[13] Ὁ μὲν τοιαῦτα εἶπε, Νικομήδους δὲ πρέσβεις ἐς ἀντιλογίαν αὐτῷ
παρόντες ἔφασαν· « Νικομήδει μὲν ἐκ πολλοῦ Μιθριδάτης ἐπιβουλεύων Σωκράτη
μετὰ στρατιᾶς ἐπὶ τὴν βασιλείαν ἐπῆγεν, ἡσυχάζοντα καὶ δικαιοῦντα τὸν
πρεσβύτερον ἄρχειν. Καὶ ὧδε Μιθριδάτης ἐς Νικομήδην ἔπραξεν, ὃν ὑμεῖς, ὦ
Ῥωμαῖοι, Βιθυνῶν ἐστήσασθε βασιλεύειν· ὃ καὶ δῆλόν ἐστιν οὐκ ἐς ἡμᾶς
μᾶλλον ἢ ἐς ὑμᾶς γεγονέναι. Τῷ δ' αὐτῷ λόγῳ κεκελευκότων ὑμῶν τοῖς ἐν Ἀσίᾳ
βασιλεῦσι τῆς Εὐρώπης μηδὲ ἐπιβαίνειν, τὰ πολλὰ Χερρονήσου περιέσπασεν.
Καὶ τάδε μὲν ἔστω τῆς ἐς ὑμᾶς ὕβρεώς τε καὶ δυσμενείας αὐτοῦ καὶ ἀπειθείας
ἔργα· ἡ παρασκευὴ δὲ ὅση, καὶ πᾶσα ἕτοιμος ὡς ἐπὶ μέγαν δὴ καὶ ἐγνωσμένον
πόλεμον ἤδη, τοῦ τε ἰδίου στρατοῦ καὶ συμμάχων Θρᾳκῶν καὶ Σκυθῶν, ὅσα τε
ἄλλα πλησίον ἔθνη. Ἐς δὲ τὸν Ἀρμένιον αὐτῷ καὶ ἐπιγαμία γέγονε, καὶ ἐς
Αἴγυπτον καὶ Συρίαν περιπέμπει προσεταιριζόμενος τοὺς βασιλέας. Νῆές τε
εἰσὶν αὐτῷ κατάφρακτοι τριακόσιαι, καὶ ἑτέρας προσαπεργάζεται· ἐπί τε
πρῳρέας καὶ κυβερνήτας ἐς Φοινίκην καὶ ἐς Αἴγυπτον περιέπεμψεν. Ἅπερ οὐκ
ἐπὶ Νικομήδει που, τοσάδε ὄντα, ἀλλ' ἐφ' ὑμῖν, ὦ Ῥωμαῖοι, Μιθριδάτης,
ἐργάζεται, δυσμεναίνων μὲν ἐξ οὗ Φρυγίαν αὐτὸν πανούργως πριάμενον, καὶ
δεκάσαντα τῶν ὑμετέρων τινὰ στρατηγῶν, ἀποθέσθαι προσετάξατε, τῆς οὐ
δικαίας κτήσεως καταγνόντες, χαλεπαίνων δ' ἐπὶ Καππαδοκία, δεδομένῃ καὶ
τῇδε πρὸς ὑμῶν Ἀριοβαρζάνῃ, δεδιὼς δ' αὐξομένους ὑμᾶς, καὶ
παρασκευαζόμενος ἐν τῇ καθ' ἡμᾶς προφάσει καὶ ὑμῖν, εἰ δύναιτο, ἐπιθέσθαι.
Σωφρόνων δ' ἐστὶ μὴ περιμένειν ὅτε πολεμεῖν ὑμῖν ὁμολογήσει, ἀλλ' ἐς τὰ
ἔργα αὐτοῦ μᾶλλον ἢ τοὺς λόγους ἀφορᾶν μηδὲ φιλίας ὄνομα ἐπίπλαστον
ὑποκρινομένῳ τοὺς ἀληθεῖς καὶ βεβαίους ἐκδοῦναι φίλους, μηδὲ τὴν σφετέραν
περὶ τῆς ἡμετέρας βασιλείας κρίσιν ὑπεριδεῖν ἀκυρουμένην ὑπ' ἀνδρὸς ὁμοίως
ἡμῖν τε καὶ ὑμῖν ἐχθροῦ. »
| [13] Quand Pélopidas eut fini de parler, les ambassadeurs de Nicomède, qui
étaient présents pour lui répondre, dirent : « Mithridate complote contre
Nicomède depuis longtemps et a mis Socrates sur le trône par la force des
armes, bien que Socrates eût bon caractère et jugeât normal que son frère
aîné aie le pouvoir. Tels furent les exactions de Mithridate contre
Nicomède que vous, Romains, avez établi sur le trône de Bithynie -
exactions qui vous visaient évidemment autant que nous. De la même manière
après que vous ayez ordonné aux rois asiatiques de ne pas attaquer
l'Europe, il s'est emparé de presque toute la Chersonèse. Ces actes sont
des exemples de son arrogance, de son hostilité, de sa désobéissance
envers vous-mêmes. Regardez ses grands préparatifs. Il est tout à fait
prêt, comme pour une grande guerre déjà décidée, non seulement avec sa
propre armée, mais avec une grande force d'alliés, de Thraces, du Scythes,
et de beaucoup d'autres peuples voisins. Il a formé une alliance
matrimoniale avec l'Arménie, et il a envoyé des émissaires en Égypte et en
Syrie pour rechercher l'amitié des rois de ces pays. Il possède 300
navires de guerre et en a d'autres en chantier. Il a envoyé des gens en
Phénicie et en Égypte pour recruter des officiers et des pilotes. Ces
choses que Mithridate rassemble en de telles quantités, ne sont pas
accumulées contre Nicomède, Romains, mais contre vous. Il est fâché contre
vous parce que, quand il avait acheté la Phrygie en corrompant l'un de vos
généraux, vous lui avez ordonné d'abandonner ce qu'il avait mal acquis. Il
est fâché à cause de la Cappadoce, que vous avez donnée à Ariobarzane. Il
craint votre puissance croissante. Il fait des préparatifs sous prétexte
qu'ils sont contre nous, mais en réalité il se prépare à vous attaquer
s'il le peut. C'est le fait du parti de la sagesse de ne pas attendre
jusqu'à ce qu'il déclare la guerre contre vous, mais de regarder ses actes
plutôt que ses paroles, et de ne pas abandonner les amis authentiques et
éprouvés pour un hypocrite qui vous offre le nom factice de l'amitié, et
de ne pas permettre que votre décision au sujet de notre royaume fusse
annulée par quelqu'un qui est également l'ennemi de nous tous. »
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