HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Traité du ciel, Livre III

κύλισιν



Texte grec :

[3,5] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ε'. § 1. Ἐπεὶ δ´ ἀνάγκη πεπεράνθαι τὰ στοιχεῖα, λοιπὸν σκέψασθαι πότερον πλείω ἔσται ἢ ἕν. Ἔνιοι γὰρ ἓν μόνον ὑποτίθενται, καὶ τοῦτο οἱ μὲν ὕδωρ, οἱ δ´ ἀέρα, οἱ δὲ πῦρ, οἱ δ´ ὕδατος μὲν λεπτότερον, ἀέρος δὲ πυκνότερον, ὃ περιέχειν φασὶ πάντας τοὺς οὐρανοὺς ἄπειρον ὄν. Ὅσοι μὲν οὖν τὸ ἓν τοῦτο ποιοῦσιν ὕδωρ ἢ ἀέρα ἢ ὕδατος μὲν λεπτότερον, ἀέρος δὲ πυκνότερον, εἶτ´ ἐκ τούτου μανότητι καὶ πυκνότητι τἆλλα γεννῶσιν, οὗτοι λανθάνουσιν αὐτοὶ αὑτοὺς ἄλλο τι πρότερον τοῦ στοιχείου ποιοῦντες· ἔστι γὰρ ἡ μὲν ἐκ τῶν στοιχείων γένεσις σύνθεσις, ὥς φασιν, ἡ δ´ εἰς τὰ στοιχεῖα διάλυσις, ὥστ´ ἀνάγκη πρότερον εἶναι τῇ φύσει τὸ λεπτομερέστερον. Ἐπεὶ οὖν φασὶ πάντων τῶν σωμάτων τὸ πῦρ λεπτότατον εἶναι, πρῶτον ἂν εἴη τῇ φύσει τὸ πῦρ· διαφέρει δ´ οὐθέν, ἀνάγκη γὰρ ἕν τι τῶν ἄλλων εἶναι πρῶτον, καὶ μὴ τὸ μέσον. § 2. Ἔτι δὲ τὸ μὲν πυκνότητι καὶ μανότητι τἆλλα γεννᾶν οὐθὲν διαφέρει ἢ λεπτότητι καὶ παχύτητι· τὸ μὲν γὰρ λεπτὸν μανόν, τὸ δὲ παχὺ βούλονται εἶναι πυκνόν. Πάλιν δὲ τὸ λεπτότητι καὶ παχύτητι ταὐτὸν καὶ τὸ μεγέθει καὶ μικρότητι· λεπτὸν μὲν γὰρ τὸ μικρομερές, παχὺ δὲ τὸ μεγαλομερές· τὸ γὰρ ἐπεκτεινόμενον ἐπὶ πολὺ λεπτόν, τοιοῦτον δὲ τὸ ἐκ μικρῶν μερῶν συνεστός, ὥστ´ αὐτοῖς συμβαίνει μεγέθει καὶ μικρότητι διαιρεῖν τὴν τῶν ἄλλων οὐσίαν. Οὕτω δὲ διοριζομένοις ἅπαντα συμβήσεται λέγειν πρός τι, καὶ οὐκ ἔσται ἁπλῶς τὸ μὲν πῦρ τὸ δ´ ὕδωρ τὸ δ´ ἀήρ, ἀλλὰ τὸ αὐτὸ πρὸς μὲν τόδε (304b) πῦρ, πρὸς δέ τι ἄλλο ἀήρ, ὅπερ συμβαίνει καὶ τοῖς πλείω μὲν τὰ στοιχεῖα λέγουσι, μεγέθει δὲ καὶ μικρότητι διαφέρειν φάσκουσιν· ἐπεὶ γὰρ τῷ ποσῷ διώρισται ἕκαστον, ἔσται τις λόγος πρὸς ἄλληλα τῶν μεγεθῶν, ὥστε τὰ τοῦτον ἔχοντα τὸν λόγον πρὸς ἄλληλα ἀνάγκη τὸ μὲν ἀέρα εἶναι τὸ δὲ πῦρ τὸ δὲ γῆν τὸ δ´ ὕδωρ, διὰ τὸ ἐνυπάρχειν ἐν τοῖς μείζοσι τοὺς τῶν ἐλαττόνων λόγους. § 3. Ὅσοι δὲ πῦρ ὑποτίθενται τὸ στοιχεῖον, τοῦτο μὲν διαφεύγουσιν, ἄλλα δ´ αὐτοῖς ἀναγκαῖον ἄλογα συμβαίνειν. Οἱ μὲν γὰρ αὐτῶν σχῆμα περιάπτουσι τῷ πυρί, καθάπερ οἱ τὴν πυραμίδα ποιοῦντες, καὶ τούτων οἱ μὲν ἁπλουστέρως λέγοντες ὅτι τῶν μὲν σχημάτων τμητικώτατον ἡ πυραμίς, τῶν δὲ σωμάτων τὸ πῦρ, § 4. οἱ δὲ κομψοτέρως τῷ λόγῳ προσάγοντες ὅτι τὰ μὲν σώματα πάντα σύγκειται ἐκ τοῦ λεπτομερεστάτου, τὰ δὲ σχήματα τὰ στερεὰ ἐκ πυραμίδων, ὥστ´ ἐπεὶ τῶν μὲν σωμάτων τὸ πῦρ λεπτότατον, τῶν δὲ σχημάτων ἡ πυραμὶς μικρομερέστατον καὶ πρῶτον, τὸ δὲ πρῶτον σχῆμα τοῦ πρώτου σώματος, πυραμὶς ἂν εἴη τὸ πῦρ. § 5. Οἱ δὲ περὶ μὲν σχήματος οὐδὲν ἀποφαίνονται, λεπτομερέστατον δὲ μόνον ποιοῦσιν, ἔπειτ´ ἐκ τούτου συντιθεμένου φασὶ γίγνεσθαι τἆλλα καθάπερ ἂν εἰ συμφυσωμένου ψήγματος. Ἀμφοτέροις δὲ ταὐτὰ συμβαίνει δυσχερῆ· εἰ μὲν γὰρ ἄτομον τὸ πρῶτον σῶμα ποιοῦσι, πάλιν ἥξουσιν οἱ πρότερον εἰρημένοι λόγοι πρὸς ταύτην τὴν ὑπόθεσιν. § 6. Ἔτι οὐκ ἐνδέχεται τοῦτο λέγειν φυσικῶς βουλομένοις θεωρεῖν. Εἰ γὰρ ἅπαν σῶμα σώματι συμβλητὸν κατὰ τὸ ποσόν, ἔχει δ´ ἀνάλογον τὰ μεγέθη τά τε τῶν ὁμοιομερῶν πρὸς ἄλληλα καὶ τὰ τῶν στοιχείων (οἷον τὰ τοῦ παντὸς ὕδατος πρὸς τὸν ἅπαντα ἀέρα καὶ τοῦ στοιχείου πρὸς τὸ στοιχεῖον, ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων), ὁ δ´ ἀὴρ πλείων τοῦ ὕδατος καὶ ὅλως τὸ λεπτομερέστερον τοῦ παχυμερεστέρου, φανερὸν ὅτι καὶ τὸ στοιχεῖον ἔλαττον ἔσται τὸ τοῦ ὕδατος ἢ τὸ τοῦ ἀέρος. Εἰ οὖν τὸ ἔλαττον μέγεθος ἐνυπάρχει τῷ μείζονι, διαιρετὸν ἂν εἴη τὸ τοῦ ἀέρος στοιχεῖον. (305a) Ὡσαύτως δὲ καὶ τὸ τοῦ πυρὸς καὶ ὅλως τῶν λεπτομερεστέρων. § 7. Εἰ δὲ διαιρετόν, τοῖς μὲν σχηματίζουσι τὸ πῦρ συμβήσεται μὴ εἶναι τὸ τοῦ πυρὸς μέρος πῦρ διὰ τὸ μὴ συγκεῖσθαι τὴν πυραμίδα ἐκ πυραμίδων, ἔτι δὲ μὴ πᾶν σῶμα εἶναι ἢ στοιχεῖον ἢ ἐκ στοιχείων (τὸ γὰρ μέρος τοῦ πυρὸς οὔτε πῦρ οὔθ´ ἕτερον στοιχεῖον οὐδέν)· § 8. τοῖς δὲ τῷ μεγέθει διορίζουσι πρότερόν τι τοῦ στοιχείου στοιχεῖον εἶναι, καὶ τοῦτ´ εἰς ἄπειρον βαδίζειν, εἴπερ ἅπαν σῶμα διαιρετὸν καὶ τὸ μικρομερέστατον στοιχεῖον. § 9. Ἔτι δὲ καὶ τούτοις συμβαίνει λέγειν ὡς ταὐτὸν πρὸς μὲν τόδε πῦρ ἐστι, πρὸς ἄλλο δ´ ἀήρ, καὶ πάλιν ὕδωρ καὶ γῆ. § 10. Κοινὸν δὲ πᾶσιν ἁμάρτημα τοῖς ἓν τὸ στοιχεῖον ὑποτιθεμένοις τὸ μίαν μόνην κίνησιν ποιεῖν φυσικήν, καὶ πάντων τὴν αὐτήν. Ὁρῶμεν γὰρ πᾶν τὸ φυσικὸν σῶμα κινήσεως ἔχον ἀρχήν. Εἰ οὖν ἅπαντα τὰ σώματα ἕν τί ἐστι, πάντων ἂν εἴη μία κίνησις· καὶ ταύτην ἀναγκαῖον ὥσῳπερ ἂν πλείω γίγνηται, κινεῖσθαι μᾶλλον, ὥσπερ καὶ τὸ πῦρ ὅσῳ ἂν πλεῖον γίγνηται, φέρεται θᾶττον ἄνω τὴν αὑτοῦ φοράν. Συμβαίνει δὲ πολλὰ κάτω φέρεσθαι θᾶττον. § 11. Ὥστε διά τε ταῦτα καὶ πρὸς τούτοις ἐπεὶ διώρισται πρότερον ὅτι πλείους αἱ φυσικαὶ κινήσεις, δῆλον ὅτι ἀδύνατον ἓν εἶναι τὸ στοιχεῖον. Ἐπειδὴ δὲ οὔτε ἄπειρα οὔτε ἕν, ἀνάγκη πλείω εἶναι καὶ πεπερασμένα.

Traduction française :

[3,5] CHAPITRE V. § 1. Le nombre des éléments étant nécessairement limité, reste à savoir s'ils sont plusieurs, ou s'il n'y en a qu'un seul. En effet, quelques philosophes ont admis qu'il n'y a qu'un seul et unique élément, ceux-ci prenant l'eau pour cet élément unique, d'autres l'air, d'autres prenant le feu ; d'autres enfin supposant un élément plus léger que l'eau, et plus lourd que l'air, qui, dans son immensité et son infinitude, embrasserait tous les cieux. Mais en admettant que ce seul élément est l'eau ou l'air, ou cette autre substance plus légère que l'eau et plus lourde que l'air, et en composant tout le reste de l'univers par la raréfaction ou la condensation de cette substance unique, ces philosophes ne s'aperçoivent pas qu'ils supposent même quelque chose d'antérieur à leur élément prétendu ; car la production qui vient des éléments est, comme ils le disent, une combinaison de ces éléments, et la production qui retourne à ces éléments est une dissolution. Il faut donc, par conséquent, que le plus léger soit par sa nature antérieur à tout le reste ; et comme ils prétendent que c'est le feu qui est le plus léger des corps, il s'ensuit que naturellement le feu devrait être le premier de tous. Peu importe, du reste, que ce soit le feu ou tout autre élément ; car il faut toujours qu'un quelconque des autres éléments soit le premier, et ce ne peut pas être celui qui est intermédiaire. § 