Texte grec :
[57] Ὁ μὲν δὴ Μιθριδάτης ὧδε εἰπὼν ἐπαύσατο, ὁ δὲ Σύλλας ὑπολαβὼν
ἀπεκρίνατο· « Ἐφ' ἕτερα μὲν ἡμᾶς ἐκάλεις, ὡς τὰ προτεινόμενα ἀγαπήσων, οὐ
μὴν ὁκνήσω καὶ περὶ τῶνδε διὰ βραχέων εἰπεῖν. Ἐς μὲν Καππαδοκίαν ἐγὼ
κατήγαγον Ἀριοβαρζάνην Κιλικίας ἄρχων, ὧδε Ῥωμαίων ψηφισαμένων· καὶ σὺ
κατήκουες ἡμῶν, δέον ἀντιλέγειν καὶ ἢ μεταδιδάσκειν ἢ μηκέτι τοῖς
ἐγνωσμένοις ἀντιτεῖναι. Φρυγίαν δέ σοι Μάνιος ἔδωκεν ἐπὶ δωροδοκίᾳ, ὃ
κοινόν ἐστιν ἀμφοῖν ἀδίκημα. Καὶ τῷδε μάλιστα αὐτὴν ὁμολογεῖς οὐ δικαίως
λαβεῖν, ἐκ δωροδοκίας. Ὅ τε Μάνιος καὶ τὰ ἄλλα ἠλέγχθη παρ' ἡμῖν ἐπὶ
χρήμασι πράξας, καὶ πάντα ἀνέλυσεν ἡ βουλή. ᾯ λόγῳ καὶ Φρυγίαν ἀδίκως σοι
δοθεῖσαν οὐχ ἑαυτῇ συντελεῖν ἐπέταξεν ἐς τοὺς φόρους, ἀλλ' αὐτόνομον
μεθῆκεν. Ὧν δὲ ἡμεῖς οἱ πολέμῳ λαβόντες οὐκ ἀξιοῦμεν ἄρχειν, τίνι λόγῳ σὺ
καθέξεις; Νικομήδης δὲ αἰτιᾶται μέν σε καὶ Ἀλέξανδρον αὐτῷ τὸν τὸ σῶμα
τρώσοντα ἐπιπέμψαι, καὶ Σωκράτη τὸν χρηστὸν ἐπὶ τὴν ἀρχήν, καὶ τάδε αὐτὸς
ἀμυνόμενος ἐς τὴν σὴν ἐμβαλεῖν· εἰ δέ τι ὅμως ἠδικοῦ, ἐς Ῥώμην πρεσβεύειν
ἔδει καὶ τὰς ἀποκρίσεις ἀναμένειν. Εἰ δὲ καὶ θᾶττον ἠμύνου Νικομήδη, πῶς
καὶ Ἀριοβαρζάνην ἀπήλαυνες οὐδὲν ἀδικοῦντα; ἐκβαλὼν δ' ἀνάγκην ἐπέθηκας
τοῖς παροῦσι Ῥωμαίων κατάγειν αὐτόν, καὶ καταγόμενον κωλύων σὺ τὸν πόλεμον
ἐξῆψας, ἐγνωκὼς μὲν οὕτω πρὸ πολλοῦ, καὶ ἐν ἐλπίδι ἔχων γῆς ἄρξειν ἁπάσης
εἰ Ῥωμαίων κρατήσειας, προφάσεις δ' ἐπὶ τῇ γνώμῃ τάσδε ποιούμενος. Καὶ
τούτου τεκμήριον, ὅτι καὶ Θρᾷκας καὶ Σκύθας καὶ Σαυρομάτας, οὔπω τινὶ
πολεμῶν, ἐς συμμαχίαν ὑπήγου, καὶ ἐς τοὺς ἀγχοῦ βασιλέας περιέπεμπες, ναῦς
τε ἐποιοῦ, καὶ πρῳρέας καὶ κυβερνήτας συνεκάλεις.
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Traduction française :
[57] Quand Mithridate termina de parler Sylla répondit : « Bien que tu
m'aies appelé ici, » dit-il, « dans un autre but, à savoir, accepter nos
conditions de paix, je ne refuserai pas de parler brièvement de ces
sujets. J'ai remis Ariobarzane sur le trône de Cappadoce par décret du
sénat quand j'étais gouverneur de Cilicie, et tu as obéi au décret. Tu
aurais pu t'opposer à lui et en donner tes raisons, ou alors rester en
paix pour toujours. Manius t'a donné la Phrygie par concussion, ce qui
était un crime de notre part. Par le fait même que tu l'aies obtenu par
corruption, tu admets que tu n'y avais aucun droit. Manius a été convaincu
à Rome pour les actes qu'il avait faits pour de l'argent et le sénat les a
tous annulés. Pour cette raison ils ont décidé, non de faire de la
Phrygie, qui t'avait été donnée à tort, une tributaire de Rome, mais de
lui donner la liberté. Si nous, qui l'avons prise par guerre, nous ne
jugeons pas bon de la gouverner, de quel droit pourrais-tu l'obtenir ?
Nicomède t'accuse de lui avoir envoyé contre lui un assassin du nom
d'Alexandre, et puis Socrates Chrestus, pour lui disputer son royaume, et
que c'était pour venger ces maux qu'il avait envahi ton territoire.
Cependant, s'il vous faisait du tort, vous auriez dû envoyer une ambassade
à Rome et attendre une réponse. Mais bien que tu te soies vengé rapidement
sur Nicomède, pourquoi as-tu attaqué Ariobarzane, qui ne t'avait rien fait ?
Quand tu l'a mis dehors de son royaume, tu as obligé les Romains, qui
étaient là, de le remettre sur son trône. En les empêchant de le faire tu
as fait une déclaration de guerre. Cette guerre, tu la méditais depuis
longtemps, parce que tu espérais gouverner le monde entier si vous
arriviez à battre les Romains, et les raisons que tu donnais étaient des
prétextes pour cacher tes véritables intentions. La preuve de tout cela
c'est que toi, bien que tu n'étais pas encore en guerre avec aucune
nation, tu recherchais l'alliance des Thraces, des Sarmates et des
Scythes, tu recherchais l'aide des rois voisins, tu construisais une
marine et tu enrôlais des pilotes et des hommes de barre.
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