Texte grec :
[3,3] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Γ'.
§ 1. Ὅτι δ´ οὔτε πάντων ἐστὶ γένεσις οὔθ´ ἁπλῶς οὐθενός, δῆλον ἐκ τῶν προειρημένων· ἀδύνατον γὰρ παντὸς σώματος εἶναι γένεσιν, (302b) εἰ μὴ καὶ κενὸν εἶναί τι δυνατὸν κεχωρισμένον· ἐν ᾧ γὰρ ἔσται τόπῳ τὸ νῦν γιγνόμενον εἰ ἐγίγνετο, ἐν τούτῳ πρότερον τὸ κενὸν ἀναγκαῖον εἶναι σώματος μηθενὸς ὄντος. Ἄλλο μὲν γὰρ ἐξ ἄλλου σῶμα γίγνεσθαι δυνατόν, οἷον ἐξ ἀέρος πῦρ, ὅλως δ´ ἐκ μηδενὸς ἄλλου προϋπάρχοντος μεγέθους ἀδύνατον· μάλιστα γὰρ ἂν ἐκ δυνάμει τινὸς ὄντος σώματος ἐνεργείᾳ γένοιτ´ ἂν σῶμα. Ἀλλ´ εἰ τὸ δυνάμει ὂν σῶμα μηθέν ἐστιν ἄλλο σῶμα ἐνεργείᾳ πρότερον, κενὸν ἔσται κεχωρισμένον. Λοιπὸν δ´ εἰπεῖν τίνων τέ ἐστι γένεσις (σωμάτων), καὶ διὰ τί ἐστιν.
§ 2. Ἐπεὶ οὖν ἐν ἅπασιν ἡ γνῶσις διὰ τῶν πρώτων, πρῶτα δὲ τῶν ἐνυπαρχόντων τὰ στοιχεῖα, σκεπτέον ποῖα τῶν τοιούτων σωμάτων ἐστὶ στοιχεῖα, καὶ διὰ τί ἐστιν, ἔπειτα μετὰ ταῦτα πόσα καὶ ποῖ´ ἄττα. Τοῦτο δ´ ἔσται φανερὸν ὑποθεμένοις τίς ἐστιν ἡ τοῦ στοιχείου φύσις. Ἔστω δὴ στοιχεῖον τῶν σωμάτων, εἰς ὃ τἆλλα σώματα διαιρεῖται, ἐνυπάρχον δυνάμει ἢ ἐνεργείᾳ (τοῦτο γὰρ ποτέρως, ἔτι ἀμφισβητήσιμον), αὐτὸ δ´ ἐστὶν ἀδιαίρετον εἰς ἕτερα τῷ εἴδει· τοιοῦτον γάρ τι τὸ στοιχεῖον ἅπαντες καὶ ἐν ἅπασι βούλονται λέγειν.
§ 3. Εἰ δὴ τὸ εἰρημένον ἐστὶ στοιχεῖον, ἀνάγκη εἶναι ἄττα τοιαῦτα τῶν σωμάτων. Ἐν μὲν γὰρ σαρκὶ καὶ ξύλῳ καὶ ἑκάστῳ τῶν τοιούτων ἔνεστι δυνάμει πῦρ καὶ γῆ· φανερὰ γὰρ ταῦτα ἐξ ἐκείνων ἐκκρινόμενα. Ἐν δὲ πυρὶ σὰρξ ἢ ξύλον οὐκ ἐνυπάρχουσιν, οὔτε κατὰ δύναμιν οὔτε κατ´ ἐνέργειαν· ἐξεκρίνετο γὰρ ἄν. Ὁμοίως δ´ οὐδ´ εἰ ἕν τι μόνον εἴη τοιοῦτον, οὐδ´ ἐν ἐκείνῳ· οὐ γὰρ εἰ ἔσται σὰρξ ἢ ὀστοῦν ἢ τῶν ἄλλων ὁτιοῦν, οὔπω φατέον ἐνυπάρχειν δυνάμει, ἀλλὰ προσθεωρητέον τίς ὁ τρόπος τῆς γενέσεως.
§ 4. Ἀναξαγόρας δ´ ἐναντίως Ἐμπεδοκλεῖ λέγει περὶ τῶν στοιχείων. Ὁ μὲν γὰρ πῦρ καὶ γῆν καὶ τὰ σύστοιχα τούτοις στοιχεῖά φησιν εἶναι τῶν σωμάτων καὶ συγκεῖσθαι πάντ´ ἐκ τούτων, Ἀναξαγόρας δὲ τοὐναντίον· τὰ γὰρ ὁμοιομερῆ στοιχεῖα (λέγω δ´ οἷον σάρκα καὶ ὀστοῦν καὶ τῶν τοιούτων (303a) ἕκαστον), ἀέρα δὲ καὶ πῦρ μίγματα τούτων καὶ τῶν ἄλλων σπερμάτων πάντων· εἶναι γὰρ ἑκάτερον αὐτῶν ἐξ ἀοράτων τῶν ὁμοιομερῶν πάντων ἠθροισμένον. Διὸ καὶ γίγνεσθαι πάντ´ ἐκ τούτων· τὸ γὰρ πῦρ καὶ τὸν αἰθέρα προσαγορεύει ταὐτό.
§ 5. Ἐπεὶ δ´ ἐστὶ παντὸς φυσικοῦ σώματος κίνησις οἰκεία, τῶν δὲ κινήσεων αἱ μὲν ἁπλαῖ αἱ δὲ μικταί, καὶ αἱ μὲν μικταὶ τῶν μικτῶν, αἱ δὲ ἁπλαῖ τῶν ἁπλῶν εἰσι, φανερὸν ὅτι ἔσται ἄττα σώματα ἁπλᾶ. Εἰσὶ γὰρ καὶ κινήσεις ἁπλαῖ.
§ 6. Ὥστε δῆλον καὶ ὅτι ἐστὶ στοιχεῖα καὶ διὰ τί ἐστιν.
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Traduction française :
[3,3] CHAPITRE III.
§ 1. Il est évident, en outre, d'après ce qui précède, qu'il est également faux de dire qu'il y a production de toutes choses, sans exception, et qu'il n'y a production de rien absolument. Il est impossible qu'il y ait génération de tout corps quelconque, sans exception, (302b) à moins qu'il ne puisse y avoir aussi une espèce de vide, séparé de ce corps ; car là où devra être le corps qui se produit, s'il se produit, il faut bien qu'il y ait eu, auparavant, du vide, quand il n'y avait pas de corps pour l'occuper. Or, il est bien possible qu'un corps naisse d'un autre corps, comme le feu naît de l'air ; mais il est impossible qu'il puisse naître, s'il n' y a point absolument aucune autre grandeur préalable ; car c'est surtout de quelque chose qui est corps en puissance, que vient le corps effectif et réel. Mais, si ce corps étant en puissance, il n'y a pas antérieurement à ce corps quelque corps effectif et réel, il faut alors qu'il y ait du vide séparé et distinct. Ainsi, il nous reste à expliquer quels sont les corps pour lesquels il y a vraiment production, et comment la production se fait.
§ 2. Puis donc qu'en toutes choses, la connaissance ne s'obtient qu'en remontant aux premiers principes, et que les éléments sont les principes premiers de toutes les propriétés qui existent dans les corps, il faut étudier d'abord ce que sont les éléments de ces corps, et quel rôle ils remplissent. On étudiera ensuite combien ils sont, et de quelle espèce. Cette question s'éclaircira encore, si l'on établit avec précision quelle est la nature véritable de l'élément. Appelons donc élément des corps, ce en quoi se résolvent tous les corps qui ne sont pas éléments. Que l'élément, d'ailleurs, soit dans les corps en simple puissance ou en pleine réalité, peu importe ici ; car ce dernier point reste encore controversable et douteux. Mais quoi qu'il en soit, cet élément même ne peut plus se diviser en parties qui seraient d'une autre espèce. C'est là ce que tout le monde, et en toute chose, s'accorde à entendre par élément.
§ 3. Si l'élément est bien ce qu'on vient de dire, il faut nécessairement qu'il y ait certains éléments de ce genre dans les corps. Ainsi, dans la chair, dans le bois, et dans chacun des autres corps analogues à ceux-là, il y a de la terre et du feu en puissance ; et l'on rend ces deux éléments visibles et distincts, en les séparant de ces corps. Mais ni la chair, ni le bois, ne préexistent réciproquement dans le feu, ni en puissance, ni en réalité ; car alors, on pourrait les en séparer. C'est par une raison semblable que, s'il n'existait qu'un seul élément, on ne pourrait pas dire davantage que les corps composés se retrouvent dans cet élément unique ; car, de ce qu'il y avait de la chair et de l'os, ou telle autre substance quelconque, on ne pourrait pas en conclure que ces composés sont en puissance dans cet unique élément. Mais il y aurait encore à voir quel serait le mode de leur production.
§ 4. Anaxagore est d'un avis opposé à celui d'Empédocle, en ce qui concerne les éléments. Celui-ci prétend que le feu et la terre, et les éléments de même ordre, sont les éléments de tous les corps, et que tous les corps en sont composés. Anaxagore prétend tout le contraire ; et il soutient que les vrais éléments, ce sont les corps à parties similaires, les homoeoréries : c'est-à-dire, par exemple, la chair, l'os, et toutes autres choses analogues (303a) à celles-là tandis que selon lui, l'air et le feu ne sont qu'un mélange de ces homoeoméries, et de toutes les autres semences. A l'en croire, chacun d'eux se composent de la réunion de toutes les parties similaires, qui d'ailleurs sont invisibles. Par suite, c'est de ces parties que toutes choses sont formées ; car Anaxagore confond le feu et l'éther, sous un seul et même nom.
§ 5. Mais comme le mouvement est propre à tout corps naturel quelconque, et que, parmi les mouvements, les uns sont simples et les autres composés, les mouvements mixtes étant pour les corps mixtes, et les mouvements simples, pour les corps simples, il est évident qu'il y aura certains corps simples, puisqu'il y a aussi des mouvements simples.
§ 6. On voit donc qu'il y a des éléments ; et de plus, quel rôle ils jouent.
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