2. Mais expliquer et engendrer tout le reste des choses par la condensation et la raréfaction d'un seul élément, cela revient à le faire par la légèreté ou la pesanteur ; car ce qui est léger est rare ; ce qui est pesant est dense, tout le monde l'accorde. Or, expliquer les phénomènes par la légèreté et la pesanteur, c'est encore la même chose que les expliquer par la grandeur et par la petitesse ; car, ce qui a de petites parties est léger, de même que ce qui en a de grandes est pesant. En effet, ce qui est étendu sur une vaste surface est mince et léger ; et c'est précisément ainsi qu'est ce qui se compose de petites parties. Donc ces philosophes ne distinguent et ne divisent la substance qui forme les autres choses, que par la grandeur et la petitesse; et avec ces définitions, ils en arrivent à réduire toutes choses à n'être que des relations. Dès lors, rien ne sera absolument, ceci du feu, cela de l'eau, cela de l'air ; mais la même chose sera relativement à celle-ci, (304b) du feu, et relativement à celle-là, de l'air. C'est là, du reste, la conséquence où l'on aboutit, même en admettant que les éléments sont plus d'un, mais en admettant toujours qu'ils ne diffèrent qu'en grandeur et en petitesse ; car, du moment que les corps ne sont déterminés que par la quantité qu'ils présentent, il n'y a plus qu'un rapport proportionnel des grandeurs les unes aux autres. Par conséquent, les corps qui ont précisément entr'eux ce rapport spécial, doivent nécessairement être l'un de l'air, l'autre du feu, tel autre de la terre, tel autre de l'eau, parce que les rapports des plus petits se trouvent être aussi dans les plus grands. § 3. Il est vrai que les philosophes qui prennent le feu pour élément unique, évitent cette erreur ; mais ils en commettent d'autres qui ne sont pas moins graves. Les uns, d'abord, confèrent au feu une forme qui lui serait propre ; et, par exemple, ce sont ceux qui prétendent que cette forme est une pyramide. Parmi eux, d'autres, faisant une supposition plus naïve encore, prétendent que la pyramide est la plus incisive des figures, de même que le feu est le plus incisif parmi les éléments. § 4. D'autres ajoutent des détails plus élégants à cette théorie, et ils soutiennent que tous les corps se forment de l'élément le plus ténu et le plus léger. Selon eux, les formes des solides se composent de pyramides. Par conséquent, le feu étant le plus ténu des corps, et la pyramide étant la figure la moins complexe et la figure primitive, et de plus, la première figure appartenant au corps premier, ils en concluent que le feu doit être une pyramide. § 5. D'autres, sans dire un mot de la forme, se bornent à faire du premier élément le plus ténu des corps ; et ils prétendent que c'est par la condensation de cet élément que tout le reste s'est formé, comme on forme un morceau d'or par des feuilles d'or accumulées et soudées. Mais de part et d'autre, il y a les mêmes difficultés ; car, si l'on admet que le corps premier soit indivisible, on pourra reproduire de nouveau les