Texte grec :
[54] Ὁ δ' ἐπί τε τῷ ἀδελφῷ καὶ στρατιᾷ τοσῇδε δι' ἀπειρίαν ὁδῶν
αἰφνίδιον ἀπολωλυίᾳ δυσφορῶν, καὶ τεσσαρεσκαιδέκατον ἔτος ἔχων ἐν
πονοις ἀτρύτοις ἐξ οὗ Ῥωμαίοις ἐν Ἰταλίᾳ διεπολέμει, πάντων τε ὧν εἰλήφει
πρότερον ἐκπεπτωκώς, ἐς Βρεττίους, ὅπερ αὐτῷ λοιπὸν ἔθνος ὑπήκοον
ἦν, ἀνεχώρει, καὶ ἡσύχαζεν ὡς ἑτέρας δυνάμεως ἀφιξομένης ἀπὸ
Καρχηδόνος. Οἱ δ' ἔπεμψαν μὲν αὐτῷ ναῦς ἑκατὸν στρογγύλας, ἐφ' ὧν
σῖτός τε ἦν καὶ στρατιὰ καὶ χρήματα, οὐδενὸς δ' ἐρετικοῦ παραπέμποντος
αὐτὰς ἄνεμος ἐς Σαρδόνα κατήνεγκε, καὶ ὁ τῆς Σαρδόνος στρατηγὸς
ἐπιπλεύσας μακραῖς ναυσὶ κατέδυσε μὲν αὐτῶν εἴκοσιν, ἑξήκοντα δ'
ἔλαβεν· αἱ δὲ λοιπαὶ διέφυγον ἐς Καρχηδόνα. Καὶ ὁ Ἀννίβας ἔτι μᾶλλον
ἀπορούμενός τε καὶ τὰ παρὰ Καρχηδονίων ἀπεγνωκώς, οὐδὲ Μάγωνος
αὐτῷ τι, τοῦ ξενολογοῦντος ἐν Κελτοῖς καὶ Λίγυσιν, ἐπιπέμποντος, ἀλλὰ τὸ
μέλλον ἔσεσθαι περιορωμένου, συνιδὼν ὅτι μένειν ἐπὶ πλεῖον οὐ
δυνήσεται, αὐτῶν ἤδη Βρεττίων ὡς ἀλλοτρίων ὅσον οὔπω γενησομένων
κατεφρόνει, καὶ ἐσφορὰς ἐπέβαλλεν αὐτοῖς πάνυ πολλάς, τάς τε ὀχυρὰς
τῶν πόλεων μετῴκιζεν ἐς τὰ πεδινὰ ὡς βουλευούσας ἀπόστασιν, πολλούς
τε τῶν ἀνδρῶν αἰτιώμενος διέφθειρεν, ἵνα τὰς περιουσίας αὐτῶν
σφετερίζοιτο.
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Traduction française :
[54] Hannibal fut considérablement abattu par la perte de son frère et
d'une si grande armée, détruite soudainement par la méconnaissance
des routes. Privé de tout ce qu'il avait gagné par les travaux infatigables
durant les quatorze ans, où il avait combattu contre les Romains en Italie,
il se retira dans le Bruttium : c'était le seul endroit qui lui était resté fidèle.
Il s'y tint tranquille, attendant de nouvelles forces de Carthage. On lui
envoya 100 navires marchands chargés d'approvisionnements, de soldats
et d'argent, mais comme ils n'avaient pas suffisamment de rameurs, ils
furent poussés par le vent en Sardaigne. Le préteur de la Sardaigne les
attaqua avec ses navires de guerre, en coula vingt et en captura soixante.
Le reste se réfugia à Carthage. Hannibal donc était dans un plus grand
embarras et il désespéra de l'aide des Carthaginois. Et Magon, qui
rassemblait des mercenaires en Gaulle et en Ligurie, ne lui envoyait
aucune aide, mais attendait de voir le tour que les affaires prendraient.
Comprenant qu'il ne pouvait rester, Hannibal alors commença à mépriser
les Bruttiens eux-mêmes parce qu'ils lui seraient bientôt hostiles, et il les
accabla d'impôts. Il transféra la population de leurs villes fortes dans les
plaines comme s'ils projetaient une révolte. Il fit périr plusieurs de leurs
citoyens, leur portant des accusations pour pouvoir confisquer leur
propriété.
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