Texte grec : 
  
 
  
   | [2,12] CHAPITRE XII.
 (424a17) 1 Καθόλου δὲ περὶ πάσης αἰσθήσεως δεῖ λαβεῖν ὅτι ἡ μὲν αἴσθησίς ἐστι τὸ 
 δεκτικὸν τῶν αἰσθητῶν εἰδῶν ἄνευ τῆς ὕλης, οἷον ὁ κηρὸς τοῦ δακτυλίου ἄνευ 
 τοῦ σιδήρου καὶ τοῦ χρυσοῦ δέχεται τὸ σημεῖον, λαμβάνει δὲ τὸ χρυσοῦν ἢ τὸ 
 χαλκοῦν σημεῖον, ἀλλ' οὐχ ᾗ χρυσὸς ἢ χαλκός· ὁμοίως δὲ καὶ ἡ αἴσθησις ἑκάστου 
 ὑπὸ τοῦ ἔχοντος χρῶμα ἢ χυμὸν ἢ ψόφον πάσχει, ἀλλ' οὐχ ᾗ ἕκαστον ἐκείνων 
 λέγεται, ἀλλ' ᾗ τοιονδί, καὶ κατὰ τὸν λόγον. 2  Αἰσθητήριον δὲ πρῶτον ἐν ᾧ ἡ 
 τοιαύτη δύναμις. Ἔστι μὲν οὖν ταὐτόν, τὸ δ' εἶναι ἕτερον· μέγεθος μὲν γὰρ ἄν τι 
 εἴη τὸ αἰσθανόμενον, οὐ μὴν τό γε αἰσθητικῷ εἶναι οὐδ' ἡ αἴσθησις μέγεθός 
 ἐστιν, ἀλλὰ λόγος τις καὶ δύναμις ἐκείνου. 3  Φανερὸν δ' ἐκ τούτων καὶ διὰ τί 
 ποτε τῶν αἰσθητῶν αἱ ὑπερβολαὶ φθείρουσι τὰ αἰσθητήρια (ἐὰν γὰρ ᾖ 
 ἰσχυροτέρα τοῦ αἰσθητηρίου ἡ κίνησις, λύεται ὁ λόγος-τοῦτο δ' ἦν ἡ αἴσθησις-
 ὥσπερ καὶ ἡ συμφωνία καὶ ὁ τόνος κρουομένων σφόδρα τῶν χορδῶν),
 4  καὶ διὰ τί ποτε τὰ φυτὰ οὐκ αἰσθάνεται, ἔχοντά τι μόριον ψυχικὸν καὶ 
 πάσχοντά τι ὑπὸ τῶν ἁπτῶν (καὶ γὰρ ψύχεται καὶ θερμαίνεται)· 424b αἴτιον γὰρ 
 τὸ μὴ ἔχειν μεσότητα, μηδὲ τοιαύτην ἀρχὴν οἵαν τὰ εἴδη δέχεσθαι τῶν αἰσθητῶν, 
 ἀλλὰ πάσχειν μετὰ τῆς ὕλης.
 5 424b.3 Ἀπορήσειε δ' ἄν τις εἰ πάθοι ἄν τι ὑπ' ὀσμῆς τὸ ἀδύνατον ὀσφρανθῆναι, 
 ἢ ὑπὸ χρώματος τὸ μὴ δυνάμενον ἰδεῖν· ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. Εἰ δὲ τὸ 
 ὀσφραντὸν ὀσμή, εἴ τι ποιεῖ, τὴν ὄσφρησιν ἡ ὀσμὴ ποιεῖ· ὥστε τῶν ἀδυνάτων 
 ὀσφρανθῆναι οὐθὲν οἷόν τε πάσχειν ὑπ' ὀσμῆς (ὁ δ' αὐτὸς λόγος καὶ ἐπὶ τῶν 
 ἄλλων)· οὐδὲ τῶν δυνατῶν, ἀλλ' <ἢ> ᾗ αἰσθητικὸν ἕκαστον. Ἅμα δὲ δῆλον καὶ 
 οὕτως· οὔτε γὰρ φῶς καὶ σκότος οὔτε ψόφος οὔτε ὀσμὴ οὐδὲν ποιεῖ τὰ σώματα, 
 ἀλλ' ἐν οἷς ἐστίν, οἷον ἀὴρ ὁ μετὰ βροντῆς διίστησι τὸ ξύλον. 6 Ἀλλὰ τὰ ἁπτὰ καὶ 
 οἱ χυμοὶ ποιοῦσιν· εἰ γὰρ μή, ὑπὸ τίνος ἂν πάσχοι τὰ ἄψυχα καὶ ἀλλοιοῖτο; ἆρ' 
 οὖν κἀκεῖνα ποιήσει; ἢ οὐ πᾶν σῶμα παθητικὸν ὑπ' ὀσμῆς καὶ ψόφου, καὶ τὰ 
 πάσχοντα ἀόριστα, καὶ οὐ μένει, οἷον ἀήρ (ὄζει γὰρ ὥσπερ παθών τι); τί οὖν ἐστι 
 τὸ ὀσμᾶσθαι παρὰ τὸ πάσχειν τι; ἢ τὸ μὲν ὀσμᾶσθαι αἰσθάνεσθαι, ὁ δ' ἀὴρ 
 παθὼν ταχέως αἰσθητὸς γίνεται; 
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      Traduction française : 
  
  
  
       
  | [2,12] CHAPITRE XII.
§ 1. (424a17) Il faut admettre, pour tous les sens en général, que le sens est ce qui reçoit 
les formes sensibles sans la matière, comme la cire reçoit l'empreinte de l'anneau sans 
le fer ou l'or dont l'anneau est composé, et garde cette empreinte d'airain ou d'or, 
mais non pas en tant qu'or ou airain. De même la sensibilité est spécialement affectée 
pour chaque objet qui a couleur, saveur ou son, non pas selon que chacun de ces 
objets est dénommé, mais selon qu'il est de telle nature, et suivant la seule raison. § 2. 
Elle est l'organe primitif dans lequel est cette puissance. Elle est donc identique à 
l'objet senti, bien que son être soit différent ; car autrement ce qui sent serait aussi 
une sorte de grandeur. Mais pourtant l'essence de ce qui sent, non plus que la 
sensation même, n'est pas une grandeur; c'est un certain rapport et une certaine 
puissance à l' égard de l'objet senti. § 3. Et cela même nous fait voir clairement 
pourquoi les qualités excessives dans les choses sensibles détruisent les organes de la 
sensation. Si le mouvement est plus fort que l'organe, le rapport est détruit; et ce 
rapport était pour nous la sensation, tout de même que l'harmonie et l'accord sont 
détruits quand les cordes sont trop fortement touchées.
§ 4. Mais pourquoi les plantes ne sentent-elles pas, bien qu'elles aient une portion 
d'âme, et qu'elles soient affectées par les choses du toucher, et que, par exemple, elles 
se refroidissent et s'échauffent? (424b) La cause en est qu'elles n'ont ni cette qualité 
moyenne, ni un principe capable de recevoir les formes des choses sensibles, mais 
qu'elles sont affectées avec la matière.
§ 5. (424b.3) On pourrait encore demander si l'odeur fait éprouver quelque chose à ce 
qui ne peut odorer, ou la couleur à ce qui ne peut voir; la question s'applique aux 
autres sens. Si la chose que l'on odore est l'odeur, l'odeur, quand elle produit quelque 
sensation, ne produit que l'odoration; et ainsi rien de ce qui ne peut pas odorer ne 
saurait être affecté par l'odeur. On ferait pour les autres sens une réponse toute 
pareille. Bien plus, ce qui peut sentir ne sent jamais que de la façon qu'il est sensible. 
Voici qui le prouve bien encore : c'est que ni la lumière, ni l'obscurité, ni le son, ni 
l'odeur, ne changent en rien les corps; ce qui les change, ce sont les choses seulement 
dans lesquelles sont ces qualités : ainsi c'est l'air dont est accompagné le tonnerre qui 
fend le bois. § 6. Mais les qualités tangibles et les saveurs agissent sur les corps 
insensibles; autrement, par quelles causes les choses inanimées seraient-elles 
affectées et altérées ? Est-ce que les autres qualités agiront aussi sur les corps? Ou 
plutôt n'est-il pas vrai que tout corps n'est pas affectible par l'odeur et par le son ? 
Mais les corps qui sont affectés ainsi sont indéterminés et mobiles ; tel est l'air, qui 
peut contracter une odeur, comme s'il avait éprouvé quelque affection. Qu' est-ce 
donc que sentir une odeur, si ce n'est éprouver une certaine affection ? Sentir une 
odeur, c'est percevoir une sensation ; mais l'air, quand il subit une modification, ne 
fait que nous la rendre aussitôt perceptible.
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