Texte grec :
[15] Ῥωμαῖοι δὲ οἱ ἑκατέρωθεν, ὁρῶντες ἐν μὲν τῷ Ἀννίβου
στρατοπέδῳ σιγὴν καὶ σκότον, ἐν δὲ τοῖς ὄρεσι πῦρ πολὺ καὶ ποικίλον, οὐκ
ἔχοντες ὡς ἐν νυκτὶ τὸ γιγνόμενον ἀκριβῶς ἐπινοῆσαι, ὁ μὲν Φάβιος
εἴκαζεν εἶναί τι στρατήγημα τοῦτο Ἀννίβου, καὶ συνεῖναι μὴ δυνάμενος
ἀτρέμα συνεῖχε τὴν στρατιάν, τὴν νύκτα ὑφορώμενος· οἱ δ' ἐν τοῖς στενοῖς
ὑπέλαβον, ἅπερ ἤθελεν ὁ Ἀννίβας, φεύγειν αὐτὸν ὡς ἐν ἀπόροις, ἄνω διὰ
τῶν κρημνῶν βιαζόμενον, καὶ μετεπήδων ἐπὶ τὴν φαντασίαν τοῦ πυρὸς
καταθέοντες ὡς ἐκεῖ ληψόμενοι τὸν Ἀννίβαν κακοπαθοῦντα. Ὁ δὲ ὡς εἶδε
καταβάντας αὐτοὺς ἐκ τῶν στενῶν, διέδραμεν ἐς αὐτὰ τοῖς ταχυτάτοις ἄνευ
φωτὸς μετὰ σιωπῆς, ἵνα διαλάθοι, καταλαβὼν δὲ αὐτὰ καὶ κρατυνάμενος
ἐσήμηνε τῇ σάλπιγγι· καὶ τὸ στρατόπεδον ἀντεβόησεν αὐτῷ, καὶ πῦρ
αἰφνίδιον ἐξέφηναν. Ῥωμαῖοι μὲν δὴ τότε ᾔσθοντο τῆς ἀπάτης, ὁ δὲ
στρατὸς ὁ ἄλλος Ἀννίβου καὶ οἱ τὰς βοῦς ἐλαύνοντες ἐπὶ τὰ στενὰ ἀδεῶς
διέδραμον. Καὶ αὐτοὺς συναγαγὼν ἀπῇρεν ἐς τὸ πρόσω. