| Texte grec :
 
 
  
  
   | [2,9] CHAPITRE IX.
 (421a7) 1 Περὶ δὲ ὀσμῆς καὶ ὀσφραντοῦ ἧττον εὐδιόριστόν ἐστι τῶν εἰρημένων· οὐ 
 γὰρ δῆλον ποῖόν τί ἐστιν ἡ ὀσμή, οὕτως ὡς ὁ ψόφος ἢ τὸ χρῶμα. Αἴτιον δ' ὅτι τὴν 
 αἴσθησιν ταύτην οὐκ ἔχομεν ἀκριβῆ, ἀλλὰ χείρω πολλῶν ζῴων· φαύλως γὰρ 
 ἄνθρωπος ὀσμᾶται, καὶ οὐθενὸς αἰσθάνεται τῶν ὀσφραντῶν ἄνευ τοῦ λυπηροῦ ἢ 
 τοῦ ἡδέος, ὡς οὐκ ὄντος ἀκριβοῦς τοῦ αἰσθητηρίου. 2  Εὔλογον δ' οὕτω καὶ τὰ 
 σκληρόφθαλμα τῶν χρωμάτων αἰσθάνεσθαι, καὶ μὴ διαδήλους αὐτοῖς εἶναι τὰς 
 διαφορὰς τῶν χρωμάτων πλὴν τῷ φοβερῷ καὶ ἀφόβῳ· οὕτω δὲ καὶ περὶ τὰς 
 ὀσμὰς τὸ τῶν ἀνθρώπων γένος. Ἔοικε μὲν γὰρ ἀνάλογον ἔχειν πρὸς τὴν γεῦσιν, 
 καὶ ὁμοίως τὰ εἴδη τῶν χυμῶν τοῖς τῆς ὀσμῆς, ἀλλ' ἀκριβεστέραν ἔχομεν τὴν 
 γεῦσιν διὰ τὸ εἶναι αὐτὴν ἁφήν τινα, ταύτην δ' ἔχειν τὴν αἴσθησιν τὸν ἄνθρωπον 
 ἀκριβεστάτην· ἐν μὲν γὰρ ταῖς ἄλλαις λείπεται πολλῶν τῶν ζῴων, κατὰ δὲ τὴν 
 ἁφὴν πολλῷ τῶν ἄλλων διαφερόντως ἀκριβοῖ· διὸ καὶ φρονιμώτατόν ἐστι τῶν 
 ζῴων. Σημεῖον δὲ τὸ καὶ ἐν τῷ γένει τῶν ἀνθρώπων παρὰ τὸ αἰσθητήριον τοῦτο 
 εἶναι εὐφυεῖς καὶ ἀφυεῖς, παρ' ἄλλο δὲ μηδέν· οἱ μὲν γὰρ σκληρόσαρκοι ἀφυεῖς 
 τὴν διάνοιαν, οἱ δὲ μαλακόσαρκοι εὐφυεῖς.
 3 (421a26) Ἔστι δ', ὥσπερ χυμὸς ὁ μὲν γλυκὺς ὁ δὲ πικρός, οὕτω καὶ ὀσμαί, ἀλλὰ τὰ 
 μὲν ἔχουσι τὴν ἀνάλογον ὀσμὴν καὶ χυμόν, λέγω δὲ οἷον γλυκεῖαν ὀσμὴν καὶ 
 γλυκὺν χυμόν, τὰ δὲ τοὐναντίον. Ὁμοίως δὲ καὶ δριμεῖα καὶ αὐστηρὰ καὶ ὀξεῖα 
 καὶ λιπαρά ἐστιν ὀσμή. Ἀλλ' ὥσπερ εἴπομεν, διὰ τὸ μὴ σφόδρα διαδήλους εἶναι 
 τὰς ὀσμὰς ὥσπερ τοὺς χυμούς, {ἀπὸ τούτων} 421b εἴληφε τὰ ὀνόματα καθ' 
 ὁμοιότητα τῶν πραγμάτων, ἡ μὲν γλυκεῖα κρόκου καὶ μέλιτος, ἡ δὲ δριμεῖα 
 θύμου καὶ τῶν τοιούτων· τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων.
