβην, ἐνέλειπεν ἂν ἡ
φύσις τῶν ἐνδεχομένων αὐτῇ τι ποιεῖν, καὶ τὸ τῆς φύσεως ἔργον ἐγίγνετ' ἂν
παρὰ φύσιν. Τὸ γὰρ βίᾳ παρὰ φύσιν, βίᾳ δέ φησι συμβαίνειν τὴν γένεσιν τῶν
ὀδόντων. Ὅτι μὲν οὖν τοῦτ' οὐκ ἀληθὲς φανερὸν ἐκ τούτων καὶ τοιούτων
ἄλλων.
§ 5. Γίγνονται (30) δὲ πρότερον οὗτοι τῶν πλατέων, πρῶτον μὲν ὅτι καὶ τὸ
ἔργον τὸ τούτων πρότερον (πρότερον γάρ ἐστι τοῦ λεᾶναι τὸ διελεῖν, εἰσὶ δ'
ἐκεῖνοι μὲν ἐπὶ τῷ λεαίνειν οὗτοι δ' ἐπὶ τῷ διαιρεῖν), ἔπειθ' ὅτι τὸ
ἔλαττον, κἂν ἅμα ὁρμηθῇ, θᾶττον γίγνεσθαι πέφυκε τοῦ μείζονος. Εἰσὶ δ'
ἐλάττους οὗτοι τῷ μεγέθει (789a) τῶν γομφίων (καὶ) τῷ τὸ ὀστοῦν τῆς
σιαγόνος ἐκεῖ μὲν πλατὺ εἶναι, πρὸς δὲ τῷ στόματι στενόν. Ἐκ μὲν οὖν τοῦ
μείζονος πλείω ἀναγκαῖον ἐπιρρεῖν τροφήν, ἐκ δὲ τοῦ στενωτέρου ἐλάττω.
§ 6. Τὸ δὲ θηλάζειν αὐτὸ μὲν οὐθὲν συμβάλλεται, ἡ (5) δὲ τοῦ γάλακτος
θερμότης ποιεῖ θᾶττον βλαστάνειν τοὺς ὀδόντας. Σημεῖον δ' ὅτι καὶ αὐτῶν
τῶν θηλαζόντων τὰ θερμοτέρῳ γάλακτι χρώμενα τῶν παιδίων ὀδοντοφυεῖ θᾶττον·
αὐξητικὸν γὰρ τὸ θερμόν. Ἐκπίπτουσι δὲ γενόμενοι τοῦ μὲν βελτίονος χάριν,
ὅτι ταχὺ ἀμβλύνεται τὸ ὀξύ· δεῖ οὖν ἑτέρους (10) διαδέχεσθαι πρὸς τὸ
ἔργον. Τῶν δὲ πλατέων οὐκ ἔστιν ἀμβλύτης ἀλλὰ τῷ χρόνῳ τριβόμενοι
λεαίνονται μόνον.
§ 7. Ἐξ ἀνάγκης δ' ἐκπίπτουσιν ὅτι τῶν μὲν ἐν πλατείᾳ τῇ σιαγόνι καὶ
ἰσχυρῷ ὀστῷ αἱ ῥίζαι εἰσί, τῶν δὲ προσθίων ἐν λεπτῷ, διὸ ἀσθενεῖς καὶ
εὐκίνητοι. Φύονται δὲ πάλιν ὅτι (15) ἐν φυομένῳ ἔτι τῷ ὀστῷ ἡ ἐκβολὴ
γίγνεται καὶ ἔτι ὥρας οὔσης γίγνεσθαι ὀδόντας. Τούτου δὲ σημεῖον ὅτι καὶ
οἱ πλατεῖς φύονται πολὺν χρόνον· οἱ γὰρ τελευταῖοι ἀνατέλλουσι περὶ τὰ
εἴκοσιν ἔτη, ἐνίοις δ' ἤδη καὶ γηράσκουσι γεγένηται οἱ ἔσχατοι παντελῶς
διὰ τὸ πολλὴν εἶναι τροφὴν ἐν τῇ εὐρυχωρίᾳ (20) τοῦ ὀστοῦ.
§ 8. Τὸ δὲ πρόσθιον διὰ τὴν λεπτότητα ταχὺ (790) λαμβάνει τέλος, καὶ οὐ
γίγνεται περίττωμα ἐν αὐτῷ ἀλλ' εἰς τὴν αὔξησιν ἀναλίσκεται ἡ τροφὴ τὴν
οἰκείαν.
