[5,5] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ε'
§ 1. Τῶν δὲ ζῴων τὰ μέν ἐστι μονόχροα (λέγω δὲ μονόχροα ὧν τὸ γένος ὅλον
ἓν χρῶμα ἔχει οἷον λέοντες πυρροὶ πάντες, καὶ τοῦτο καὶ ἐπ' ὀρνίθων καὶ
ἐπ' ἰχθύων ἐστὶ καὶ τῶν ἄλλων ζῴων ὁμοίως), τὰ δὲ πολύχροα μέν, ὁλόχροα
(20) δέ (λέγω δὲ ὧν τὸ σῶμα ὅλον τὴν αὐτὴν ἔχει χρόαν, οἷον βοῦς ἐστιν
ὅλος λευκὸς ἢ ὅλος μέλας), τὰ δὲ ποικίλα.
§ 2. Τοῦτο δὲ διχῶς, τὰ μὲν τῷ γένει, ὥσπερ πάρδαλις καὶ ταὼς καὶ τῶν
ἰχθύων ἔνιοι οἷον αἱ καλούμεναι θρᾷτται, - τῶν δὲ τὸ μὲν γένος ἅπαν οὐ
ποικίλον, γίγνονται δὲ ποικίλοι (25) οἷον βόες καὶ αἶγες, καὶ ἐν τοῖς
ὄρνισιν οἷον αἱ περιστεραί· καὶ ἄλλα δὲ γένη τὸ αὐτὸ πάσχει τῶν ὀρνίθων.
§ 3. Μεταβάλλει δὲ τὰ ὁλόχροα πολλῷ μᾶλλον τῶν μονοχρόων, καὶ εἰς τὴν
ἀλλήλων χρόαν τὴν ἁπλῆν, οἷον ἐκ λευκῶν μέλανα καὶ ἐκ μελάνων λευκά, καὶ
μεμιγμένα ἐξ ἀμφοτέρων, (30) διὰ τὸ ὅλῳ τῷ γένει ὑπάρχειν ἐν τῇ φύσει τὸ
μὴ μίαν ἔχειν χρόαν· εὐκίνητον γὰρ ὑπάρχει ἐπ' ἀμφότερα τὸ γένος ὥστε καὶ
εἰς ἄλληλα μεταβάλλειν καὶ ποικίλλεσθαι μᾶλλον.
§ 4. Τὰ δὲ μονόχροα τοὐναντίον· οὐ γὰρ μεταβάλλει ἂν μὴ διὰ πάθος, καὶ
τοῦτο σπάνιον· ἤδη γὰρ ὦπται καὶ (35) πέρδιξ λευκὴ καὶ κόραξ καὶ στρουθὸς
καὶ ἄρκτος. Συμβαίνει δὲ ταῦτα ὅταν ἐν τῇ γενέσει διαστραφῇ· εὔφθαρτον γὰρ
(786a) καὶ εὐκίνητον τὸ μικρόν, τὸ δὲ γιγνόμενον τοιοῦτον· ἐν μικρῷ γὰρ ἡ
ἀρχὴ τοῖς γιγνομένοις.
§ 5. Μάλιστα δὲ μεταβάλλουσι καὶ τὰ φύσει ὁλόχροα μὲν ὄντα τῷ γένει δὲ
πολύχροα διὰ τὰ ὕδατα· τὰ μὲν γὰρ θερμὰ λευκὴν ποιεῖ τὴν τρίχα (5) τὰ δὲ
ψυχρὰ μέλαιναν ὥσπερ καὶ ἐπὶ τῶν φυτῶν. Αἴτιον δ' ὅτι τὰ θερμὰ πνεύματος
πλέον ἔχει ἢ ὕδατος, ὁ δ' ἀὴρ διαφαινόμενος λευκότητα ποιεῖ καθάπερ καὶ
τὸν ἀφρόν. Διαφέρει μὲν οὖν,
§ 6. ὥσπερ καὶ τὰ δέρματα τὰ διὰ πάθος λευκὰ τῶν διὰ τὴν φύσιν, οὕτω καὶ
ἐν ταῖς θριξὶν ἥ τε διὰ (10) νόσον καὶ ἡλικίαν, καὶ ἡ διὰ φύσιν λευκότης
τῶν τριχῶν τῷ τὸ αἴτιον ἕτερον εἶναι· τὰς μὲν γὰρ ἡ φυσικὴ θερμότης ποιεῖ
λευκὰς τὰς δ' ἡ ἀλλοτρία. Τὸ δὲ λευκὸν ὁ ἀτμιδώδης ἀὴρ παρέχεται
ἐγκατακλειόμενος ἐν πᾶσιν.