 4  Ἔστι δ' ὥςπερ ἡ ἀκοὴ καὶ ἑκάστη τῶν αἰσθήσεων, ἡ μὲν τοῦ ἀκουστοῦ καὶ 
 ἀνηκούστου, ἡ δὲ τοῦ ὁρατοῦ καὶ ἀοράτου, καὶ ἡ ὄσφρησις τοῦ ὀσφραντοῦ καὶ 
 ἀνοσφράντου. Ἀνόσφραντον δὲ τὸ μὲν παρὰ τὸ ὅλως ἀδύνατον <εἶναι> ἔχειν 
 ὀσμήν, τὸ δὲ μικρὰν ἔχον καὶ φαύλην. Ὁμοίως δὲ καὶ τὸ ἄγευστον λέγεται.
 5  Ἔστι δὲ καὶ ἡ ὄσφρησις διὰ τοῦ μεταξύ, οἷον ἀέρος ἢ ὕδατος· καὶ γὰρ τὰ ἔνυδρα 
 δοκοῦσιν ὀσμῆς αἰσθάνεσθαι, ὁμοίως καὶ τὰ ἔναιμα καὶ τὰ ἄναιμα, ὥσπερ καὶ τὰ 
 ἐν τῷ ἀέρι· καὶ γὰρ τούτων ἔνια πόρρωθεν ἀπαντᾷ πρὸς τὴν τροφὴν ὕποσμα 
 γινόμενα. 6 Διὸ καὶ ἄπορον φαίνεται εἰ πάντα μὲν ὁμοίως ὀσμᾶται, ὁ δ' 
 ἄνθρωπος ἀναπνέων μέν, μὴ ἀναπνέων δὲ ἀλλ' ἐκπνέων ἢ κατέχων τὸ πνεῦμα 
 οὐκ ὀσμᾶται, οὔτε πόρρωθεν οὔτ' ἐγγύθεν, οὐδ' ἂν ἐπὶ τοῦ μυκτῆρος ἐντὸς τεθῇ· 
 καὶ τὸ μὲν ἐπ' αὐτῷ τιθέμενον τῷ αἰσθητηρίῳ ἀναίσθητον εἶναι κοινὸν πάντων, 
 ἀλλὰ τὸ ἄνευ τοῦ ἀναπνεῖν μὴ αἰσθάνεσθαι ἴδιον ἐπὶ τῶν ἀνθρώπων· δῆλον δὲ 
 πειρωμένοις· ὥστε τὰ ἄναιμα, ἐπειδὴ οὐκ ἀναπνέουσιν, ἑτέραν ἄν τιν' αἴσθησιν 
 ἔχοι παρὰ τὰς λεγομένας. Ἀλλ' ἀδύνατον, εἴπερ τῆς ὀσμῆς αἰσθάνεται· ἡ γὰρ τοῦ 
 ὀσφραντοῦ αἴσθησις καὶ δυσώδους καὶ εὐώδους ὄσφρησίς ἐστιν. Ἔτι δὲ καὶ 
 φθειρόμενα φαίνεται ὑπὸ τῶν ἰσχυρῶν ὀσμῶν ὑφ' ὧνπερ ἄνθρωπος, οἷον 
 ἀσφάλτου καὶ θείου καὶ τῶν τοιούτων. Ὀσφραίνεσθαι μὲν οὖν ἀναγκαῖον, ἀλλ' 
 οὐκ ἀναπνέοντα. 7 Ἔοικε δὲ τοῖς ἀνθρώποις διαφέρειν τὸ αἰσθητήριον τοῦτο 
 πρὸς τὸ τῶν ἄλλων ζῴων, ὥσπερ τὰ ὄμματα πρὸς τὰ τῶν σκληροφθάλμων-τὰ 
 μὲν γὰρ ἔχει φράγμα καὶ ὥσπερ ἔλυτρον τὰ βλέφαρα, ἃ μὴ κινήσας μηδ' 
 ἀνασπάσας οὐχ ὁρᾷ· τὰ δὲ σκληρόφθαλμα οὐδὲν ἔχει τοιοῦτον, ἀλλ' εὐθέως ὁρᾷ 
 τὰ γινόμενα ἐν τῷ διαφανεῖ-οὕτως οὖν καὶ τὸ ὀσφραντικὸν αἰσθητήριον τοῖς μὲν 
 422a ἀκαλυφὲς εἶναι, ὥσπερ τὸ ὄμμα, τοῖς δὲ τὸν ἀέρα δεχομένοις ἔχειν 
 ἐπικάλυμμα, ὃ ἀναπνεόντων ἀποκαλύπτεται, διευρυνομένων τῶν φλεβίων καὶ 
 τῶν πόρων. 8 Καὶ διὰ τοῦτο τὰ ἀναπνέοντα οὐκ ὀσμᾶται ἐν τῷ ὑγρῷ· ἀναγκαῖον 
 γὰρ ὀσφρανθῆναι ἀναπνεύσαντα, τοῦτο δὲ ποιεῖν ἐν τῷ ὑγρῷ ἀδύνατον. 
 Ἔστι δ' ἡ ὀσμὴ τοῦ ξηροῦ (ὥσπερ ὁ χυμὸς τοῦ ὑγροῦ), τὸ δὲ ὀσφραντικὸν 
 αἰσθητήριον δυνάμει τοιοῦτον. |  | Traduction française :
 
 
 
  
       
  | [2,9] CHAPITRE IX.
§ 1. Il est moins facile de traiter de l'odorat et de l'objet odoré que de tout ce qu'on a 