§ 9. Δημόκριτος δὲ τὸ οὗ ἕνεκεν ἀφεὶς λέγειν πάντα ἀνάγει εἰς ἀνάγκην οἷς
χρῆται ἡ φύσις - οὖσι μὲν τοιούτοις, οὐ μὴν ἀλλ' ἕνεκά (5) τινος οὖσι καὶ
τοῦ περὶ ἕκαστον βελτίονος χάριν. Ὥστε γί γνεσθαι μὲν οὐθὲν κωλύει οὕτω
καὶ ἐκπίπτειν, ἀλλ' οὐ διὰ ταῦτα ἀλλὰ διὰ τὸ τέλος· ταῦτα δ' ὡς κινοῦντα
καὶ ὡς ὄργανα καὶ ὡς ὕλη αἴτια,
§ 10. ἐπεὶ καὶ τὸ τῷ πνεύματι ἐργάζεσθαι τὰ πολλὰ εἰκὸς ὡς ὀργάνῳ - οἷον
γὰρ ἔνια πολύχρηστά (10) ἐστι τῶν περὶ τὰς τέχνας, ὥσπερ ἐν τῇ χαλκευτικῇ
ἡ σφύρα καὶ ὁ ἄκμων, οὕτω καὶ τὸ πνεῦμα ἐν τοῖς φύσει συνεστῶσιν. Ὅμοιον
δ' ἔοικε τὸ λέγειν τὰ αἴτια ἐξ ἀνάγκης κἂν εἴ τις διὰ τὸ μαχαίριον οἴοιτο
τὸ ὕδωρ ἐξεληλυθέναι μόνον τοῖς ὑδρωπιῶσιν, ἀλλ' οὐ διὰ τὸ ὑγιαίνειν (15)
οὗ ἕνεκα τὸ μαχαίριον ἔτεμεν.
§ 11. Περὶ μὲν οὖν ὀδόντων, διότι οἱ μὲν ἐκπίπτουσι καὶ γίγνονται πάλιν οἱ
δ' οὔ, καὶ ὅλως διὰ τίν' αἰτίαν γίγνονται εἴρηται. Εἴρηται δὲ καὶ περὶ τῶν
ἄλλων τῶν κατὰ τὰ μόρια παθημάτων ὅσα γίγνεσθαι συμβαίνει μὴ ἕνεκά του
ἀλλ' (20) ἐξ ἀνάγκης καὶ διὰ τὴν αἰτίαν τὴν κινητικήν.
| [5,7] CHAPITRE VII.
§ 1. Nous avons antérieurement expliqué, en parlant des dents, qu'elles
ne sont pas faites pour une seule et unique fonction, et nous avons dit
que les animaux ne les ont pas tous pour le même usage ; mais que
chez les uns, elles servent à (5) l'alimentation, que chez d'autres, elles
servent à leur défense, et, chez d'autres encore, au langage que forme la
voix. Que les dents de devant poussent les premières et que les molaires
poussent en dernier lieu ; que les molaires ne tombent pas, tandis que
les autres tombent et repoussent, ce sont là des questions qui nous
semblent appartenir à des études sur la génération.
§ 2. Démocrite (10) a traité aussi de ce sujet ; mais il ne l'a pas très bien
exposé. Sans avoir examiné d'assez près l'ensemble des faits, il indique,
d'une manière toute générale, la cause de la chute des dents. A
l'entendre, les dents des animaux ne tombent que parce qu'elles
poussent trop tôt. D'après lui, c'est seulement quand ils sont adultes que
la pousse des dents serait naturelle ; et c'est parce que les animaux
tètent que les dents leur poussent avant le temps. On peut répondre à
Démocrite (15) que le porc, qui tète, ne perd pas cependant ses dents.
Tous les animaux à dents aiguës tètent et ne perdent pas davantage
leurs dents ; quelques-uns, comme le lion, perdent tout au plus leurs
canines. Ainsi, Démocrite s'est trompé en se prononçant en général,
sans avoir observé suffisamment tous les faits particuliers.
§ 3. Cette observation des faits est néanmoins indispensable ; (20) et,
quand on parle d'une manière générale, il faut nécessairement que la
théorie puisse s'appliquer â tous les cas. Comme nous admettrons, en
nous fondant sur ce que nous pouvons voir, que la Nature n'est jamais
en faute, et que jamais elle ne fait rien en vain, dans tout ce qui est
possible pour chaque espèce d'êtres, il y a une nécessité évidente,
puisque les animaux doivent prendre de la nourriture après avoir sucé le
lait, qu'ils aient des organes pour élaborer leurs aliments.
