[3] III.
Ἦν δ´ ἡ τάξις τῆς ἀρχαίας πολιτείας τῆς πρὸ Δράκοντος τοιάδε.
τὰς μὲν ἀρχὰς καθίστασαν ἀριστίνδην καὶ πλουτίνδην. ἦρχον δὲ τὸ μὲν πρῶτον διὰ βίου, μετὰ δὲ ταῦτα δεκαέτειαν.
μέγισται δὲ καὶ πρῶται τῶν ἀρχῶν ἦσαν βασιλεὺς καὶ πολέμαρχος καὶ ἄρχων· τούτων δὲ πρώτη μὲν ἡ τοῦ βασιλέως (αὕτη γὰρ ἦν πάτριος), δευτέρα δ´ ἐπικατέστη πολεμαρχία, διὰ τὸ γενέσθαι τινὰς τῶν βασιλέων τὰ πολέμια μαλακούς, ὅθεν καὶ τὸν Ἴωνα μετεπέμψαντο χρείας καταλαβούσης. τελευταία δ´ ἡ τοῦ ἄρχοντος· οἱ μὲν γὰρ πλείους ἐπὶ Μέδοντος, ἔνιοι δ´ ἐπὶ Ἀκάστου φασὶ γενέσθαι ταύτην· τεκμήριον δ´ ἐπιφέρουσιν, ὅτι οἱ ἐννέα ἄρχοντες ὀμνύουσιν ἢ μὴν τὰ ἐπὶ Ἀκάστου ὅρκια ποιήσειν, ὡς ἐπὶ τούτου τῆς βασιλείας παραχωρησάντων τῶν Κοδριδῶν ἀντὶ τῶν δοθεισῶν τῷ ἄρχοντι δωρεῶν. τοῦτο μὲν οὖν ὁποτέρως ποτ´ ἔχει, μικρὸν ἂν παραλλάττοι τοῖς χρόνοις. ὅτι δὲ τελευταία τούτων ἐγένετο τῶν ἀρχῶν, σημεῖον καὶ τὸ μηδὲν τῶν πατρίων τὸν ἄρχοντα διοικεῖν, ὥσπερ ὁ βασιλεὺς καὶ ὁ πολέμαρχος, ἀλλ´ ἁπλῶς τὰ ἐπίθετα· διὸ καὶ νεωστὶ γέγονεν ἡ ἀρχὴ μεγάλη, τοῖς ἐπιθέτοις αὐξηθεῖσα.
θεςμοθέται δὲ πολλοῖς ὕστερον ἔτεσιν ᾑρέθησαν, ἤδη κατ´ ἐνιαυτὸν αἱρουμένων τὰς ἀρχάς, ὅπως ἀναγράψαντες τὰ θέσμια φυλάττωσι πρὸς τὴν τῶν ἀμφιςβητούντων κρίσιν· διὸ καὶ μόνη τῶν ἀρχῶν οὐκ ἐγένετο πλείων ἐνιαυσίας. τοῖς μὲν οὖν χρόνοις τοσοῦτον προέχουσιν ἀλλήλων. ἦσαν δ´ οὐχ ἅμα πάντες οἱ ἐννέα ἄρχοντες, ἀλλ´ ὁ μὲν βασιλεὺς εἶχε τὸ νῦν καλούμενον Βουκόλιον, πλησίον τοῦ πρυτανείου (σημεῖον δέ· ἔτι καὶ νῦν γὰρ τῆς τοῦ βασιλέως γυναικὸς ἡ σύμμειξις ἐνταῦθα γίγνεται τῷ Διονύσῳ καὶ ὁ γάμος), ὁ δὲ ἄρχων τὸ πρυτανεῖον, ὁ δὲ πολέμαρχος τὸ Ἐπιλύκειον (ὃ πρότερον μὲν ἐκαλεῖτο πολεμαρχεῖον, ἐπεὶ δὲ Ἐπίλυκος ἀνῳκοδόμησε καὶ κατεσκεύασεν αὐτὸ πολεμαρχήσας, Ἐπιλύκειον ἐκλήθη), θεσμοθέται δ´ εἶχον τὸ θεσμοθετεῖον. ἐπὶ δὲ Σόλωνος ἅπαντες εἰς τὸ θεσμοθετεῖον συνῆλθον.
