[58] Μάλιστα δ' ὁ καιρὸς ἐλέγχει σε τῆς ἐπιβουλῆς. Ὅτε γὰρ τὴν Ἰταλίαν
ἀφισταμένην ἡμῶν ᾐσθάνου, τὴν ἀσχολίαν τήνδε ἡμῶν φυλάξας ἐπέθου μὲν
Ἀριοβαρζάνῃ καὶ Νικομήδει καὶ Γαλάταις καὶ Παφλαγονίᾳ, ἐπέθου δὲ Ἀσίᾳ τῷ
ἡμετέρῳ χωρίῳ. Καὶ λαβὼν οἷα δέδρακας ἢ τὰς πόλεις, αἷς τοὺς θεράποντας
καὶ χρήστας ἐπέστησας ἐλευθερίας καὶ χρεῶν ἀποκοπαῖς, ἢ τοὺς Ἕλληνας, ὧν
μιᾷ προφάσει χιλίους καὶ ἑξακοσίους διέφθειρας, ἢ Γαλατῶν τοὺς τετράρχας,
οὓς ὁμοδιαίτους ἔχων ἀπέκτεινας, ἢ τὸ τῶν Ἰταλιωτῶν γένος, οὓς μιᾶς ἡμέρας
σὺν βρέφεσι καὶ μητράσιν ἔκτεινάς τε καὶ κατεπόντωσας, οὐκ ἀποσχόμενος
οὐδὲ τῶν ἐς τὰ ἱερὰ συμφυγόντων. Ὃ πόσην μὲν ὠμότητά σου, πόσην δὲ
ἀσέβειαν καὶ ὑπερβολὴν μίσους ἐς ἡμᾶς προενήνοχεν. Σφετερισάμενος δ'
ἁπάντων τὰ χρήματα, ἐς τὴν Εὐρώπην ἐπέρας μεγάλοις στρατοῖς, ἡμῶν
ἀπειπόντων ἅπασι τῆς Ἀσίας βασιλεῦσι τῆς Εὐρώπης μηδὲ ἐπιβαίνειν.
Διαπλεύσας δὲ Μακεδονίαν τε ἡμετέραν οὖσαν ἐπέτρεχες καὶ τοὺς Ἕλληνας τὴν
ἐλευθερίαν ἀφῃροῦ. Οὐ πρίν τε ἤρξω μετανοεῖν, οὐδ' Ἀρχέλαος ὑπὲρ σοῦ
παρακαλεῖν, ἢ Μακεδονίαν μέν με ἀνασώσασθαι, τὴν δὲ Ἑλλάδα τῆς σῆς ἐκλῦσαι
βίας, ἑκκαίδεκα δὲ μυριάδας τοῦ σοῦ στρατοῦ κατακόψαι, καὶ τὰ στρατόπεδά
σου λαβεῖν αὐταῖς παρασκευαῖς. Ὃ καὶ θαυμάζω σου δικαιολογουμένου νῦν ἐφ'
οἷς δι' Ἀρχελάου παρεκάλεις. Ἢ πόρρω μὲν ὄντα με ἐδεδοίκεις, ἀγχοῦ δὲ
γενόμενον ἐπὶ δίκην ἐληλυθέναι νομίζεις; ἧς ὁ καιρὸς ἀνάλωται, σοῦ τε
πολεμήσαντος ἡμῖν, καὶ ἡμῶν ἀμυναμένων ἤδη καρτερῶς καὶ ἀμυνουμένων ἐς
τέλος. » Τοσαῦτα τοῦ Σύλλα μετ̓ ὀργῆς ἔτι λέγοντος, μετέπιπτεν ὁ βασιλεὺς
καὶ ἐδεδοίκει, καὶ ἐς τὰς δι' Ἀρχελάου γενομένας συνθήκας ἐνεδίδου, τάς τε
ναῦς καὶ τὰ ἄλλα πάντα παραδοὺς ἐς τὸν Πόντον ἐπὶ τὴν πατρῴαν ἀρχὴν
ἐπανῄει μόνην.
| [58] « Le moment que tu as choisi démontre surtout ta trahison. Quand tu
as entendu que l'Italie s'était révoltée contre nous, tu as saisi
l'occasion alors que nous étions occupés, pour tomber sur Ariobarzane,
Nicomède, la Galatie, la Paphlagonie, et finalement sur notre province
asiatique. Quand tu t'en es emparés, tu as commis toutes sortes
d'exactions sur les villes, nommant des esclaves et des débiteurs à la
tête de certaines d'entre elles, et libérant des esclaves et supprimant
les dettes dans d'autres. Dans les villes grecques tu as fait tuer 1600
hommes sur de fausses accusations. Tu as invité les tétrarques de Galatie
à un banquet et tu les as fait exécuter. Tu as envoyé à la boucherie ou tu
as fait noyer tous les résidants de sang italien en un jour, y compris
les mères et les enfants, n'épargnant même pas ceux qui s'étaient sauvés
dans les temples. Quelle cruauté, quelle impiété, quelle haine illimitée
n'as-tu pas manifestées envers nous ! Après avoir confisqué les biens de
toutes tes victimes, tu t'es dirigé vers l'Europe avec de grandes armées,
bien que nous ayons interdit l'invasion de l'Europe à tous les rois de l'Asie.
Tu as envahi notre province de Macédoine et tu as privé les Grecs de leur
liberté. Tu n'as commencé à te repentir et tu n'as demandé à Archélaos
d'intervenir en ta faveur que quand j'ai repris la Macédoine et la Grèce
livrée à ta violence, tué 160.000 de tes soldats, et pris tes camps avec
tout leur matériel. Je suis étonné que tu veuilles maintenant chercher à
justifier les actes pour lesquels tu as demandé le pardon par Archélaos.
Si tu me craignais à distance, penses-tu que je sois venu près de toi pour
avoir une discussion ? Le moment de celle-ci est passé quand tu as pris
les armes contre nous, et nous avons vigoureusement repoussé tes assauts
et nous les repousserons jusqu'au bout. » Alors que Sylla parlait toujours
avec véhémence, le roi prit peur et consentit aux conditions données à
Archélaos. Il livra ses navires et tout ce qu'on exigeait de lui, et garda
son royaume paternel du Pont comme seule possession. Et ainsi se termina
la première guerre entre Mithridate et les Romains.
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