[35] XXXV.
Οἱ μὲν οὖν τριάκοντα τοῦτον τὸν τρόπον κατέστησαν ἐπὶ Πυθοδώρου ἄρχοντος. γενόμενοι δὲ κύριοι τῆς πόλεως, τὰ μὲν ἄλλα τὰ δόξαντα περὶ τῆς πολιτείας παρεώρων, πεντακοσίους δὲ βουλευτὰς καὶ τὰς ἄλλας ἀρχὰς καταστήσαντες ἐκ προκρίτων {ἐκ τῶν}χιλίων, καὶ προσελόμενοι σφίσιν αὐτοῖς τοῦ Πειραιέως ἄρχοντας δέκα, καὶ τοῦ δεσμωτηρίου φύλακας ἕνδεκα, καὶ μαστιγοφόρους τριακοσίους ὑπηρέτας κατεῖχον τὴν πόλιν δι´ ἑαυτῶν. τὸ μὲν οὖν πρῶτον μέτριοι τοῖς πολίταις ἦσαν καὶ προσεποιοῦντο διώκειν τὴν πάτριον πολιτείαν, καὶ τούς τ´ Ἐφιάλτου καὶ Ἀρχεστράτου νόμους τοὺς περὶ τῶν Ἀρεοπαγιτῶν καθεῖλον ἐξ Ἀρείου πάγου, καὶ τῶν Σόλωνος θεσμῶν ὅσοι διαμφισβητήσεις ἔσχον, καὶ τὸ κῦρος ὃ ἦν ἐν τοῖς δικασταῖς κατέλυσαν, ὡς ἐπανορθοῦντες καὶ ποιοῦντες ἀναμφισβήτητον τὴν πολιτείαν, οἷον τὸν περὶ τοῦ δοῦναι τὰ ἑαυτοῦ ᾧ ἂν ἐθέλῃ κύριον ποιήσαντες καθάπαξ· τὰς δὲ προσούσας δυσκολίας, ‘ἐὰν μὴ μανιῶν ἢ γηρῶν ἢ γυναικὶ πιθόμενος’, ἀφεῖλον ὅπως μὴ ᾖ τοῖς συκοφάνταις ἔφοδος· ὁμοίως δὲ τοῦτ´ ἔδρων καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων.
κατ´ ἀρχὰς μὲν οὖν ταῦτ´ ἐποίουν, καὶ τοὺς συκοφάντας καὶ τοὺς τῷ δήμῳ πρὸς χάριν ὁμιλοῦντας παρὰ τὸ βέλτιστον καὶ κακοπράγμονας ὄντας καὶ πονηροὺς ἀνῄρουν, ἐφ´ οἷς ἔχαιρεν ἡ πόλις γιγνομένοις, ἡγούμενοι τοῦ βελτίστου χάριν ποιεῖν αὐτούς. ἐπεὶ δὲ τὴν πόλιν ἐγκρατέστερον ἔσχον, οὐδενὸς ἀπείχοντο τῶν πολιτῶν, ἀλλ´ ἀπέκτειναν τοὺς καὶ ταῖς οὐσίαις καὶ τῷ γένει καὶ τοῖς ἀξιώμασιν προέχοντας, ὑπεξαιρούμενοί τε τὸν φόβον καὶ βουλόμενοι τὰς οὐσίας διαρπάζειν. καὶ χρόνου διαπεσόντος βραχέος, οὐκ ἐλάττους ἀνῃρήκεσαν ἢ χιλίους πεντακοσίους.
| [35] CHAPITRE XXXV : Leur modération à l'origine. Leur cruauté.
Voilà comment fut établi le gouvernement des Trente sous l'archontat de Pythodoros (403 a. C. n.). Une fois maîtres de la ville, sans tenir compte de la décision prise au sujet des institutions politiques, ils recrutèrent un Conseil de cinq cents membres et les autres magistrats parmi les cinq mille citoyens désignés par l'élection. Ils s'adjoignirent ensuite dix archontes pour le Pirée, onze geôliers, et trois cents gardes armés de fouets : c'est avec cet appareil qu'ils maintinrent la cité dans leur pouvoir. Au début cependant ils firent preuve de modération à l'égard des citoyens, et, affectant d'observer les traditions politiques des ancêtres, ils supprimèrent de l'Aréopage les lois d'Ephialte et d'Archestratos contre les Aréopagites ; ils abolirent de même toutes celles des lois de Solon dont l'interprétation prêtait aux discussions, et enlevèrent ainsi aux juges le droit de trancher souverainement les contestations. En un mot, ils semblaient préoccupés de redresser la Constitution et d'en faire disparaître toutes les obscurités. Ainsi la loi qui autorisait tout Athénien à disposer de ses biens en faveur de qui il voulait, fut mise en vigueur sans aucune restriction ; toutes les réserves, si pleines de difficultés, à moins qu'il ne jouisse pas de sa raison, ou qu'il soit affaibli par la vieillesse, ou qu'il agisse sous l'effet du poison ou de la maladie, ou sous l'influence d'une femme, furent supprimées, de manière à ne pas laisser prise aux sycophantes. Le même esprit les guida dans la révision des autres lois.
Telle fut donc leur conduite au début. Ils se débarrassèrent aussi des sycophantes et de ces orateurs intrigants et pervers qui ne parlaient au peuple que pour le flatter, l'entraînant hors du bon chemin. La cité se réjouissait de ces mesures, et l'on croyait qu'ils n'étaient animés que par le désir de bien faire. Mais quand ils sentirent leur pouvoir plus assuré dans la ville, ils n'eurent d'égard pour aucun citoyen et massacrèrent tous ceux que leur fortune, leur naissance ou leurs titres mettaient en évidence, autant pour s'enlever tout sujet de crainte que pour mettre la main sur leurs biens. On compte qu'en peu de temps ils n'exécutèrent pas moins de quinze cents personnes.
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