HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, De la génération des animaux, livre II

οὐκ



Texte grec :

[2,7] CHAPITRE VII. 1 Ἐν μὲν οὖν τοῖς φυτοῖς οὐ κεχώρισται τὸ θῆλυ τοῦ ἄρρενος· ἐν δὲ τοῖς ζῴοις ἐν οἷς κεχώρισται (5) προσδεῖται τὸ θῆλυ τοῦ ἄρρενος. Καίτοι τις ἀπορήσειεν ἂν διὰ τίν' αἰτίαν· εἴπερ ἔχει τὸ θῆλυ τὴν αὐτὴν ψυχὴν καὶ ἡ ὕλη τὸ περίττωμα τὸ τοῦ θήλεός ἐστι, τί προσδεῖται τοῦ ἄρρενος ἀλλ' οὐκ αὐτὸ ἐξ αὑτοῦ γεννᾷ τὸ θῆλυ; 2 Αἴτιον δ' ὅτι διαφέρει τὸ ζῷον τοῦ φυτοῦ αἰσθήσει (10)· ἀδύνατον δὲ πρόσωπον ἢ χεῖρα ἢ σάρκα εἶναι ἢ ἄλλο τι μόριον μὴ ἐνούσης αἰσθητικῆς ψυχῆς ἢ ἐνεργείᾳ ἢ δυνάμει καὶ ἤ πῃ ἢ ἁπλῶς· ἔσται γὰρ οἷον νεκρὸς ἢ νεκροῦ μόριον. Εἰ οὖν τὸ ἄρρεν ἐστὶ τὸ τῆς τοιαύτης ποιητικὸν ψυχῆς, ὅπου κεχώρισται τὸ θῆλυ καὶ τὸ ἄρρεν ἀδύνατον τὸ (15) θῆλυ αὐτὸ ἐξ αὑτοῦ γεννᾶν ζῷον· τὸ γὰρ εἰρημένον ἦν τὸ ἄρρεν εἶναι· 3 ἐπεὶ ὅτι γ' ἔχει λόγον ἡ λεχθεῖσα ἀπορία φανερὸν ἐπὶ τῶν ὀρνίθων τῶν τὰ ὑπηνέμια τικτόντων ὅτι δύναται μέχρι γέ τινος τὸ θῆλυ γεννᾶν. Ἔτι δ' ἔχει καὶ τοῦτο ἀπορίαν πῶς τις αὐτῶν τὰ ᾠὰ φήσει ζῆν· οὔτε γὰρ (20) οὕτως ὡς τὰ γόνιμα ᾠὰ ἐνδέχεται (ἐγίγνετο γὰρ ἂν ἐξ αὐτῶν ἐνεργείᾳ ἔμψυχον) οὔθ' οὕτως ὥσπερ ξύλον ἢ λίθος. 4 Ἔστι γὰρ καὶ τούτων τῶν ᾠῶν φθορά τις ὡς μετεχόντων τρόπον τινὰ ζωῆς πρότερον. Δῆλον οὖν ὅτι ἔχει τινὰ δυνάμει ψυχήν. Ποίαν οὖν ταύτην; Ἀνάγκη δὴ τὴν ἐσχάτην. Αὕτη δ' ἐστὶν ἡ (25) θρεπτική· αὕτη γὰρ ὑπάρχει πᾶσιν ὁμοίως ζῴοις τε καὶ φυτοῖς. Διὰ τί οὖν οὐκ ἀποτελεῖ τὰ μόρια καὶ τὸ ζῷον; Ὅτι δεῖ αἰσθητικὴν αὐτὰ ἔχειν ψυχήν· 5 οὐ γάρ ἐστιν ὥσπερ φυτοῦ τὰ μόρια τῶν ζῴων. Διὸ δεῖται τῆς τοῦ ἄρρενος κοινωνίας· κεχώρισται γὰρ ἐν τούτοις τὸ ἄρρεν. Ὅπερ καὶ συμβαίνει· τὰ (30) γὰρ ὑπηνέμια γίγνεται γόνιμα ἐὰν ἔν τινι καιρῷ τὸ ἄρρεν ἐποχεύσῃ. Ἀλλὰ περὶ μὲν τῆς τούτων αἰτίας ὕστερον διορισθήσεται. Εἰ δ' ἐστί τι γένος ὃ θῆλυ μέν ἐστιν, ἄρρεν δὲ μὴ ἔχει κεχωρισμένον, ἐνδέχεται τοῦτο ζῷον ἐξ αὑτοῦ γεννᾶν. 