Texte grec :
[46] Καὶ ὁ Βλάτιος οἰκτισάμενος τότε μάλιστα ἀξιοπίστως εἶπεν ὡς
ἐπιβουλεύοιτο ὑπ' ἐχθροῦ τεχνίτου. « Τοῦτο δ', » ἔφη, « τὸ νῦν
ἐπιβούλευμα καὶ τῆς πρότερον ἀμφιλογίας, εἴ τις ἦν, ῥύσεταί με. Τίς γὰρ ἂν
ἢ πρότερον ἐχθρῷ περὶ τοιῶνδε διεπίστευσεν, ἢ νῦν, εἰ καὶ τέως
ἐπεπλάνητο, ἀπίστῳ καὶ κατηγόρῳ περὶ ἐκεῖνα γεγενημένῳ, κινδυνεύων ἔτι
καὶ κρινόμενος καὶ ἀρνούμενος, αὖθις ἂν τὰ δεύτερα ταῦτ' ἐθάρρησεν
εἰπεῖν, καὶ μάλιστ' ἐν τῷ δικαστηρίῳ, πολλῶν μὲν ἀκοῦσαι δυναμένων, τοῦ
δὲ κατηγόρου καὶ τόδε μέλλοντος εὐθὺς ὁμοίως ἐρεῖν; « Εἰ δὲ δὴ καὶ
ἐγεγένητο, » ἔφη, « χρηστὸς ἐξαίφνης καὶ φίλος, τί μοι συλλαβεῖν ὑπὲρ τῆς
πατρίδος ἔτι δυνατὸς ἦν; τί δ' ἂν ἐδεόμην ἐγὼ μηδὲν ἐπικουρεῖν
δυναμένου; » ἅ μοι δοκεῖ προϊδὼν πάλιν ὁ Βλάτιος ψιθύρως ἐντυχεῖν τῷ
Δασίῳ, καὶ ἐς ἀπιστίαν αὐτὸν ἐμβαλεῖν μείζονα, ἐπαγαγέσθαι δ' ἐκ τοῦδε
καὶ Ἀννίβαν ἐς ἀπιστίαν τῶν πρότερον εἰρημένων. Οὐ μὴν οὐδὲ ἐκφυγὼν
τὴν δίκην ὁ Βλάτιος ἀφίστατο μὴ μεταπείθειν τὸν ἐχθρόν, καταφρονῶν ἄρα
ὡς ἐς πάντα γεγονότος ἀπίστου. Ὁ δὲ αὖθις ὑπεκρίνετο συντίθεσθαι, καὶ
τὴν ἐπίνοιαν τῆς ἀποστάσεως ᾔτει μαθεῖν. Ὁ δὲ οὐδὲν ὀκνήσας ἔφη, «
Διαδραμοῦμαι μὲν ἐπί τι τῶν στρατοπέδων ἐγὼ τῶν Ῥωμαϊκῶν ̔μηνύσας
αὐτῷ τὸ πάνυ πορρωτάτὠ καὶ στρατιὰν ἄξω λαβών· ἔστι γάρ μοι φίλος ὁ
στρατηγὸς ἐκείνου τοῦ στρατοῦ· σὺ δ' ὑπομένειν μοι δεῦρο, καὶ τὰ ἔνδον
ἐπιτηρεῖν. »
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Traduction française :
[46] Alors pathétiquement Blatius se mit à pleurer de façon
convaincante, en disant que son ennemi habile lui dressait des
embûches. « Cette dernière machination, » dit-il, « me sauvera de tout
soupçon, s'il y en avait jamais eu, sur l'ancienne. Qui, en effet, aurait
pris comme confident un ennemi dans une telle affaire ? S'il n'avait pas
réfléchi avant, maintenant, alors qu'il courait un danger, qu'il était sous le
coup d'une condamnation et qu'il niait la charge retenue contre lui, quel
homme aurait dit les mêmes choses une deuxième fois à un perfide
accusateur sur ces sujets mêmes, et particulièrement dans l'enceinte du
tribunal où beaucoup de gens pouvaient entendre ses paroles et où son
accusateur se tenait prêt à porter une nouvelle plainte contre lui. Même si
l'accusateur était soudainement devenu mon ami, dit-il, et bien disposé
envers moi, comment pourrait-il coopérer avec moi à sauver le pays après
ce qui s'est produit ? Pourquoi devrais-je demander de l'aide à quelqu'un
qui ne peut m'en donner ? » Je pense que Blatius chuchota encore à
dessein des choses à Dasius parce qu'il prévoyait de jeter le discrédit sur
lui, et faire ainsi en sorte qu'Hannibal ne croit plus à ses précédentes
accusations. Mais Blatius, après avoir été acquitté, ne renonça pas à
persuader son ennemi de changer de camp, quoiqu'il le méprisât pour
avoir perdu toute crédibilité. Dasius de nouveau feignit d'être d'accord
avec lui et chercha à connaître le plan de la révolte. Blatius lui répondit
sans hésitation : « Je vais aller à un des camps romains (il indiquait celui
qui était le plus éloigné) : son commandant est mon ami et j'obtiendrai une
force que je ramènerai ici. Toi, reste ici et surveille ce qui se passe en ville. »
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