Texte grec :
[100] ὅταν καθῶμεν ὃν περιδησόμεσθ´ ἐκεῖ,
101 τίς οὐκ ἂν ἡμᾶς ἄνδρας ἡγήσαιθ´ ὁρῶν;
102 Ἀγύρριος γοῦν τὸν Προνόμου πώγων´ ἔχων
103 λέληθε· καίτοι πρότερον ἦν οὗτος γυνή.
104 νυνὶ δ´, ὁρᾷς, πράττει τὰ μέγιστ´ ἐν τῇ πόλει.
105 τούτου γέ τοι, νὴ τὴν ἐπιοῦσαν ἡμέραν,
106 τόλμημα τολμῶμεν τοσοῦτον οὕνεκα,
107 ἤν πως παραλαβεῖν τῆς πόλεως τὰ πράγματα
108 δυνώμεθ´ ὥστ´ ἀγαθόν τι πρᾶξαι τὴν πόλιν.
109 νῦν μὲν γὰρ οὔτε θέομεν οὔτ´ ἐλαύνομεν.
110 (ΓΥΝΗ Α) καὶ πῶς γυναικῶν θηλύφρων ξυνουσία
111 δημηγορήσει; (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) πολὺ μὲν οὖν ἄριστά που.
112 λέγουσι γὰρ καὶ τῶν νεανίσκων ὅσοι
113 πλεῖστα σποδοῦνται, δεινοτάτους εἶναι λέγειν.
114 ἡμῖν δ´ ὑπάρχει τοῦτο κατὰ τύχην τινά.
115 (ΓΥΝΗ Α) οὐκ οἶδα. δεινὸν δ´ ἐστὶν ἡ μὴ ´μπειρία.
116 (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) οὔκουν ἐπίτηδες ξυνελέγημεν ἐνθάδε,
117 ὅπως προμελετήσωμεν ἁκεῖ δεῖ λέγειν;
118 οὐκ ἂν φθάνοις τὸ γένειον ἂν περιδουμένη
119 ἄλλαι θ´ ὅσαι λαλεῖν μεμελετήκασί που.
120 (ΓΥΝΗ Α) τίς δ´ ὦ μέλ´ ἡμῶν οὐ λαλεῖν ἐπίσταται;
121 (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) ἴθι δὴ σὺ περιδοῦ καὶ ταχέως ἀνὴρ γενοῦ.
122 ἐγὼ δὲ θεῖσα τοὺς στεφάνους περιδήσομαι
123 καὐτὴ μεθ´ ὑμῶν, ἤν τί μοι δόξῃ λέγειν.
124 (ΓΥΝΗ Β) δεῦρ´ ὦ γλυκυτάτη Πραξαγόρα, σκέψαι τάλαν
125 ὡς καὶ καταγέλαστον τὸ πρᾶγμα φαίνεται.
126 (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) πῶς καταγέλαστον; (ΓΥΝΗ Β) ὥσπερ εἴ τις σηπίαις
127 πώγωνα περιδήσειεν ἐσταθευμέναις.
128 (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) ὁ περιστίαρχος, περιφέρειν χρὴ τὴν γαλῆν.
129 πάριτ´ ἐς τὸ πρόσθεν. Ἀρίφραδες, παῦσαι λαλῶν.
130 κάθιζε παριών. τίς ἀγορεύειν βούλεται;
131 (ΓΥΝΗ Α) ἐγώ. (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) περίθου δὴ τὸν στέφανον τύχἀγαθῇ.
132 (ΓΥΝΗ Α) ἰδού. (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) λέγοις ἄν. (ΓΥΝΗ Α) εἶτα πρὶν πιεῖν λέγω;
133 (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) ἰδοὺ πιεῖν. (ΓΥΝΗ Α) τί γὰρ ὦ μέλ´ ἐστεφανωσάμην;
134 (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) ἄπιθ´ ἐκποδών· τοιαῦτ´ ἂν ἡμᾶς ἠργάσω
135 κἀκεῖ. (ΓΥΝΗ Α) τί δ´; οὐ πίνουσι κἀν τἠκκλησίᾳ;
136 (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) ἰδού γε σοὶ πίνουσι. (ΓΥΝΗ Α) νὴ τὴν Ἄρτεμιν,
137 καὶ ταῦτά γ´ εὔζωρον. τὰ γοῦν βουλεύματα
138 αὐτῶν, ὅς´ ἂν πράξωσιν ἐνθυμουμένοις,
139 ὥσπερ μεθυόντων ἐστὶ παραπεπληγμένα.
140 καὶ νὴ Δία σπένδουσί γ´· ἢ τίνος χάριν
141 τοσαῦτ´ ἂν ηὔχοντ´, εἴπερ οἶνος μὴ παρῆν;
142 καὶ λοιδοροῦνταί γ´ ὥσπερ ἐμπεπωκότες,
143 καὶ τὸν παροινοῦντ´ ἐκφέρους´ οἱ τοξόται.
