HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristophane, Les grenouilles

σμιλεύματά



Texte grec :

[850] γάμους δ᾽ ἀνοσίους ἐσφέρων ἐς τὴν τέχνην.
(Διόνυσος)
ἐπίσχες οὗτος ὦ πολυτίμητ᾽ Αἰσχύλε.
ἀπὸ τῶν χαλαζῶν δ᾽ ὦ πόνηρ᾽ Εὐριπίδη
ἄναγε σεαυτὸν ἐκποδών, εἰ σωφρονεῖς,
ἵνα μὴ κεφαλαίῳ τὸν κρόταφόν σου ῥήματι
855 θενὼν ὑπ᾽ ὀργῆς ἐκχέῃ τὸν Τήλεφον·
σὺ δὲ μὴ πρὸς ὀργὴν Αἰσχύλ᾽ ἀλλὰ πρᾳόνως
ἔλεγχ᾽ ἐλέγχου· λοιδορεῖσθαι δ᾽ οὐ πρέπει
ἄνδρας ποιητὰς ὥσπερ ἀρτοπώλιδας.
σὺ δ᾽ εὐθὺς ὥσπερ πρῖνος ἐμπρησθεὶς βοᾷς.
(Εὐριπίδης)
860 ἕτοιμός εἰμ᾽ ἔγωγε, κοὐκ ἀναδύομαι,
δάκνειν δάκνεσθαι πρότερος, εἰ τούτῳ δοκεῖ,
τἄπη, τὰ μέλη, τὰ νεῦρα τῆς τραγῳδίας,
καὶ νὴ Δία τὸν Πηλέα γε καὶ τὸν Αἴολον
καὶ τὸν Μελέαγρον κἄτι μάλα τὸν Τήλεφον.
865 (Διόνυσος) τί δαὶ σὺ βουλεύει ποιεῖν; λέγ᾽ Αἰσχύλε.
(Αἰσχύλος)
ἐβουλόμην μὲν οὐκ ἐρίζειν ἐνθάδε·
οὐκ ἐξ ἴσου γάρ ἐστιν ἁγὼν νῷν.
(Διόνυσος) τί δαί;
(Αἰσχύλος)
ὅτι ἡ ποίησις οὐχὶ συντέθνηκέ μοι,
τούτῳ δὲ συντέθνηκεν, ὥσθ᾽ ἕξει λέγειν.
870 ὅμως δ᾽ ἐπειδή σοι δοκεῖ, δρᾶν ταῦτα χρή.
(Διόνυσος)
ἴθι νυν λιβανωτὸν δεῦρό τις καὶ πῦρ δότω.
ὅπως ἂν εὔξωμαι πρὸ τῶν σοφισμάτων
ἀγῶνα κρῖναι τόνδε μουσικώτατα·
ὑμεῖς δὲ ταῖς Μούσαις τι μέλος ὑπᾴσατε.
875 (Χορός) ὦ Διὸς ἐννέα παρθένοι ἁγναὶ
Μοῦσαι, λεπτολόγους ξυνετὰς φρένας αἳ καθορᾶτε
ἀνδρῶν γνωμοτύπων, ὅταν εἰς ἔριν ὀξυμερίμνοις
ἔλθωσι στρεβλοῖσι παλαίσμασιν ἀντιλογοῦντες,
ἔλθετ᾽ ἐποψόμεναι δύναμιν
880 δεινοτάτοιν στομάτοιν πορίσασθαι
ῥήματα καὶ παραπρίσματ᾽ ἐπῶν.
νῦν γὰρ ἀγὼν σοφίας ὁ μέγας χωρεῖ πρὸς ἔργον ἤδη.
885 (Διόνυσος) εὔχεσθε δὴ καὶ σφώ τι πρὶν τἄπη λέγειν.
(Αἰσχύλος)
Δήμητερ ἡ θρέψασα τὴν ἐμὴν φρένα,
εἶναί με τῶν σῶν ἄξιον μυστηρίων.
(Διόνυσος) ἐπίθες λαβὼν δὴ καὶ σὺ λιβανωτόν.
(Εὐριπίδης) καλῶς·
ἕτεροι γάρ εἰσιν οἷσιν εὔχομαι θεοῖς.
890 (Διόνυσος) ἴδιοί τινές σοι, κόμμα καινόν;
(Εὐριπίδης) καὶ μάλα.
(Διόνυσος)
ἴθι δὴ προσεύχου τοῖσιν ἰδιώταις θεοῖς.
(Εὐριπίδης)
αἰθὴρ ἐμὸν βόσκημα καὶ γλώσσης στρόφιγξ
καὶ ξύνεσι καὶ μυκτῆρες ὀσφραντήριοι,
ὀρθῶς μ᾽ ἐλέγχειν ὧν ἂν ἅπτωμαι λόγων.
895 (Χορός)
καὶ μὴν ἡμεῖς ἐπιθυμοῦμεν
παρὰ σοφοῖν ἀνδροῖν ἀκοῦσαι
τίνα λόγων ἐμμέλειαν
ἔπιτε δαΐαν ὁδόν.
γλῶσσα μὲν γὰρ ἠγρίωται,
λῆμα δ᾽ οὐκ ἄτολμον ἀμφοῖν,
οὐδ᾽ ἀκίνητοι φρένες.