§ 4. Si donc les dents (25) ne poussaient qu'au moment de la puberté,
comme le veut Démocrite, la Nature aurait négligé quelque chose de ce
qu'elle pouvait faire ; et alors, cette oeuvre prétendue de la Nature serait
absolument contre nature. Tout ce qui est violent est contre nature; et,
selon Démocrite, les dents poussent de force et violemment. Ceci suffit
pour montrer que sa théorie n'est pas exacte ; et l'on pourrait y opposer
encore bien d'autres objections.
§ 5. Les incisives (30) poussent avant les molaires, pour deux raisons :
d'abord, parce que leur fonction est antérieure, puisque diviser précède
broyer, et que, si les molaires servent à broyer, les incisives sont
chargées de diviser les aliments. En second lieu, ce qui est plus petit,
tout en naissant en même temps que quelque chose de plus grand, doit
naturellement pousser plus vite. (789a) Or, les incisives sont plus petites
que les molaires ; et l'os de la mâchoire en leur endroit est large, tandis
qu'il est étroit près de la bouche. Il y a donc nécessité que, d'un organe
plus grand, s'écoule aussi plus de nourriture, et qu'il s'en écoule moins
d'un organe plus petit.
§ 6. Téter n'a ici aucune influence directe ; (5) mais il est vrai que la
chaleur du lait doit faire pousser les dents plus vite; la preuve, c'est que
les enfants qui tètent un lait plus chaud poussent leurs dents plus
rapidement que les autres, parce que la chaleur hâte toujours la
croissance. Quelques-unes des dents doivent tomber uniquement en vue
du mieux, attendu que la pointe s'émousse ; et pour que la fonction
puisse continuer à s'accomplir, il faut que d'autres dents (10) les
remplacent. Les molaires, qui sont plates, ne peuvent pas s'émousser;
mais, avec le temps, elles s'usent, et elles deviennent toutes lisses.
§ 7. Les incisives doivent nécessairement tomber, parce que, si les
racines des molaires sont placées à la partie la plus large de la mâchoire
et dans un os très fort, les racines des dents de devant sont dans un os
mince; ce qui explique leur faiblesse et leur mobilité. Les incisives
repoussent, parce que (15) l'os pousse encore quand elles tombent, et
qu'il est encore temps que les dents puissent repousser. Ce qui le
prouve, c'est que les molaires sont aussi très longues à sortir; les
dernières ne paraissent guère qu'à l'âge de vingt ans; et les plus
retardées de toutes ne poussent, parfois, que dans la vieillesse extrême,
parce que la nourriture est longue à s'accumuler dans un os très large.
§ 8. Au contraire, la partie antérieure de l'os, qui est mince, arrive bien
vite (790) à son développement complet ; et il n'y a pas de résidu dans
cet os, parce que la nourriture est employée tout entière à la croissance
qui lui est propre.
§ 9. Démocrite oublie et néglige la cause finale pour rapporter à une
simple nécessité tous les procédés de la Nature. Ces procédés sont
nécessaires sans doute; mais ils n'en ont pas moins (5) un but; et, en
toutes choses, ils cherchent sans cesse à réaliser le meilleur. Rien
n'empêche, nous le voulons bien, que les dents ne poussent et ne
tombent par suite d'une nécessité ; mais ce n'est point par les motifs
indiqués; et c'est toujours en vue d'une fin qui doit être réalisée
effectivement. Les causes alléguées par Démocrite ne sont causes que
comme des moteurs, comme des instruments et comme matière.
§ 10. Ainsi, il y a certainement une foule de cas où la Nature prend pour
instrument de ses oeuvres l'air et le souffle vital; et de même que, dans
les arts, (10) il y a des instruments qui servent à plusieurs fins, par
exemple, dans l'art du forgeron, le marteau et l'enclume, de même aussi
l'air peut servir à bien des usages dans les êtres que forme la Nature.
Rapporter toutes les couses à une pure nécessité, cela reviendrait à peu
près au même que de croire que, dans le traitement de l'hydropisie, le
liquide sort au profit du bistouri, (15) et non au profit de la santé, en vue
de laquelle le bistouri a dû faire une incision.
§ 11. On doit donc voir, par ce qui précède, pourquoi il y a des dents qui
tombent et qui repoussent, pourquoi d'autres dents ne repoussent ni ne
tombent, et, d'une manière générale, pourquoi les dents sont ce qu'elles
sont. Enfin, nous avons également étudié toutes les autres fonctions des
organes qui ne sont pas faits en vue d'une fin, mais qui résultent (20)
d'une simple nécessité et de l'action d'une cause qui les met en mouvement.
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