6 Ὅπερ ἀξιοπίστως μὲν οὐ συνῶπται μέχρι γε τοῦ νῦν, ποιεῖ δὲ (35) διστάζειν ἐν τῷ γένει τῷ τῶν ἰχθύων· τῶν γὰρ καλουμένων ἐρυθρίνων ἄρρην μὲν οὐθεὶς ὦπταί πω, θήλειαι δὲ καὶ κυημάτων πλήρεις. Ἀλλὰ τούτων μὲν οὔπω πεῖραν ἔχομεν ἀξιόπιστον· οὔτε δὲ θήλεα οὔτε ἄρρενα καὶ ἐν τῷ τῶν ἰχθύων γένει (742a) ἐστίν, οἷον αἵ τ' ἐγχέλεις καὶ γένος τι κεστρέων περὶ τοὺς τελματιαίους ποταμούς. 7 Ἐν ὅσοις δὲ κεχώρισται τὸ θῆλυ καὶ τὸ ἄρρεν ἀδύνατον αὐτὸ καθ' αὑτὸ τὸ θῆλυ γεννᾶν εἰς τέλος· τὸ γὰρ ἄρρεν μάτην ἂν ἦν, ἡ δὲ φύσις οὐδὲν ποιεῖ (5) μάτην. Διόπερ ἐν τοῖς τοιούτοις ἀεὶ τὸ ἄρρεν ἐπιτελεῖ τὴν γένεσιν. Ἐμποιεῖ γὰρ τοῦτο τὴν αἰσθητικὴν ψυχὴν ἢ δι' αὑτοῦ ἢ διὰ τῆς γονῆς. Ἐνυπαρχόντων δ' ἐν τῇ ὕλῃ δυνάμει τῶν μορίων, ὅταν ἀρχὴ γένηται κινήσεως ὥσπερ ἐν τοῖς αὐτομάτοις θαύμασι συνείρεται τὸ ἐφεξῆς· 8 καὶ ὃ βούλονται (10) λέγειν τινὲς τῶν φυσικῶν, τὸ « φέρεσθαι εἰς τὸ ὅμοιον » - λεκτέον οὐχ ὡς τόπον μεταβάλλοντα τὰ μόρια κινεῖσθαι ἀλλὰ μένοντα καὶ ἀλλοιούμενα μαλακότητι καὶ σκληρότητι καὶ χρώμασι καὶ ταῖς ἄλλαις ταῖς τῶν ὁμοιομερῶν διαφοραῖς, γιγνόμενα ἐνεργείᾳ ἃ ὑπῆρχεν ὄντα δυνάμει πρότερον. (15) Γίγνεται δὲ πρῶτον ἡ ἀρχή. Αὕτη δ' ἐστὶν ἡ καρδία τοῖς ἐναίμοις, τοῖς δ' ἄλλοις τὸ ἀνάλογον, ὥσπερ εἴρηται πολλάκις. 9 Καὶ τοῦτο φανερὸν οὐ μόνον κατὰ τὴν αἴσθησιν ὅτι γίγνεται πρῶτον ἀλλὰ καὶ περὶ τὴν τελευτήν· ἀπολείπει γὰρ τὸ ζῆν ἐντεῦθεν τελευταῖον, - συμβαίνει δ' ἐπὶ πάντων (20) τὸ τελευταῖον γενόμενον πρῶτον ἀπολείπειν τὸ δὲ πρῶτον τελευταῖον, ὥσπερ τῆς φύσεως διαυλοδρομούσης καὶ ἀνελιττομένης ἐπὶ τὴν ἀρχὴν ὅθεν ἦλθεν. Ἔστι γὰρ ἡ μὲν γένεσις ἐκ τοῦ μὴ ὄντος εἰς τὸ ὄν, ἡ δὲ φθορὰ ἐκ τοῦ ὄντος πάλιν εἰς τὸ μὴ ὄν.

