HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristophane, Les grenouilles

φράσω



Texte grec :

[1150] (Αἰσχύλος) Διόνυσε πίνεις οἶνον οὐκ ἀνθοσμίαν.
(Διόνυσος)
λέγ᾽ ἕτερον αὐτῷ· σὺ δ᾽ ἐπιτήρει τὸ βλάβος.
(Αἰσχύλος)
”σωτὴρ γενοῦ μοι σύμμαχός τ᾽ αἰτουμένῳ.
ἥκω γὰρ ἐς γῆν τήνδε καὶ κατέρχομαι --“
(Εὐριπίδης)
δὶς ταὐτὸν ἡμῖν εἶπεν ὁ σοφὸς Αἰσχύλος.
1155 (Διόνυσος) πῶς δίς;
(Εὐριπίδης)
σκόπει τὸ ῥῆμ᾽· ἐγὼ δέ σοι φράσω.
”ἥκω γὰρ ἐς γῆν“, φησί, “καὶ κατέρχομαι“·
”ἥκω“ δὲ ταὐτόν ἐστι τῷ ”κατέρχομαι“.
(Διόνυσος)
νὴ τὸν Δί᾽ ὥσπερ γ᾽ εἴ τις εἴποι γείτονι,
”χρῆσον σὺ μάκτραν, εἰ δὲ βούλει, κάρδοπον“.
1160 (Αἰσχύλος) οὐ δῆτα τοῦτό γ᾽ ὦ κατεστωμυλμένε
ἄνθρωπε ταὔτ᾽ ἔστ᾽, ἀλλ᾽ ἄριστ᾽ ἐπῶν ἔχον.
(Εὐριπίδης)
πῶς δή; δίδαξον γάρ με καθ᾽ ὅ τι δὴ λέγεις;
(Αἰσχύλος)
”ἐλθεῖν“ μὲν ἐς γῆν ἔσθ᾽ ὅτῳ μετῇ πάτρας·
χωρὶς γὰρ ἄλλης συμφορᾶς ἐλήλυθεν·
1165 φεύγων δ᾽ ἀνὴρ ”ἥκει“ τε καὶ ”κατέρχεται“.
(Διόνυσος)
εὖ νὴ τὸν Ἀπόλλω. τί σὺ λέγεις Εὐριπίδη;
(Εὐριπίδης)
οὐ φημὶ τὸν Ὀρέστην κατελθεῖν οἴκαδε·
λάθρᾳ γὰρ ἦλθεν οὐ πιθὼν τοὺς κυρίους.
(Διόνυσος)
εὖ νὴ τὸν Ἑρμῆν· ὅ τι λέγεις δ᾽ οὐ μανθάνω.
1170 (Εὐριπίδης) πέραινε τοίνυν ἕτερον.
(Διόνυσος)
ἴθι πέραινε σὺ
Αἰσχύλ᾽ ἀνύσας· σὺ δ᾽ ἐς τὸ κακὸν ἀπόβλεπε.
(Αἰσχύλος)
”τύμβου δ᾽ ἐπ᾽ ὄχθῳ τῷδε κηρύσσω πατρὶ
κλύειν ἀκοῦσαι“.
(Εὐριπίδης)
τοῦθ᾽ ἕτερον αὖθις λέγει,
”κλύειν ἀκοῦσαι“, ταὐτὸν ὂν σαφέστατα.
1175 (Διόνυσος) τεθνηκόσιν γὰρ ἔλεγεν ὦ μόχθηρε σύ,
οἷς οὐδὲ τρὶς λέγοντες ἐξικνούμεθα.
(Αἰσχύλος)
σὺ δὲ πῶς ἐποίεις τοὺς προλόγους;
(Εὐριπίδης)
ἐγὼ φράσω.
κἄν που δὶς εἴπω ταὐτόν, ἢ στοιβὴν ἴδῃς
ἐνοῦσαν ἔξω τοῦ λόγου, κατάπτυσον.
1180 (Διόνυσος) ἴθι δὴ λέγ᾽· οὐ γάρ μοὔστιν ἀλλ᾽ ἀκουστέα
τῶν σῶν προλόγων τῆς ὀρθότητος τῶν ἐπῶν.
(Εὐριπίδης)
”ἦν Οἰδίπους τὸ πρῶτον εὐδαίμων ἀνήρ“--
(Αἰσχύλος)
μὰ τὸν Δί᾽ οὐ δῆτ᾽, ἀλλὰ κακοδαίμων φύσει,
ὅντινά γε πρὶν φῦναι μὲν Ἁπόλλων ἔφη
1185 ἀποκτενεῖν τὸν πατέρα, πρὶν καὶ γεγονέναι·
πῶς οὗτος ἦν τὸ πρῶτον εὐδαίμων ἀνήρ;
(Εὐριπίδης) ”εἶτ᾽ ἐγένετ᾽ αὖθις ἀθλιώτατος βροτῶν“.
(Αἰσχύλος)
μὰ τὸν Δί᾽ οὐ δῆτ᾽, οὐ μὲν οὖν ἐπαύσατο.
πῶς γάρ; ὅτε δὴ πρῶτον μὲν αὐτὸν γενόμενον
1190 χειμῶνος ὄντος ἐξέθεσαν ἐν ὀστράκῳ,
ἵνα μὴ ᾽κτραφεὶς γένοιτο τοῦ πατρὸς φονεύς·
εἶθ᾽ ὡς Πόλυβον ἤρρησεν οἰδῶν τὼ πόδε·
ἔπειτα γραῦν ἔγημεν αὐτὸς ὢν νέος
καὶ πρός γε τούτοις τὴν ἑαυτοῦ μητέρα·
1195 εἶτ᾽ ἐξετύφλωσεν αὑτόν.
(Διόνυσος)
εὐδαίμων ἄρ᾽ ἦν,
εἰ κἀστρατήγησέν γε μετ᾽ Ἐρασινίδου.
(Εὐριπίδης)
ληρεῖς· ἐγὼ δὲ τοὺς προλόγους καλοὺς ποιῶ.
(Αἰσχύλος)
καὶ μὴν μὰ τὸν Δί᾽ οὐ κατ᾽ ἔπος γέ σου κνίσω
τὸ ῥῆμ᾽ ἕκαστον, ἀλλὰ σὺν τοῖσιν θεοῖς