§ 7. Διὸ καὶ ὅσα μὴ μονόχροά ἐστι τὰ ὑπὸ τὴν γαστέρα πάντα λευκότερά (15)
ἐστιν. Καὶ γὰρ θερμότερα καὶ ἡδυκρεώτερα πάντα τὰ λευκὰ ὡς εἰπεῖν ἐστι διὰ
τὴν αὐτὴν αἰτίαν· ἡ μὲν γὰρ πέψις γλυκέα ποιεῖ, τὴν δὲ πέψιν τὸ θερμόν. Ἡ
δ' αὐτὴ αἰτία καὶ τῶν μονοχρόων μὲν μελάνων δ' ἢ λευκῶν· θερμότης γὰρ καὶ
ψυχρότης αἰτία τῆς φύσεως τοῦ δέρματος καὶ (20) τῶν τριχῶν· ἔχει γὰρ
ἕκαστον τῶν μορίων θερμότητα οἰκείαν.
§ 8. Ἔτι δ' αἱ γλῶτται διαφέρουσι τῶν ἁπλῶν τε καὶ ποικίλων καὶ τῶν ἁπλῶν
μὲν διαφερόντων δέ, οἷον λευκῶν καὶ μελάνων. Αἴτιον δὲ τὸ εἰρημένον
πρότερον, ὅτι τὰ δέρματα ποικίλα τῶν ποικίλων, καὶ τῶν λευκοτρίχων καὶ τῶν
(25) μελανοτρίχων τῶν μὲν λευκὰ τῶν δὲ μέλανα. Τὴν δὲ γλῶτταν δεῖ
ὑπολαβεῖν ὥσπερ ἓν μόριον τῶν ἐξωτερικῶν εἶναι, μὴ ὅτι ἐν τῷ στόματι
σκεπάζεται, ἀλλ' οἷον χεῖρα ἢ πόδα· ὥστ' ἐπεὶ τῶν ποικίλων τὸ δέρμα οὐ
μονόχρων, καὶ τοῦ ἐπὶ τῇ γλώττῃ δέρματος τοῦτ' αἴτιον.
§ 9. Μεταβάλλουσι δὲ τὰ (30) χρώματα καὶ τῶν ὀρνίθων τινὲς καὶ τῶν
τετραπόδων τῶν ἀγρίων ἔνια κατὰ τὰς ὥρας. Αἴτιον δ' ὅτι ὥσπερ οἱ ἄνθρωποι
κατὰ τὴν ἡλικίαν μεταβάλλουσι, τοῦτ' ἐκείνοις συμβαίνει κατὰ τὰς ὥρας·
μείζων γὰρ διαφορὰ αὕτη τῆς κατὰ τὴν ἡλικίαν τροπῆς. Εἰσὶ δὲ καὶ τὰ
παμφαγώτερα ποικιλώτερα ὡς ἐπὶ τὸ πλεῖστον εἰπεῖν εὐλόγως, οἷον αἱ
μέλιτται (787) μονόχροα μᾶλλον ἢ αἱ ἀνθρῆναι καὶ σφῆκες· εἰ γὰρ αἱ τροφαὶ
αἴτιαι τῆς μεταβολῆς, εὐλόγως αἱ ποικίλαι τροφαὶ παντοδαπωτέρας ποιοῦσι
τὰς κινήσεις καὶ τὰ περιττώματα τῆς τροφῆς, ἐξ ὧν καὶ τρίχες καὶ πτερὰ καὶ
δέρματα γίγνεται.
§ 10. (5) Καὶ περὶ μὲν χρωμάτων καὶ τριχῶν διωρίσθω τὸν τρόπον τοῦτον.
| [5,5] CHAPITRE V.
§ 1. Certains animaux n'ont qu'une seule couleur; et j'entends par là que
l'espèce entière de ces animaux n'a qu'une couleur, la même pour tous,
par exemple les lions, qui sont tous de couleur fauve ; et cette
observation s'étend également bien à une foule d'espèces d'oiseaux et
de poissons, ainsi qu'à d'autres espèces encore. Il y a aussi des animaux
qui peuvent avoir une seule couleur, mais chez qui cette couleur est (20)
entière. J'entends par là que leur corps tout entier a la même couleur; par
exemple, le boeuf, qui peut être tout blanc ou tout noir.
§ 2. Enfin, il y a des animaux qui ont des couleurs diverses ; et ce peut
être encore de deux manières. D'abord, ce peut être en genre, comme le
léopard, le paon et quelques poissons de l'espèce de ceux qu'on appelle
les thrattes; et en second lieu, le genre entier peut n'être pas de
diverses couleurs, mais les individus ont cette diversité qu'ils acquièrent,
(25) comme les boeufs, les chèvres, et les pigeons parmi les oiseaux,
dont bien d'autres espèces offrent les mêmes variétés.
