[5] V.
Τοιαύτης δὲ τῆς τάξεως οὔσης ἐν τῇ πολιτείᾳ, καὶ τῶν πολλῶν δουλευόντων τοῖς ὀλίγοις, ἀντέστη τοῖς γνωρίμοις ὁ δῆμος. ἰσχυρᾶς δὲ τῆς στάσεως οὔσης καὶ πολὺν χρόνον ἀντικαθημένων ἀλλήλοις, εἵλοντο κοινῇ διαλλακτὴν καὶ ἄρχοντα Σόλωνα,
καὶ τὴν πολιτείαν ἐπέτρεψαν αὐτῷ, ποιήσαντι τὴν ἐλεγείαν ἧς ἐστὶν ἀρχή·
γιγνώσκω, καί μοι φρενὸς ἔνδοθεν ἄλγεα κεῖται, πρεσβυτάτην ἐσορῶν γαῖαν Ἰαονίας κλινομένην·
ἐν ᾗ πρὸς ἑκατέρους ὑπὲρ ἑκατέρων μάχεται καὶ διαμφισβητεῖ, καὶ μετὰ ταῦτα κοινῇ παραινεῖ καταπαύειν τὴν ἐνεστῶσαν φιλονικίαν.
ἦν δ´ ὁ Σόλων τῇ μὲν φύσει καὶ τῇ δόξῃ τῶν πρώτων, τῇ δ´ οὐσίᾳ καὶ τοῖς πράγμασι τῶν μέσων, ὡς ἔκ τε τῶν ἄλλων ὁμολογεῖται, καὶ αὐτὸς ἐν τοῖσδε τοῖς ποιήμασιν μαρτυρεῖ, παραινῶν τοῖς πλουσίοις μὴ πλεονεκτεῖν·
ὑμεῖς δ´ ἡσυχάσαντες ἐνὶ φρεσὶ καρτερὸν ἦτορ, οἳ πολλῶν ἀγαθῶν ἐς κόρον ἠλάσατε, ἐν μετρίοισι τίθεςθε μέγαν νόον. οὔτε γὰρ ἡμεῖς πεισόμεθ´, οὔθ´ ὑμῖν ἄρτια ταῦτ´ ἔσεται.
καὶ ὅλως αἰεὶ τὴν αἰτίαν τῆς στάσεως ἀνάπτει τοῖς πλουσίοις· διὸ καὶ ἐν ἀρχῇ τῆς ἐλεγείας δεδοικέναι φησὶ
‘τήν τε φιλαργυρίαν τήν θ´ ὑπερηφανίαν’,
ὡς διὰ ταῦτα τῆς ἔχθρας ἐνεστώσης.
| [5] CHAPITRE V : Commencement de la démocratie. - Solon est choisi comme conciliateur.
Un pareil régime et l'asservissement de la multitude au petit nombre soulevèrent le peuple contre les nobles. La lutte fut acharnée et les deux partis étaient depuis longtemps debout l'un contre l'autre, quand ils s'entendirent pour prendre Solon comme conciliateur et l'élire archonte.
Ils s'en remettent à lui du soin de réformer la constitution, se souvenant de cette élégie qu'il avait faite et dont voici le début : Je sais tout le mal et je souffre au fond de mon cœur, quand je vois l'aînée des terres d'Ionie...
Dans la suite, il attaque à tour de rôle les uns et les autres, et leur donne tort et raison pour les pousser enfin à mettre, d'un commun accord, un terme aux dissensions qui se sont élevées entre eux.
Solon, par sa naissance et par sa réputation, comptait parmi les premiers des citoyens ; par sa fortune et sa situation, il faisait partie de la classe moyenne. On le sait d'ailleurs et lui-même le proclame dans ces vers, où il exhorte les riches à la modération : Sachez calmer en vos cœurs la violence de vos sentiments, vous qui en êtes venus au dégoût de vos biens trop abondants. Sachez maintenir votre grande âme dans la modération, car pour nous, nous ne vous céderons pas, et tout n'ira pas droit pour vous.
C'est ainsi qu'il rejette toujours sur les riches toute la responsabilité des dissensions. Aussi dit-il au commencement de son élégie, qu'il redoute l'avarice et l'orgueil d'où est née la haine.
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