Texte grec :
[58] Καρχηδονίων δ' αὐτὸν μετακαλούντων κατὰ σπουδὴν ἐπικουρεῖν
κινδυνευούσῃ τῇ πατρίδι ὑπὸ Σκιπίωνος, καὶ τὸν ναύαρχον Ἀσδρούβαν ἐπ'
αὐτόν, ἵνα μὴ βραδύνειε, πεμψάντων, ἤχθετο μὲν τῆς Καρχηδονίων ἐς τοὺς
ἄρχοντας ἀπιστίας τε καὶ ἀχαριστίας ἐς πεῖραν ἐρχόμενος διὰ μακροῦ, καὶ
τὴν αἰτίαν ἐδεδοίκει τοῦ τοσοῦδε πολέμου πρῶτος ἐμβαλὼν ἐν Ἰβηρίᾳ,
ἐγνώκει δ' ὑπ' ἀνάγκης ὅμως ἕπεσθαι, καὶ ναῦς εἰργάζετο πολλάς, εὐξύλου
τῆς Ἰταλίας οὔσης. Τῶν δ' ἔτι ὑπηκόων οἱ πόλεων ὡς ἀλλοτρίων
καταφρονῶν, ἔγνω διαρπάσαι πάσας, καὶ τὴν στρατιὰν πλουτίσας, εὔνουν
ἐς τὰς ἐν Καρχηδόνι συκοφαντίας ἐπαγαγέσθαι. Αἰδούμενός τε αὐτὸς
παρασπονδεῖν, Ἀσδρούβαν τὸν ναύαρχον ἐπὶ προφάσει περιέπεμπε, τοὺς
φρουροῦντας ὀψόμενον. Ὁ δὲ ἐς ἑκάστην πόλιν ἐσιὼν ἐκέλευσε τοῖς
ἐνοικοῦσιν, αὐτούς τε καὶ δούλους αὐτῶν, ὅσα δύναιντο λαβόντας, ἐκ τῶν
πόλεων μεθίστασθαι, καὶ τὰ λοιπὰ διήρπαζεν. Τούτων ἔνιοι πυνθανόμενοι,
πρὶν τὸν Ἀσδρούβαν ἥκειν, τοῖς φρουροῖς ἐπετίθεντο, καὶ συνέβαινεν ὅπου
μὲν κρατεῖν τὰς πόλεις ὅπου δὲ τοὺς φρουρούς, σφαγή τε ποικίλη καὶ
γυναικῶν ὕβρις καὶ παρθένων ἀπαγωγαί, καὶ πάντα ὅσα ἐν πόλεσιν
ἑαλωκυίαις, ἐγίγνοντο.
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Traduction française :
[58] Quand les Carthaginois le sommèrent de venir en aide à son
propre pays, qui était menacé par Scipion, et lui eurent envoyé Hasdrubal,
leur amiral, pour qu'il n'y ait aucun retard, il déplora la conduite perfide et
ingrate des Carthaginois envers ses généraux : il en avait fait une longue
expérience. En plus il craignait qu'on le rendît responsable de cette
grande guerre, qu'il avait commencée tout seul en Espagne. Néanmoins,
poussé par la nécessité d'obéir, il fit construire une flotte, car l'Italie était
en état de lui fournir du bois de construction en abondance. Dédaignant
autant les villes qui étaient toujours alliées que celles qui étaient
maintenant ses ennemies, il résolut de les piller toutes, et ainsi, en
enrichissant son armée, pour faire taire ses calomniateurs à Carthage.
Mais honteux d'une telle infraction à la loyauté, il envoya l'amiral
Hasdrubal, sous prétexte d'inspecter les garnisons. Ce dernier, en entrant
dans chaque ville, ordonna aux habitants de prendre toutes les choses
qu'eux et leurs esclaves pouvaient emporter, et de s'en aller. Alors il pilla
le reste. Certaines villes, informées de ces démarches attaquèrent les
garnisons avant la venue d'Hasdrubal, les battant en quelques endroits et
furent battus dans d'autres. Ce fut un carnage aveugle, avec viol des
femmes et rapt de vierges, et on vit toutes les horreurs qu'on voit
habituellement lors de la prise de villes.
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