expliqué jusqu'ici; car on ne sait pas positivement ce que c'est que l'odeur, aussi bien 
qu'on sait ce qu'est le son ou la couleur. C'est parce que ce sens, chez nous, n'est pas 
très parfait, et qu'il est moins délicat que chez beaucoup d'autres animaux. L'homme 
n'a point un bon odorat; il ne peut pas sentir une chose odorante sans plaisir ou 
peine, ce qui prouve bien que cet organe chez lui n'est pas très fin. § 2. On peut 
supposer avec raison que ceux des animaux qui ont les yeux durs, ne distinguent pas 
très bien les couleurs, et que les nuances des couleurs ne sont discernées par eux que 
selon qu'elles leur inspirent ou ne leur inspirent pas de la crainte. Telle est l'espèce 
humaine en ce qui concerne les odeurs. Il semble que les diverses qualités des 
saveurs soient, relativement au goût, ce que sont à peu près les qualités des odeurs 
pour l'odorat. Mais le goût, chez nous, est encore plus parfait, parce que c'est une 
sorte de toucher, et que l'homme a ce dernier sens excessivement délicat. Pour les 
autres, il est fort au-dessous de bien des animaux; mais pour le toucher, il est fort 
au-dessus d'eux tous, ce qui fait aussi qu'il est le plus intelligent des animaux. La 
preuve, c'est que, même parmi les hommes, les uns sont naturellement bien doués 
pour ce sens, et que les autres le sont mal, tandis qu'il n'y a rien de pareil pour les 
espèces inférieures : et  ainsi les hommes qui ont la chair dure sont mal doués pour 
l'intelligence; ceux qui ont la chair douce sont au contraire bien doués.
§ 3. (421a26) Et de même qu'il y a des saveurs agréables et des saveurs amères, de 
même aussi pour les odeurs. Mais si à certains égards l'odeur et la saveur ont des 
analogies, par exemple, si une odeur est douce comme une saveur est douce, à 
d'autres égards l'odeur et la saveur sont tout le contraire. Il y a bien encore odeur 
âpre, forte, aigre et faible; mais, comme nous le disions, les odeurs n'étant pas aussi 
nettement distinctes que les saveurs, elles ont reçu (421b) leurs noms de ces dernières, 
à cause de la ressemblance même des choses. Ainsi on a appelé douce l'odeur du 
safran et du miel, et forte celle du thym et des plantes de ce genre; on en peut dire 
autant pour le reste des odeurs.