Traduction française :

[2,7] CHAPITRE VII. 1 Dans les végétaux, la femelle n'est pas séparée du mâle ; mais dans les animaux où (5) les deux sexes sont isolés, le mâle a besoin de la femelle, sans qui il ne peut rien. Ici l'on peut se poser une question : Si la femelle a la même âme que le mâle, et si la matière du fœtus est bien l'excrétion de la femelle, comment se fait-il que la femelle ait encore besoin du mâle? Et pourquoi la femelle n'est-elle pas en état d'engendrer a elle seule, en tirant tout d'elle-même? 2 La cause en est que c'est par la faculté de la sensibilité que l'animal diffère de la plante et s'en distingue. (10) Or, il est impossible que le visage, la main, la chair ou toute autre partie du corps existent sans que l'âme sensible ne soit dans toutes ces parties, ou en acte ou en puissance, sans qu'elle y soit ou jusqu'à une certaine mesure, ou d'une manière absolue. Autrement, le corps ne serait qu'un cadavre ou une partie de cadavre. Si donc le mâle est le créateur de l'âme sensitive, dans les espèces où la femelle et le mâle sont séparés, il est bien impossible que (15) la femelle à elle seule produise un être animé; car nous avons vu que c'était là la fonction propre du mâle. 3 Cependant, la question qu'on se pose ici n'est pas sans quelque raison, et on peut l'appuyer sur le fait de la production des œufs clairs que pondent les oiseaux; ce fait prouve que jusqu'à un certain point la femelle peut engendrer à elle seule. Il est vrai qu'on doit se demander aussi comment on peut aller jusqu'à dire que ces œufs-là sont vivants. Ainsi, (20) l'on ne peut pas croire que ces sortes d'œufs soient tout ce que sont les œufs féconds, puisqu'alors il en sortirait également en fait un être animé ; mais ces œufs ne sont pas davantage des choses inertes comme le bois ou la pierre. 4 Il faut donc supposer qu'il y a pour ces œufs une espèce d'altération qui les détruit, et qu'en quelque manière ils avaient antérieurement la vie en partage. Ils ont donc évidemment une âme quelconque en puissance. Mais quelle est cette espèce d'âme ? Certainement, ce ne peut être que le plus bas degré de l'âme, en d'autres termes, l'âme (25) nutritive, qui se trouve indifféremment dans tous les animaux et dans toutes les plantes. Pourquoi ne suffit-elle pas à faire tous les organes et l'animal complet? C'est que l'animal et les organes doivent avoir l'âme sensitive. 5 Les parties des animaux ne sont pas comme celles de la plante; et voilà pourquoi elles ont besoin de la coopération du mâle, qui est séparé dans les animaux de cette espèce. C'est précisément ce qui arrive pour les œufs clairs; ils (30) peuvent devenir féconds, si, à un certain moment, le mâle couvre la femelle. Du reste, nous essaierons ultérieurement d'expliquer la cause de ces phénomènes. S'il existe une espèce d'animaux qui soit femelle, sans qu'il y ait de mâle séparé, des animaux de ce genre peuvent sans copulation produire d'eux seuls un être animé. 6 Jusqu'à présent du moins, on n'a pu en avoir la certitude par des observations dignes de foi; mais on peut hésiter en ce qui concerne les poissons. Parmi ceux qu'on appelle des rougets, on n'a pas pu encore reconnaître de mâle; ils sont tous des femelles pleines de frai. Mais, les observations sur ces poissons ne sont pas encore tout à fait concluantes; on n'y connaît pas plus de femelles et de mâles que dans le genre de poissons (742a) qui composent les anguilles, et une espèce de muges qui vivent dans les rivières marécageuses. 7 Dans les espèces où la femelle et le mâle sont séparés, il est impossible que la femelle à elle seule puisse produire un jeune complètement formé; car alors le mâle serait inutile, tandis que jamais la Nature ne fait rien (5) en vain. Aussi, dans ces espèces, est-ce toujours le mâle qui achève et complète la génération. Il y apporte l'âme sensitive, soit directement par lui-même, soit par l'intermédiaire de la semence. Les organes de l'embryon sont en puissance dans la matière, lorsqu'y survient le principe du mouvement, ainsi que, dans les automates bien faits, les mouvements se produisent à la suite les uns des autres. 8 Quand quelques naturalistes (10) prétendent que le semblable se porte vers le semblable, il faut entendre cette théorie en ce sens, non pas que les parties se meuvent en changeant de place, mais que, restant en place et modifiées par la mollesse, par la dureté, par les couleurs, ou telles autres différences analogues des parties similaires, les organes deviennent en fait ce qu'ils n'étaient antérieurement qu'en puissance. (15) Tout d'abord, c'est le principe de tout le reste qui se constitue ; et ce principe, ainsi que nous l'avons souvent répété, c'est le cœur dans les animaux qui ont du sang ; et c'est, dans les autres, l'organe correspondant. 9 C'est ce qu'on peut voir par l'observation sensible, non seulement au début de l'existence, mais en outre au moment de la mort. Le cœur est le dernier organe qui garde la vie, et qui cesse le dernier de vivre. Or, toujours ce qui naît en dernier lieu (20) est le premier à disparaître ; et le premier en date est ce qui disparaît le dernier, comme si la Nature faisait une course double et revenait à son point de départ. La génération en effet va de ce qui n'est pas à ce qui est; et la destruction va en sens contraire, de ce qui est à ce qui n'est pas.





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Dernière mise à jour : 26/11/2009