Traduction française :

[850] introducteur dans l'art d'hyménées incestueux !
DIONYSOS. Modère-toi, vénérable Eschyle ; et toi, pour éviter
la grêle, misérable Euripide, dérobe-toi vite, si tu es sage, de
peur que, dans sa colère, il ne te lance à la tête quelque grand
mot qui en fasse jaillir « Tèléphos » ! Toi, Eschyle, apaise ton
courroux ; mais, en critiquant, critique avec modération. Il ne
convient pas que des poètes s'injurient comme des boulangères ;
et toi, tu cries tout de suite comme de l'yeuse enflammée.
EURIPIDE. Moi, je suis tout prêt, sans broncher, à mordre ou à
être mordu le premier, si bon lui semble, sur les vers, sur les
morceaux lyriques, sur le nerf de la tragédie, et, j'en atteste Zeus
! sur Pélée, sur Aolos, sur Méléagre, et même sur Tèlèphe.
DIONYSOS. Et toi, que résous-tu de faire ? Parle, Eschyle.
ESCHYLE. Moi, j'aurais désiré ne pas combattre ici ; car la partie
n'est pas égale.
DIONYSOS. Pourquoi ?
ESCHYLE. C'est que ma poésie n'est pas morte avec moi, tandis
que la sienne est morte avec lui, si bien qu'il aura matière à
parole. Toutefois, puisque c'est ton désir, il faut agir ainsi.
DIONYSOS. Voyons, maintenant, qu'on apporte ici l'encens et
le feu pour prier le ciel, avant leur lutte ingénieuse, de me faire
juger ce débat en habile connaisseur. Et vous, chantez un hymne
aux Muses.
LE CHOEUR. O neuf Vierges, filles de Zeus, chastes Muses,
vous qui voyez les âmes subtiles et ingénieuses des forgeurs de
pensées, lorsqu'ils entrent en dispute, armés de leurs artifices les
plus déliés, venez contempler la puissance de deux bouches très
éloquentes, fournissez-leur des paroles et le prisme des vers.
C'est aujourd'hui le grand combat du génie : la lutte est près de
s'engager.
DIONYSOS. Faites tous deux quelque prière, avant de dire vos vers.
ESCHYLE. Démétèr, qui as nourri mon esprit, puissé-je me
montrer digne de tes Mystères !
DIONYSOS. Toi aussi, prends et brûle de l'encens.
EURIPIDE. C'est juste ; car j'ai aussi d'autres dieux que
j'invoque.
DIONYSOS. Des dieux à toi, de fabrique nouvelle ?
EURIPIDE. Assurément.
DIONYSOS. Eh bien! adresse-toi à ces dieux particuliers.
EURIPIDE. Ether, qui me sers de nourriture, volubilité de la
langue, finesse de l'esprit, subtilité de l'odorat, donnez la force
persuasive aux réfutations que je vais prononcer.
LE CHOEUR. Certes, nous brûlons d'entendre les paroles
rhythmées de ces deux hommes habiles et leurs ingénieux
procédés. Leur langue est acérée ; ni l'un ni l'autre n'a le coeur
dépourvu d'audace ; leur âme est intrépide.





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Dernière mise à jour : 14/07/2005