§ 4. Il en est des autres sens comme de l'ouïe. Elle est relative à ce qui s'entend et à ce 
qui ne s'entend pas; un autre sens est relatif à ce qui est visible et à ce qui est 
invisible; de même l'odorat est relatif à ce qui est odorant et à ce qui ne l'est pas. On 
dit d'un corps qu'il est inodore, tantôt quand il n'a pas du tout d'odeur, tantôt quand 
il en a peu, ou qu'il a une très faible odeur; et l'on dit aux mêmes titres qu'un corps 
est sans goût.
§ 5. L'olfaction se fait aussi par un milieu tel que l'air et l'eau; car les animaux 
aquatiques paraissent avoir également le sens de l'odorat. Les animaux qui ont du 
sang et ceux qui n'en ont pas, possèdent ce sens aussi bien que ceux qui vivent dans 
l'air; car il y a en beaucoup qui sont attirés de fort loin vers leur proie, par l'odeur 
qu'ils en ont reçue. § 6. Et c'est là précisément ce qui fait la difficulté de savoir 
pourquoi, si tous les animaux odorent de la même façon, l'homme odore en aspirant, 
et cesse d'odorer, lorsqu'au lieu d'aspirer il expire, ou retient son souffle: alors il ne 
peut plus percevoir l'odeur, ni de loin ni de près, non plus que lorsqu'il pose l'objet 
en dedans du nez, sur la narine même. Un phénomène commun à tous les animaux, 
c'est que l'objet placé directement sur l'organe cesse tout-à-fait d'être senti. Mais ne 
pouvoir pas sentir l'odeur sans aspirer, c'est là une particularité propre à l'espèce 
humaine; et l'on peut s'en convaincre par l'expérience. Les animaux privés de sang 
pourraient donc avoir, parce qu'ils n'aspirent pas, un autre sens en sus de tous ceux 
qu'on connaît. Mais il est impossible qu'ils en aient un autre, puisqu'ils sentent aussi 
l'odeur. En effet, la sensation de l'odeur dune chose qui a un parfum, soit agréable, 
soit désagréable, est une olfaction; et l'on voit les animaux de ce genre tués par les 
odeurs très fortes qui tuent aussi l'homme, comme l'asphalte, le soufre et autres corps 
analogues. Il faut donc conclure nécessairement que ces animaux odorent, bien qu'ils 
ne respirent pas. § 7. Du reste, cet organe paraît différer chez l'homme, 
comparativement au reste des animaux, à peu près comme ses yeux diffèrent de ceux 
des animaux qui ont les yeux durs. Les yeux de l'homme, en effet, ont une sorte de 
rempart et de fourreau, je veux dire les paupières ; et à moins qu'il ne meuve les 
paupières et ne les ouvre, il ne voit point; les animaux qui ont les yeux durs n'ont 
rien de pareil, mais ils voient directement les objets qui sont placés dans le diaphane. 
Tout de même, l'appareil olfactif est chez les uns sans couverture aussi bien que l'œil 
; (422a) au contraire, chez les autres, qui reçoivent l'air, il a un tégument; et ce 
tégument se découvre quand ils respirent, les veines et les pores venant alors à 
s'ouvrir. § 8. Et voilà pourquoi les animaux qui respirent n'odorent pas dans l'eau ; 
c'est que, pour odorer, ils doivent nécessairement aspirer, et que dans l'eau il leur est 
impossible de le faire.
D'ailleurs l'odorat s'applique au sec tout comme le goût s'applique à l'humide; et, en 
puissance, l'organe olfactif est analogue à l'objet auquel il s'applique. |  |