raisonnements qu'on opposait, plus haut, à cette hypothèse. § 6. De plus, on ne peut la soutenir, pour peu que l'on veuille réellement étudier et considérer la nature. En effet, tout corps est comparable à un autre, sous le rapport de la quantité ; les grandeurs sont proportionnelles entr'elles; et par exemple, celles des parties similaires ou homoeoméries sont proportionnelles les unes relativement aux autres, comme le sont celles des éléments. Ainsi la masse entière de l'eau a un certain rapport avec la masse entière de l'air, et tel élément avec tel autre élément. Il en de même pour le reste. Or, l'air est plus étendu que l'eau ; et en général ce qui est plus ténu est plus étendu que ce qui est plus lourd. Donc, il est évident que l'élément de l'eau sera aussi plus petit que celui de l'air. Si donc la plus petite dimension se retrouve dans le plus grand, il s'ensuit que l'élément de l'air sera divisible ; (305a) et de même, pour celui du feu, et, d'une manière générale, pour les corps plus ténus. § 7. Mais s'il est divisible, ceux qui donnent une forme au feu arriveront à cette conséquence que la partie du feu n'est plus du feu, parce que la pyramide ne se compose pas de pyramides ; et de plus, que tout corps n'est plus un élément ou un composé d'éléments, puisque la particule de feu n'est plus du feu, ni aucune autre espèce d'élément. § 8. Pour ceux, au contraire, qui ne déterminent les corps que par la grandeur, on peut leur répondre qu'il faut toujours, dans leur système, qu'il y ait un élément antérieur à leur élément ; et ils doivent aller ainsi à l'infini, si tout corps est divisible, et que la plus petite partie possible soit en effet l'élément réel. § 9. Ils sont amenés à soutenir, en outre, qu'une seule et même chose est feu, relativement à telle autre chose, air par rapport à une autre, et même de l'eau et de la terre. § 10. Une erreur commune de tous ceux qui n'admettent et ne supposent qu'un élément unique, c'est de n'attribuer aussi aux corps qu'un seul et unique mouvement naturel, et de croire que ce mouvement est le même pour tous les corps sans exception ; car nous voyons que tout corps naturel possède en lui le principe du mouvement. Si donc tous les corps sont une seule et même chose, comme on le dit, il n'y a dès lors qu'un seul et unique mouvement pour tous ; et plus le corps est considérable, plus aussi il se meut avec rapidité, comme le feu qui, suivant sa direction naturelle, se porte d'autant plus vivement en haut qu'il est plus considérable. Mais quand les choses sont en grande quantité, elles sont aussi portées plus vite en bas. § 11. Puis donc qu'il a été démontré antérieurement qu'il y a plusieurs mouvements naturels, évidemment il est impossible qu'il y ait un seul et unique élément ; et du moment que les éléments ne sont pas en nombre infini, et qu'il n'y en a pas uniquement un seul, il faut nécessairement qu'ils soient plusieurs et qu'ils soient en nombre fini.





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Dernière mise à jour : 19/11/2009