[11] CHAPITRE Xl.
§ 1 Ἐναντίον δέ ἐστιν ἀγαθῷ μὲν ἐξ ἀνάγκης κακόν, — τοῦτο δὲ δῆλον τῇ καθ´ ἕκαστον ἐπαγωγῇ, οἷον ὑγιείᾳ νόσος καὶ δικαιοσύνῃ <14b> ἀδικία καὶ ἀνδρείᾳ δειλία, ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων , § 2. — κακῷ δὲ ὁτὲ μὲν ἀγαθὸν ἐναντίον ἐστίν, ὁτὲ δὲ κακόν· τῇ γὰρ ἐνδείᾳ κακῷ ὄντι ἡ ὑπερβολὴ ἐναντίον κακὸν ὄν· ὁμοίως δὲ καὶ ἡ μεσότης ἐναντία ἑκατέρῳ οὖσα ἀγαθόν. Ἐπ´ ὀλίγων δ´ ἂν τὸ τοιοῦτον ἴδοι τις, ἐπὶ δὲ τῶν πλείστων ἀεὶ τῷ κακῷ τὸ ἀγαθὸν ἐναντίον ἐστίν.
§ 3. — Ἔτι τῶν ἐναντίων οὐκ ἀναγκαῖον, ἐὰν θάτερον ᾖ, καὶ τὸ λοιπὸν εἶναι· ὑγιαινόντων γὰρ ἁπάντων ὑγίεια μὲν ἔσται, νόσος δὲ οὔ· ὁμοίως δὲ καὶ λευκῶν ὄντων ἁπάντων λευκότης μὲν ἔσται, μελανία δὲ οὔ. § 4. Ἔτι εἰ τὸ Σωκράτη ὑγιαίνειν τῷ Σωκράτη νοσεῖν ἐναντίον ἐστίν, μὴ ἐνδέχεται δὲ ἅμα ἀμφότερα τῷ αὐτῷ ὑπάρχειν, οὐκ ἂν ἐνδέχοιτο τοῦ ἑτέρου τῶν ἐναντίων ὄντος καὶ τὸ λοιπὸν εἶναι· ὄντος γὰρ τοῦ Σωκράτη ὑγιαίνειν οὐκ ἂν εἴη τὸ νοσεῖν Σωκράτη.
§ 5. Δῆλον δὲ ὅτι καὶ περὶ ταὐτὸν ἢ εἴδει ἢ γένει πέφυκε γίγνεσθαι τὰ ἐναντία· νόσος μὲν γὰρ καὶ ὑγίεια ἐν σώματι ζῴου, λευκότης δὲ καὶ μελανία ἁπλῶς ἐν σώματι, δικαιοσύνη δὲ καὶ ἀδικία ἐν ψυχῇ.
§ 6. Ἀνάγκη δὲ πάντα τὰ ἐναντία ἢ ἐν τῷ αὐτῷ γένει εἶναι ἢ ἐν τοῖς ἐναντίοις γένεσιν, ἢ αὐτὰ γένη εἶναι· λευκὸν μὲν γὰρ καὶ μέλαν ἐν τῷ αὐτῷ γένει, — χρῶμα γὰρ αὐτῶν τὸ γένος, — δικαιοσύνη δὲ καὶ ἀδικία ἐν τοῖς ἐναντίοις γένεσιν, — τοῦ μὲν γὰρ ἀρετή, τοῦ δὲ κακία τὸ γένος,— ἀγαθὸν δὲ καὶ κακὸν οὐκ ἔστιν ἐν γένει, ἀλλ´ αὐτὰ τυγχάνει γένη τινῶν ὄντα.
| [11] CHAPITRE Xl.
§ 1. Le mal est nécessairement contraire au bien; et cela est évident en parcourant les cas particuliers. La maladie est contraire à la santé, la justice <16b> à l'injustice, le courage à la lâcheté; et ainsi du reste. § 2. Mais si le bien est le contraire du mal, parfois aussi le mal est le contraire du mal : par exemple, le luxe qui est un mal, est le contraire de la misère qui est un mal aussi; et de même l'aisance, la médiocrité, qui est contraire à l'un et à l'autre, est un bien. Ceci, du reste, s'applique à un fort petit nombre de cas; dans la plupart, c'est le bien qui est le contraire du mal.
§ 3. En outre dans les contraires, l'existence de l'un n'entraîne pas nécessairement celle de l'autre. Si tout le monde se porte bien, la santé existera et la maladie n'existera point; et de même si tous les objets sont blancs la blancheur existera et la noirceur n'existera pas. § 4. II y a plus; si « Socrate se porte bien » est contraire à « Socrate est malade », comme il n'est pas possible que les deux choses existent à la fois dans le même individu, il est impossible aussi que l'un des contraires existant, l'autre existe aussi; car si ce fait : « Socrate se porte bien », existe, cet autre fait : « Socrate est malade », n'existe pas.
§ 5. II est évident que les contraires sont naturellement applicables à un objet identique, soit en genre soit en espèce. Ainsi, la maladie et la santé sont naturellement placées dans le corps de l'animal; la blancheur et la noirceur ne peuvent être non plus que dans le corps, la justice et l'iniquité, que dans le cœur de l'homme.
§ 6. Il faut nécessairement pour tous les contraires qu'ils soient ou dans des genres contraires, ou dans le même genre, ou enfin qu'ils soient eux-mêmes des genres. Noir et blanc appartiennent à un même genre, puisque la couleur est le genre de tous les deux: justice et iniquité sont dans des genres contraires; car le genre de l'un c'est la vertu, celui de l'autre c'est le vice. Enfin, le bien et le mal ne sont pas dans un genre, mais ils sont eux-mêmes genres de certaines choses.
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