Texte grec :
[1400] ”βέβληκ᾽ Ἀχιλλεὺς δύο κύβω καὶ τέτταρα“.
λέγοιτ᾽ ἄν, ὡς αὕτη ᾽στὶ λοιπὴ σφῷν στάσις.
(Εὐριπίδης)
”σιδηροβριθές τ᾽ ἔλαβε δεξιᾷ ξύλον“.
(Αἰσχύλος)
”ἐφ᾽ ἅρματος γὰρ ἅρμα καὶ νεκρῷ νεκρός“.
(Διόνυσος)
ἐξηπάτηκεν αὖ σὲ καὶ νῦν.
(Εὐριπίδης) τῷ τρόπῳ;
1405 (Διόνυσος) δύ᾽ ἅρματ᾽ εἰσέθηκε καὶ νεκρὼ δύο,
οὓς οὐκ ἂν ἄραιντ᾽ οὐδ᾽ ἑκατὸν Αἰγύπτιοι.
(Αἰσχύλος)
καὶ μηκέτ᾽ ἔμοιγε κατ᾽ ἔπος, ἀλλ᾽ ἐς τὸν σταθμὸν
αὐτὸς τὰ παιδί᾽ ἡ γυνὴ Κηφισοφῶν
ἐμβὰς καθήσθω, συλλαβὼν τὰ βιβλία·
1410 ἐγὼ δὲ δύ᾽ ἔπη τῶν ἐμῶν ἐρῶ μόνον.
(Διόνυσος)
ἅνδρες φίλοι, κἀγὼ μὲν αὐτοὺς οὐ κρινῶ.
οὐ γὰρ δι᾽ ἔχθρας οὐδετέρῳ γενήσομαι.
τὸν μὲν γὰρ ἡγοῦμαι σοφὸν τῷ δ᾽ ἥδομαι.
(Πλούτων)
οὐδὲν ἄρα πράξεις ὧνπερ ἦλθες οὕνεκα;
1415 (Διόνυσος) ἐὰν δὲ κρίνω;
(Πλούτων)
τὸν ἕτερον λαβὼν ἄπει,
ὁπότερον ἂν κρίνῃς, ἵν᾽ ἔλθῃς μὴ μάτην.
(Διόνυσος)
εὐδαιμονοίης. φέρε πύθεσθέ μου ταδί.
ἐγὼ κατῆλθον ἐπὶ ποιητήν. τοῦ χάριν;
ἵν᾽ ἡ πόλις σωθεῖσα τοὺς χοροὺς ἄγῃ.
1420 ὁπότερος οὖν ἂν τῇ πόλει παραινέσῃ
μᾶλλόν τι χρηστόν, τοῦτον ἄξειν μοι δοκῶ.
πρῶτον μὲν οὖν περὶ Ἀλκιβιάδου τίν᾽ ἔχετον
γνώμην ἑκάτερος; ἡ πόλις γὰρ δυστοκεῖ.
(Εὐριπίδης) ἔχει δὲ περὶ αὐτοῦ τίνα γνώμην;
(Διόνυσος) τίνα;
1425 ποθεῖ μέν, ἐχθαίρει δέ, βούλεται δ᾽ ἔχειν.
ἀλλ᾽ ὅ τι νοεῖτον εἴπατον τούτου πέρι.
(Εὐριπίδης)
μισῶ πολίτην, ὅστις ὠφελεῖν πάτραν
βραδὺς πέφυκε μεγάλα δὲ βλάπτειν ταχύς,
καὶ πόριμον αὑτῷ τῇ πόλει δ᾽ ἀμήχανον.
1430 (Διόνυσος) εὖ γ᾽ ὦ Πόσειδον· σὺ δὲ τίνα γνώμην ἔχεις;
Δις.
οὐ χρὴ λέοντος σκύμνον ἐν πόλει τρέφειν,
{μάλιστα μὲν λέοντα μὴ ν᾽ πόλει τρέφειν,}
ἢν δ᾽ ἐκτραφῇ τις, τοῖς τρόποις ὑπηρετεῖν.
(Διόνυσος)
νὴ τὸν Δία τὸν σωτῆρα δυσκρίτως γ᾽ ἔχω·
ὁ μὲν σοφῶς γὰρ εἶπεν, ὁ δ᾽ ἕτερος σαφῶς.
1435 ἀλλ᾽ ἔτι μίαν γνώμην ἑκάτερος εἴπατον
περὶ τῆς πόλεως ἥντιν᾽ ἔχετον σωτηρίαν.
(Εὐριπίδης)
εἴ τις πτερώσας Κλεόκριτον Κινησίᾳ,
αἴροιεν αὖραι πελαγίαν ὑπὲρ πλάκα.