Traduction française :

[1150] ESCHYLE. Dionysos, tu bois un vin dépourvu de bouquet.
DIONYSOS. Passe à l'autre vers; et toi, observe les fautes.
ESCHYLE. « Sois mon sauveur et mon aide, je t'en supplie : car
je viens dans cette contrée, et j'y rentre. »
EURIPIDE. C'est deux fois la même chose que nous dit l'habile
Eschyle.
DIONYSOS. Comment deux fois ?
EURIPIDE. Vois bien la phrase ; je vais te la dire : « Je viens
dans cette contrée, et j'y rentre. »
DIONYSOS. De par Zeus ! c'est comme si quelqu'un disait à son
voisin : « Prête-moi ta huche, ou, si tu veux, ton pétrin. »
ESCHYLE. Ce n'est pas cela du tout, insigne bavard, mais mon
expression est excellente.
DIONYSOS. Comment cela ? Indique-moi de quelle manière tu
l'entends.
ESCHYLE. Venir dans une contrée est le fait de tout homme qui
en est étranger : car il y vient sans avoir éprouvé aucune
infortune ; mais un exilé "y vient et y rentre".
DIONYSOS. Bien, par Apollon! Que dis-tu, Euripide ?
EURIPIDE. Je dis qu'Oreste n'est pas rentré dans sa patrie : il est
venu en secret, sans l'aveu des maîtres du pays.
DIONYSOS. Bien, par Hermès ! Mais je ne te comprends pas.
EURIPIDE. Passe à un autre.
DIONYSOS. Allons, achève, Eschyle, et vivement. Toi, aie l'oeil
sur le mauvais.
ESCHYLE. "Au sommet de ce tombeau, je prie mon père de
m'écouter, de m'entendre."
EURIPIDE. Cette redite des mots "écouter, entendre", est une
tautologie toute pure.
ESCHYLE. Mais, malheureux, il parle à des morts, auxquels il
ne nous suffit pas de dire trois fois la même chose. Et toi,
comment faisais-tu tes prologues ?
EURIPIDE. Je vais le dire ; et, si j'emploie deux fois la même
expression, ou si tu vois du remplissage déborder de mon style,
conspue-moi.
DIONYSOS. Allons, dis ; je n'ai rien à faire qu'à t'écouter et à
constater l'allure droite du vers de tes prologues.
EURIPIDE. "Oedipe était d'abord un heureux homme."
ESCHYLE. De par Zeus ! non pas ; mais de sa nature destiné au
malheur, puisque, avant même sa naissance, Apollon prédit qu'il
tuerait son père. Ainsi comment était-il tout d'abord un heureux
homme ?
EURIPIDE. "Et ensuite il devint le plus malheureux des mortels."
ESCHYLE. De par Zeus! non pas ; car il ne cessa jamais de l'être.
En effet, à peine est-il né qu'on l'expose, en plein hiver, dans un
vase de terre, de peur que, si on l'élevait, il ne devînt le
meurtrier de son père; il se rend ensuite chez Polybe, avec ses
pieds enflés ; puis, jeune encore, il épouse une vieille femme, et,
pour comble d'étrangeté, sa propre mère ; enfin, il se crève les yeux.
DIONYSOS. Certes, il aurait été heureux, s'il avait été stratège
avec Érasinidés.
EURIPIDE. Tu radotes ; je suis un excellent faiseur de prologues.
ESCHYLE. Assurément, de par Zeus ! je n'éplucherai pas
chacune de tes paroles ; mais avec l'aide des dieux,





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Dernière mise à jour : 14/07/2005