§ 3. Les animaux à couleurs entières changent beaucoup plus que ceux
qui n'en ont qu'une; et alors ils changent du tout au tout, c'est-à-dire que,
de blancs, ils deviennent noirs, que de noirs ils deviennent blancs, et
qu'ils se mélangent des deux à la fois, (30) parce que leur espèce ne doit
pas naturellement avoir une seule et unique couleur. L'espèce alors peut
aisément aller à l'un et à l'autre sans trop de peine, de telle sorte que les
couleurs passent de l'une à l'autre nuance, et se diversifient de plus en plus.
§ 4. C'est tout le contraire pour les espèces qui n'ont qu'une seule
couleur ; elles ne la changent qu'en cas de maladie ; et encore, est-ce
bien rare. On a déjà pu voir (35) une perdrix, un corbeau, un moineau, un
un ours de couleur blanche. Ces accidents se produisent quand il y a eu
quelque difformité dans la génération. (786a) Tout ce qui est petit est
aisément détruit ou modifié; et le jeune qui vient de naître est dans ce
cas ; car tout ce qui naît a de bien faibles commencements.
§ 5. Les animaux qui changent le plus de couleur sont ceux qui, ayant
naturellement une couleur entière qui se trouve dans toute l'espèce,
deviennent néanmoins de plusieurs couleurs à cause des eaux qu'ils
boivent. L'eau, quand elle est chaude, fait devenir le poil blanc ; (5)
quand elle est froide, elle le rend noir ; et cette remarque s'applique
même aux végétaux. Cela vient de ce que l'eau chaude contient plus
d'air que d'eau, et que l'air, transparent comme il l'est, produit la
blancheur, comme il produit l'écume.
§ 6. Mais de même que la peau qui devient blanche par maladie, diffère
de la peau qui est blanche par nature, de même aussi la blancheur des
cheveux, ou par (10) maladie ou par l'âge, n'est pas la même que la
blancheur naturelle, parce que la cause est également tout autre. Pour
les uns, c'est la chaleur naturelle qui les fait blancs ; pour les autres, c'est
une chaleur étrangère; c'est toujours l'air qui y est renfermé, sous forme
de vapeur, qui les rend blancs.
§ 7. Cette observation explique pourquoi les animaux qui n'ont pas une
couleur unique, sont toujours plus blancs (15) sous le ventre; cela tient à
ce qu'en cet endroit ils sont plus chauds qu'ailleurs. C'est là encore ce
qui fait qu'en général toutes les bêtes blanches sont plus agréables à
manger, parce que la coction donne de la douceur à la chair, et que c'est
la chaleur qui fait la coction. Par l'effet de la même cause, dans les
animaux à une seule couleur, les uns sont noirs, et les autres sont
blancs. Toujours, c'est la chaleur et le froid qui font la nature de la peau
et (20) des poils; car chacune des parties du corps a sa chaleur propre.
§ 8. La langue ne diffère pas moins, des animaux de couleur simple aux
animaux de couleurs variées; et parmi ceux dont la couleur est simple, il
y a encore une différence entre les blancs et les noirs. La cause de ces
variétés est celle que nous avons indiquée déjà plus haut : la peau est
variée chez les animaux à couleurs variables. Ceux dont les poils sont
blancs ont la peau blanche ; (25) ceux dont les poils sont noirs ont la
peau noire. La langue doit être considérée comme une des parties
extérieures du corps, si ce n'est qu'elle est placée dans la bouche ; mais
elle est dans le cas de la main ou du pied ; et comme la peau des
animaux à poils variés n'est pas d'une seule couleur, c'est là aussi ce qui
modifie la peau qui recouvre la langue.
§ 9. Il y a des oiseaux, (30) et même quelques espèces de quadrupèdes
sauvages, qui changent de couleur selon les saisons ; et le même
changement que l'âge produit chez les hommes a lieu selon la saison
chez ces animaux. Seulement, les modifications qu'amènent les années
sont bien plus profondes. Les animaux qui sont omnivores ont en général
des couleurs beaucoup plus variables ; et par exemple, les abeilles (787)
sont d'une seule couleur bien plutôt que les frelons et les guêpes. On le
comprend bien ; car, si c'est la nourriture qui cause le changement, il est
tout simple que des aliments variés fassent aussi beaucoup varier les
mouvements et les sécrétions de la nutrition, d'où viennent les poils, les
plumes et la peau.
§ 10. Voilà ce qu'il y avait à dire sur les couleurs de la peau et des poils.
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