κύριοι δ´ ἦσαν καὶ τὰς δίκας αὐτοτελεῖς κρίνειν, καὶ οὐχ ὥσπερ νῦν προανακρίνειν. τὰ μὲν οὖν περὶ τὰς ἀρχὰς τοῦτον εἶχε τὸν τρόπον.
ἡ δὲ τῶν Ἀρεοπαγιτῶν βουλὴ τὴν μὲν τάξιν εἶχε τοῦ διατηρεῖν τοὺς νόμους, διῴκει δὲ τὰ πλεῖστα καὶ τὰ μέγιστα τῶν ἐν τῇ πόλει, καὶ κολάζουσα καὶ ζημιοῦσα πάντας τοὺς ἀκοσμοῦντας κυρίως. ἡ γὰρ αἵρεσις τῶν ἀρχόντων ἀριστίνδην καὶ πλουτίνδην ἦν, ἐξ ὧν οἱ Ἀρεοπαγῖται καθίσταντο. διὸ καὶ μόνη τῶν ἀρχῶν αὕτη μεμένηκε διὰ βίου καὶ νῦν.
| [3] CHAPITRE III : Institutions politiques.
Voici quelle était l'organisation de l'ancienne constitution qui était en vigueur avant Dracon.
Les magistrats étaient choisis dans les familles nobles et riches. Les charges furent d'abord conférées à vie, puis seulement pour dix ans.
Les plus importantes et les premières en date des magistratures furent celles du roi, du polémarque et de l'archonte : de celles-ci, la première fut celle du roi, qui existait à l'origine ; la polémarchie fut instituée en second lieu, parce que certains rois avaient montré de la faiblesse à la guerre : c'est ainsi que pressés par la nécessité, les Athéniens avaient fait appel à Ion. La dernière de ces magistratures fut l'archontat. Elle aurait été instituée, sous le règne de Médon, selon la plupart des auteurs; sous celui d'Acastos, selon quelques autres, et ces derniers ajoutent comme preuve, que les neuf archontes s'engagent dans leur serment à remplir leur charge comme au temps d'Acastos. Ce serait donc sous son règne que les Codrides auraient cédé à l'archonte quelques-uns de leurs privilèges. Quoi qu'il en soit de ces deux dates, il y a peu d'intervalle entre les deux époques, et nous avons la preuve que l'archontat fut institué en dernier lieu : l'archonte, en effet, à la différence du roi et du polémarque, n'a à veiller sur aucun des cultes établis par les ancêtres, mais seulement sur des cultes d'origine récente. Aussi cette magistrature n'est-elle devenue importante qu'assez tard, après s'être accrue de nouvelles attributions.
Les thesmothètes n'ont été institués que bien des années après, alors que déjà les magistratures n'étaient conférées que pour un an : on les chargea de rédiger par écrit les décisions ayant force de lois et de les garder pour servir à juger ceux qui les violeraient. De telles fonctions expliquent que, seuls les thesmothètes ne soient jamais restés plus d'une année en charge. Tel est l'ordre dans lequel se sont succédé ces magistrats.
A l'origine, les neuf archontes ne se tenaient pas tous dans le même édifice. Le roi occupait l'édifice qu'on appelle aujourd'hui Boukoléion, près du Prytanée : la preuve en est que, aujourd'hui encore, en cet endroit, est célébrée l'union de la femme du roi avec Dionysos. L'archonte se tenait au Prytanée, le polémarque à l'Épilykéion. Ce dernier édifice s'appelait primitivement Polémarchéion, mais après qu'Épilykos l'eut reconstruit et aménagé de nouveau, pendant qu'il était polémarque, on lui donna le nom d'Epilykéion. Les thesmothètes occupaient le Thesmothétéion. C'est là que, du temps de Solon, tous les archontes se réunirent.
Les archontes jouissaient du droit de juger souverainement dans les affaires qui leur étaient soumises : ils n'étaient pas, comme maintenant, simplement chargés de l'instruction. Voilà pour ce qui concerne les archontes.
Quant à l'Aréopage, il devait veiller à la conservation des lois. Il avait dans l'État les pouvoirs les plus étendus et l'autorité la plus haute, disposant du droit souverain d'infliger des châtiments ou des amendes aux auteurs de tout désordre. Les Aréopagites se recrutaient parmi les archontes, et ceux-ci avaient été pris dans les familles nobles et riches. Aussi cette charge est-elle la seule qui soit restée viagère : elle l'est encore.
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