144 (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) σὺ μὲν βάδιζε καὶ κάθης´· οὐδὲν γὰρ εἶ.
145 (ΓΥΝΗ Α) νὴ τὸν Δί´, ἦ μοι μὴ γενειᾶν κρεῖττον ἦν·
146 δίψῃ γάρ, ὡς ἔοικ´, ἀφαυανθήσομαι.
147 (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) ἔσθ´ ἥτις ἑτέρα βούλεται λέγειν; (ΓΥΝΗ Β) ἐγώ.
148 (ΠΡΑΞΑΓΟΡΑ) ἴθι δὴ στεφανοῦ· καὶ γὰρ τὸ χρῆμ´ ἐργάζεται.
149 ἄγε νυν ὅπως ἀνδριστὶ καὶ καλῶς ἐρεῖς
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Traduction française :
[100] Avec cette longue barbe attachée à notre visage,
qui, en nous voyant, ne nous prendra pas pour des
hommes ? Ainsi Agyrrhios n'a pas été reconnu,
grâce à la barbe de Pronomos. C'était alors une
femme ; et maintenant, tu vois, il remue les plus
grandes affaires de l'État : allons donc, et mettons-
nous à l'œuvre, tandis que les astres brillent au
ciel ; car l'assemblée à laquelle nous nous
proposons de nous rendre doit commencer à l'aurore.
(110) (PREMIÈRE FEMME) De par Zeus ! il faut que je
prenne séance, sous la pierre, en face des Prytanes.
(PRAXAGORA) Oui, par le jour qui va naître !
osons l'acte d'audace qui nous permettra de
prendre en main les affaires de la Ville et de
rendre service à l'État. Car à présent nous ne
naviguons ni à la voile, ni à la rame.
(SEPTIÈME FEMME) Et comment une assemblée
de sexe féminin aura-t-elle des orateurs ?
(PRAXAGORA) Ce sera on ne peut plus facile. On
dit, en effet, que les jeunes gens les plus dissolus
sont les meilleurs parleurs. Nous avons cette
bonne chance-là.
(115) (SIXIÈME FEMME) Je ne sais ; mais le mal est l'inexpérience.
(PRAXAGORA) Aussi nous sommes-nous réunies
ici dans I'intention de préparer ce qu'il faudra dire.
Hâte-toi donc d'attacher cette barbe à ton menton,
ainsi que toutes celles qui ont quelque habitude de la parole.
(HUITIÈME FEMME) Et qui de nous, ma chère, ne
sait point parler ?
(121) (PRAXAGORA) Voyons donc, toi, attache ta barbe,
et, tout de suite, deviens homme. Moi, je vais
mettre des couronnes et m'attacher une barbe
comme vous, pour le cas où je voudrais parler.
(DEUXIÈME FEMME) Tiens, ô ma très douce
Praxagora, vois combien, par malheur, cette
chose est ridicule.
(PRAXAGORA) Comment ridicule ?
(PREMIÈRE FEMME) On dirait qu'on a suspendu
des sépias grillées en guise de barbe.
(PRAXAGORA) Que le purificateur porte le chat à
la ronde. En avant ! Ariphradès, cesse de bavarder :
passe et assieds-toi. Qui veut prendre la parole ?
(131) (HUITIÈME FEMME) Moi.
(PRAXAGORA) Ceins donc cette couronne, et
bonne chance !
(HUITIÈME FEMME) Voici.
(PRAXAGORA) Parle.
HUITIÈME FEMME. Eh bien ! Parlerai-je avant de boire ?
(PRAXAGORA) Comment, avant de boire ?
(HUITIÈME FEMME) Pourquoi, en effet, ma chère,
me suis-je couronnée ?
PRAXACORA. Va-t'en vite ; tu nous en aurais
peut-être fait autant à l'assemblée.
(HUITIÈME FEMME) Quoi donc ? Les hommes ne
boivent donc pas à l'assemblée ?
(PRAXAGORA) Allons ! Tu crois qu'ils boivent !
(136) (HUITIÈME FEMME) Oui, par Artémis ! et du plus
pur. Aussi les décrets qu'ils formulent, pour qui les
considère avec attention, sont comme de gens
frappés d'ivresse. Et, de par Zeus ! ils font aussi
des libations. En vue de quoi toutes ces prières, si
le vin n'était pas là ? Puis ils s'injurient en hommes
qui ont trop bu, et, au milieu de leurs excès, ils
sont emportés par les archers.
(144) (PRAXAGORA) Toi, va t'asseoir ; tu n'es bonne à rien.
(HUITIÈME FEMME) De par Zeus ! j'aurais mieux
fait de ne pas mettre de barbe ; il me semble que
je vais mourir de soif.
(PRAXAGORA) Y en a-t-il une autre qui veuille
prendre la parole ?
(NEUVIÈME FEMME) Moi.
(PRAXAGORA) Viens ; ceins la couronne : l'affaire
est en train. Tâche maintenant de parler
virilement, de faire un beau discours :
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