Texte grec :
[2,6] CHAPITRE VI.
(418a7) 1 Λεκτέον δὲ καθ' ἑκάστην αἴσθησιν περὶ τῶν αἰσθητῶν πρῶτον. Λέγεται
δὲ τὸ αἰσθητὸν τριχῶς, ὧν δύο μὲν καθ' αὑτά φαμεν αἰσθάνεσθαι, τὸ δὲ ἓν κατὰ
συμβεβηκός. Τῶν δὲ δυοῖν τὸ μὲν ἴδιόν ἐστιν ἑκάστης αἰσθήσεως, τὸ δὲ κοινὸν
πασῶν. 2 Λέγω δ' ἴδιον μὲν ὃ μὴ ἐνδέχεται ἑτέρᾳ αἰσθήσει αἰσθάνεσθαι, καὶ περὶ
ὃ μὴ ἐνδέχεται ἀπατηθῆναι, οἷον ὄψις χρώματος καὶ ἀκοὴ ψόφου καὶ γεῦσις
χυμοῦ, ἡ δ' ἁφὴ πλείους {μὲν} ἔχει διαφοράς, ἀλλ' ἑκάστη γε κρίνει περὶ τούτων,
καὶ οὐκ ἀπατᾶται ὅτι χρῶμα οὐδ' ὅτι ψόφος, ἀλλὰ τί τὸ κεχρωσμένον ἢ ποῦ, ἢ τί
τὸ ψοφοῦν ἢ ποῦ. Τὰ μὲν οὖν τοιαῦτα λέγεται ἴδια ἑκάστης, 3 κοινὰ δὲ κίνησις,
ἠρεμία, ἀριθμός, σχῆμα, μέγεθος· τὰ γὰρ τοιαῦτα οὐδεμιᾶς ἐστὶν ἴδια, ἀλλὰ
κοινὰ πάσαις· καὶ γὰρ ἁφῇ κίνησίς τίς ἐστιν αἰσθητὴ καὶ ὄψει. 4 Κατὰ
συμβεβηκὸς δὲ λέγεται αἰσθητόν, οἷον εἰ τὸ λευκὸν εἴη Διάρους υἱός· κατὰ
συμβεβηκὸς γὰρ τούτου αἰσθάνεται, ὅτι τῷ λευκῷ συμβέβηκε τοῦτο, οὗ
αἰσθάνεται· διὸ καὶ οὐδὲν πάσχει ᾗ τοιοῦτον ὑπὸ τοῦ αἰσθητοῦ.
Τῶν δὲ καθ' αὑτὰ αἰσθητῶν τὰ ἴδια κυρίως ἐστὶν αἰσθητά, καὶ πρὸς ἃ ἡ οὐσία
πέφυκεν ἑκάστης αἰσθήσεως.
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Traduction française :
[2,6] CHAPITRE VI.
§ 1. (418a7) Parlons d'abord pour chaque sens des objets sensibles. Objet sensible peut
s'entendre de trois façons : deux où nous disons sentir en soi, et une où nous le
disons par accident. Des deux premières acceptions, l'une signifie ce qui est propre à
chaque sens; et l'autre, ce qui est commun à tous. § 2. J'appelle propre ce qui'ne peut
pas être senti par un autre sens, et ce sur quoi le sens ne peut se tromper; et, par
exemple, la vue s'applique à la couleur, l'ouïe au son, et le goût à la saveur. Le
toucher a encore bien plus de différentes nuances ; mais chaque sens discerne ce qui
lui est propre, et ne se trompe ni sur la couleur, ni sur le son ; mais il connaît ce qu'est
l'objet coloré et où il l'est, ou bien ce qu'est l'objet sonore et où il est. § 3. C'est là ce
qui est appelé l'objet propre de chaque sens. Mais ce qu'il y a de commun pour tous,
c'est le mouvement, le repos, le nombre, la figure, la grandeur; car tout cela
n'appartient en propre à aucun sens : ce sont des objets communs à tous; et ainsi il y a
un certain mouvement qui est sensible au toucher et à la vue. § 4. On dit d'un objet
sensible qu'il est sensible par accident, quand, par exemple, l'objet blanc qu'on voit
est le fils de Diarès ; car ce n'est que par accident qu'on a cette sensation du fils de
Diarès, parce que c'est un accident du blanc que l'on sent, et que, par suite, on
n'éprouve rien de la part de l'objet sensible en tant qu'il est de telle façon.
Mais les objets propres des sens sont, parmi les choses qui sont sensibles en soi, celles
qui doivent être précisément appelées sensibles ; et ce sont les choses auxquelles
s'applique essentiellement, et par nature, chacun des sens.
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