Texte grec :
[1,409b] (409b) ὥσπερ Δημόκριτος κινεῖσθαί φησιν ὑπὸ τῆς ψυχῆς, ἴδιον τὸ ἄτοπον. Εἴπερ
γάρ ἐστιν ἡ ψυχὴ ἐν παντὶ τῷ αἰσθανομένῳ σώματι, ἀναγκαῖον ἐν τῷ αὐτῷ δύο εἶναι σώματα,
εἰ σῶμά τι ἡ ψυχή· τοῖς δ' ἀριθμὸν λέγουσιν, ἐν τῇ μιᾷ στιγμῇ πολλὰς στιγμάς, καὶ πᾶν σῶμα
ψυχὴν ἔχειν, εἰ μὴ διαφέρων τις ἀριθμὸς ἐγγίνεται καὶ ἄλλος τις τῶν ὑπαρχουσῶν ἐν τῷ σώματι
στιγμῶν·
§ 2. Συμβαίνει τε κινεῖσθαι τὸ ζῷον ὑπὸ τοῦ ἀριθμοῦ, καθάπερ καὶ Δημόκριτον αὐτὸ ἔφαμεν
κινεῖν· τί γὰρ διαφέρει σφαίρας λέγειν μικρὰς ἢ μονάδας μεγάλας, ἢ ὅλως μονάδας φερομένας;
Ἀμφοτέρως γὰρ ἀναγκαῖον κινεῖν τὸ ζῷον τῷ κινεῖσθαι ταύτας.
§ 3. Τοῖς δὴ συμπλέξασιν εἰς τὸ αὐτὸ κίνησιν καὶ ἀριθμὸν ταῦτά τε συμβαίνει καὶ πολλὰ ἕτερα
τοιαῦτα· οὐ γὰρ μόνον ὁρισμὸν ψυχῆς ἀδύνατον τοιοῦτον εἶναι, ἀλλὰ καὶ συμβεβηκός. Δῆλον δ'
εἴ τις ἐπιχειρήσειεν ἐκ τοῦ λόγου τούτου τὰ πάθη καὶ τὰ ἔργα τῆς ψυχῆς ἀποδιδόναι, οἷον
λογισμούς, αἰσθήσεις, ἡδονάς, λύπας, ὅσα ἄλλα τοιαῦτα· ὥσπερ γὰρ εἴπομεν πρότερον, οὐδὲ
μαντεύσασθαι ῥᾴδιον ἐξ αὐτῶν.
§ 4. Τριῶν δὲ τρόπων παραδεδομένων καθ' οὓς ὁρίζονται τὴν ψυχήν, οἱ μὲν τὸ κινητικώτατον
ἀπεφήναντο τῷ κινεῖν ἑαυτό, οἱ δὲ σῶμα τὸ λεπτομερέστατον ἢ τὸ ἀσωματώτατον τῶν ἄλλων.
Ταῦτα δὲ τίνας ἀπορίας τε καὶ ὑπεναντιώσεις ἔχει, διεληλύθαμεν σχεδόν·
§ 5. Λείπεται δ' ἐπισκέψασθαι πῶς λέγεται τὸ ἐκ τῶν στοιχείων αὐτὴν εἶναι. Λέγουσι μὲν γάρ,
ἵν' αἰσθάνηταί τε τῶν ὄντων καὶ ἕκαστον γνωρίζῃ· ἀναγκαῖον δὲ συμβαίνειν πολλὰ καὶ
ἀδύνατα τῷ λόγῳ. Τίθενται γὰρ γνωρίζειν τῷ ὁμοίῳ τὸ ὅμοιον, ὥσπερ ἂν εἰ τὴν ψυχὴν τὰ
πράγματα τιθέντες. Οὐκ ἔστι δὲ μόνα ταῦτα, πολλὰ δὲ καὶ ἕτερα, μᾶλλον δ' ἴσως ἄπειρα τὸν
ἀριθμὸν τὰ ἐκ τούτων.
§ 6. Ἐξ ὧν μὲν οὖν ἐστιν ἕκαστον τούτων, ἔστω γινώσκειν τὴν ψυχὴν καὶ αἰσθάνεσθαι· ἀλλὰ τὸ
σύνολον τίνι γνωριεῖ ἢ αἰσθήσεται, οἷον τί θεὸς ἢ ἄνθρωπος ἢ σὰρξ ἢ ὀστοῦν;
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Traduction française :
[1,409b] en ce qu'on admet, au sens de 409b Démocrite, que le corps est mû par l'âme.
Si l'âme est dans le corps entier quand il sent, il faut nécessairement qu'il y ait deux
corps dans le même lieu, l'âme étant un corps. Quand on prétend que l'âme est un
nombre, il faut supposer que plusieurs points sont en un seul point, ou que tout
corps a une âme, à moins qu'on ne fasse de l'âme un nombre différent, un nombre
tout autre que les points qui sont dans le corps.
§ 2. Il en résulte aussi que l'animal est mû par un nombre, tout comme Démocrite le
faisait mouvoir, ainsi que nous l'avons dit. Car quelle différence y a-t-il à dire que ce
sont de petites sphères ou de grandes unités, ou simplement que ce sont des unités
qui sont en mouvement? De part et d'autre, il faut toujours nécessairement que
l'animal se meuve, parce qu'elles aussi sont en mouvement.
§ 3. Ainsi donc, quand on combine et qu'on identifie le mouvement et le nombre,
voilà les objections qu'on soulève, et beaucoup d'autres analogues.
Mais il est non seulement impossible que ce soit là la définition essentielle de l'âme;
j'ajoute que ce n'en est pas même l'accident. On s'en convaincra facilement si l'on
essaie de définir d'après cette assertion les affections et les actes de l'âme :
raisonnements, sensations, plaisirs, peines, et toutes les autres affections de même
genre; on verra, comme nous l'avons dit auparavant, qu'il n'est pas chose facile d'en
tirer aucune explication.
§ 4. Trois manières nous ayant été transmises de définir l'âme, d'abord qu'elle est
l'être le plus mobile, parce qu'elle se meut elle-même; puis ensuite qu'elle est le corps
aux parties les plus ténues; enfin qu'elle est le plus incorporel de tous; nous avons
parcouru toutes les difficultés à peu près et toutes les contradictions que ces opinions
soulèvent.
§ 5. Il ne nous reste plus qu'à voir comment on peut soutenir que l'âme est composée
des éléments.
En effet, on l'a dit, en vue d'expliquer comment l'âme peut sentir et connaître toutes
choses; mais il y a nécessairement dans cette opinion bien des impossibilités
insurmontables. Supposer, en effet, que le semblable connaît le semblable, c'est
prétendre aussi que l'âme est en quelque sorte les choses elles-mêmes. Mais les
choses ne sont pas seules ; il y a bien autre chose encore avec elles ; et, par exemple,
les composés qu'elles forment sont, on peut dire, en nombre infini.
§ 6. Toutefois admettons que l'âme connaisse et sente tous les principes d'où vient
chaque chose à part ; mais comment connaitra-t-elle l'ensemble d'une chose?
comment sentira-t-elle, par exemple, ce que c'est que Dieu, l'homme, la chair, les os ?
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