(Διόνυσος)
γέλοιον ἂν φαίνοιτο· νοῦν δ᾽ ἔχει τίνα;
(Εὐριπίδης)
1440 εἰ ναυμαχοῖεν κᾆτ᾽ ἔχοντες ὀξίδας
ῥαίνοιεν ἐς τὰ βλέφαρα τῶν ἐναντίων.
ἐγὼ μὲν οἶδα καὶ θέλω φράζειν.
(Διόνυσος) λέγε.
(Εὐριπίδης)
ὅταν τὰ νῦν ἄπιστα πίσθ᾽ ἡγώμεθα,
τὰ δ᾽ ὄντα πίστ᾽ ἄπιστα.
(Διόνυσος)
πῶς; οὐ μανθάνω.
1445 ἀμαθέστερόν πως εἰπὲ καὶ σαφέστερον.
(Εὐριπίδης)
εἰ τῶν πολιτῶν οἷσι νῦν πιστεύομεν,
τούτοις ἀπιστήσαιμεν, οἷς δ᾽ οὐ χρώμεθα,
τούτοισι χρησαίμεσθ᾽, ἴσως σωθεῖμεν ἄν.
εἰ νῦν γε δυστυχοῦμεν ἐν τούτοισι, πῶς
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Traduction française :
[1400] « Achille a amené au jeu de dés deux et quatre. »
Parlez ; ceci est pour vous la dernière épreuve.
EURIPIDE. « Sa main saisit une massue lourde comme le fer. »
ESCHYLE. « Char sur char, mort sur mort. »
DIONYSOS. Tu as encore le dessous cette fois.
EURIPIDE. Comment cela ?
DIONYSOS. Il a mis au plateau deux chars et deux morts : c'est
un poids que ne soulèveraient pas cent Egyptiens.
ESCHYLE. Qu'il ne m'oppose plus un vers, mais qu'il mette
dans la balance lui-même, ses enfants, sa femme, Cèphisophon ;
qu'il s'y tienne après, lui et ses livres; à moi dire deux de mes
vers, cela me suffira.
DIONYSOS. Ce sont des amis, je ne les jugerai point; car je ne
veux être pour aucun d'eux un objet de haine ; je regarde l'un
comme sage, et l'autre me plaît.
PLUTON. Ainsi tu n'auras point fait ce pour quoi tu étais venu ?
DIONYSOS. Et si je prononce ?
PLUTON. Pars, et emmène celui des deux que tu auras préféré,
afin de n'être pas venu pour rien.
DIONYSOS. A la bonne heure ! Eh bien, sachez de moi ceci. Je
suis descendu ici chercher un poète.
EURIPIDE. Dans quelle intention ?
DIONYSOS. Afin que la ville sauvée organise des choeurs.
Celui de vous deux qui donnera à la République un bon avis, j'ai
résolu de l'emmener. Et d'abord quel est à l'un et à l'autre votre
sentiment sur Alcibiade ; car l'État est en travail d'enfant.
EURIPIDE. Et que pense-t-on de lui ? Et quel sentiment a-t-on à
son égard ?
DIONYSOS. Quel sentiment ? On le regrette, on le hait, et on
veut l'avoir. Mais ce que vous deux vous pensez de lui, dites-le !
EURIPIDE. Je hais un citoyen lent à servir sa patrie, prompt à
lui causer les plus grands torts, habile pour lui-même, et inutile
pour l'État.
DIONYSOS. Bien, par Poséidon ! Et toi, quel est ton sentiment ?
ESCHYLE. II ne faut pas nourrir un lionceau dans une ville, et,
si l'on en nourrit un, il faut obéir à ses caprices.
DIONYSOS. Par Zeus Sauveur ! j'ai de la peine à décider : l'un a
parlé sagement; l'autre, clairement. Mais dites-moi encore l'un et
l'autre votre sentiment sur le moyen de sauver l'État.
EURIPIDE. Ce serait de donner Cléocrite pour ailes à Cinésias,
afin que le souffle des vents les emporte par delà le rivage de la mer.
DIONYSOS. Plaisant spectacle, mais quel en est le sens ?
EURIPIDE. En cas de combat naval, ils auraient des fioles
pleines de vinaigre, dont ils arroseraient les yeux des ennemis.
Mais j'ai une idée et je veux vous la dire.
DIONYSOS. Parle.
EURIPIDE. Ce qui n'est pas, en ce moment, digne de confiance,
ayons-y confiance; et ce qui est digne de confiance, n'y ayons pas
confiance.
DIONYSOS. Comment ? Je ne comprends pas. Parle moins
savamment et plus clairement.
EURIPIDE. Si ceux des citoyens qui ont maintenant notre
confiance, nous nous en défions, et si ceux dont nous n'usons
pas, nous en faisons usage, nous sommes sauvés. Car si, en ce
moment, il y en a qui font notre malheur,
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