Texte grec :
[1,411a] οὐδὲ (411a) τῶν ζῴων ἐνίοις, εἴπερ μὴ πάντα ἀναπνέουσιν· τοῦτο δὲ λέληθε τοὺς
οὕτως ὑπειληφότας.
§ 16. (Εἰ δὲ δεῖ τὴν ψυχὴν ἐκ τῶν στοιχείων ποιεῖν, οὐθὲν δεῖ ἐξ ἁπάντων· ἱκανὸν γὰρ θάτερον
μέρος τῆς ἐναντιώσεως ἑαυτό τε κρίνειν καὶ τὸ ἀντικείμενον. Καὶ γὰρ τῷ εὐθεῖ καὶ αὐτὸ καὶ τὸ
καμπύλον γινώσκομεν· κριτὴς γὰρ ἀμφοῖν ὁ κανών, τὸ δὲ καμπύλον οὔθ' ἑαυτοῦ οὔτε τοῦ εὐθέος.)
§ 17. Καὶ ἐν τῷ ὅλῳ δή τινες αὐτὴν μεμῖχθαί φασιν, ὅθεν ἴσως καὶ Θαλῆς ᾠήθη πάντα πλήρη
θεῶν εἶναι.
§ 18. Τοῦτο δ' ἔχει τινὰς ἀπορίας· διὰ τίνα γὰρ αἰτίαν ἐν μὲν τῷ ἀέρι ἢ τῷ πυρὶ οὖσα ἡ ψυχὴ οὐ
ποιεῖ ζῷον, ἐν δὲ τοῖς μικτοῖς, καὶ ταῦτα βελτίων ἐν τούτοις εἶναι δοκοῦσα;
§ 19. (Ἐπιζητήσειε δ' ἄν τις καὶ διὰ τίν' αἰτίαν ἡ ἐν τῷ ἀέρι ψυχὴ τῆς ἐν τοῖς ζῴοις βελτίων ἐστὶ
καὶ ἀθανατωτέρα.)
§ 20. Συμβαίνει δ' ἀμφοτέρως ἄτοπον καὶ παράλογον· καὶ γὰρ τὸ λέγειν ζῷον τὸ πῦρ ἢ τὸν ἀέρα
τῶν παραλογωτέρων ἐστί, καὶ τὸ μὴ λέγειν ζῷα ψυχῆς ἐνούσης ἄτοπον.
§ 21. Ὑπολαβεῖν δ' ἐοίκασιν εἶναι τὴν ψυχὴν ἐν τούτοις ὅτι τὸ ὅλον τοῖς μορίοις ὁμοειδές· ὥστ'
ἀναγκαῖον αὐτοῖς λέγειν καὶ τὴν ψυχὴν ὁμοειδῆ τοῖς μορίοις εἶναι, εἰ τῷ ἀπολαμβάνεσθαί τι
τοῦ περιέχοντος ἐν τοῖς ζῴοις ἔμψυχα τὰ ζῷα γίνεται. Εἰ δ' ὁ μὲν ἀὴρ διασπώ- μενος ὁμοειδής, ἡ
δὲ ψυχὴ ἀνομοιομερής, τὸ μέν τι αὐτῆς ὑπάρξει δῆλον ὅτι, τὸ δ' οὐχ ὑπάρξει. Ἀναγκαῖον οὖν
αὐτὴν ἢ ὁμοιομερῆ εἶναι ἢ μὴ ἐνυπάρχειν ἐν ὁτῳοῦν μορίῳ τοῦ παντός.
§ 22. Φανερὸν οὖν ἐκ τῶν εἰρημένων ὡς οὔτε τὸ γινώσκειν ὑπάρχει τῇ ψυχῇ διὰ τὸ ἐκ τῶν
στοιχείων εἶναι, οὔτε τὸ κινεῖσθαι αὐτὴν καλῶς οὐδ' ἀληθῶς λέγεται.
§ 23. Ἐπεὶ δὲ τὸ γινώσκειν τῆς ψυχῆς ἐστὶ καὶ τὸ αἰσθάνεσθαί τε καὶ τὸ δοξάζειν, ἔτι δὲ τὸ
ἐπιθυμεῖν καὶ βούλεσθαι καὶ ὅλως αἱ ὀρέξεις, γίνεται δὲ καὶ ἡ κατὰ τόπον κίνησις τοῖς ζῴοις
ὑπὸ τῆς ψυχῆς, ἔτι δ' αὔξη τε καὶ ἀκμὴ καὶ φθίσις,
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Traduction française :
[1,411a] ni même pour certains (411a) animaux, puisque tous les animaux ne respirent pas.
Mais c'est ce qu'ignoraient ceux qui ont avancé ces assertions hypothétiques.
§ 16. S'il faut d'ailleurs composer l'âme avec les éléments, il ne faut pas du moins la
composer avec tous. En effet, il suffit d'une des deux parties de l'opposition, pour
juger et cette partie même et l'opposé. Ainsi, par le droit , nous connaissons et le droit
lui-même et la courbe. Le juge de tous les deux, c'est la règle, tandis que le courbe ne
peut être la mesure ni de lui-même ni du droit.
§ 17. Quelques uns ont cru que l'âme est mêlée dans tout l'univers, et c'est là peut-
être ce qui a fait penser à Thalès que tout est plein de dieux.
§ 18. Mais cette opinion présente quelques difficultés. Pourquoi, en effet, l'âme, étant
dans l'air, ou dans le feu, n'y produit-elle pas d'animal, taudis qu'elle en produit dans
les mixtes , bien que dans ces deux éléments elle paraisse pourtant supérieure?
§ 19. On pourrait rechercher aussi pourquoi l'âme qui est dans l'air et dans le feu est
supérieure à celle qui est dans les animaux, et plus immortelle.
§ 20. Dans les deux cas, il y aurait erreur et contradiction. Dire, en effet, que l'air ou le
feu est animal, est chose des plus déraisonnables ; et ne pas les appeler animaux,
quand on admet une âme en eux, n'est pas moins absurde.
§ 21. Mais il semble que ces philosophes supposent une âme dans l'air et le feu , parce
que le tout doit être de même espèce que les parties; et par là ils sont nécessairement
amenés à dire que l'âme est de même espèce dans toutes les parties, si les animaux ne
deviennent animés qu'en absorbant en eux quelque chose de ce qui les enveloppe.
Mais si l'air, dans quelque sens qu'on le divise, est toujours d'espèce semblable, et
que l'âme soit composée de parties dissemblables, évidemment une de ses parties
existera dans l'air, et telle autre partie n'existera pas. Il faut donc nécessairement, ou
que ses parties soient toutes semblables, ou qu'elle ne soit pas dans chacune des
parties de l'univers.
§ 22. Il résulte évidemment de ce qui précède que la connaissance ne vient pas à
l'âme de ce qu'elle est formée des éléments, et qu'il n'est pas exact et vrai qu'elle se
meuve.
§ 23. Mais comme connaître, sentir, penser, appartient à l'âme, ainsi que désirer,
vouloir, et en général tous les appétits, et que c'est aussi par l'âme que la locomotion
se produit dans les animaux, tout aussi bien que l'accroissement, la maturité et le
dépérissement; reste à savoir si chacun de ces phénomènes se produit par l'âme
tout entière.
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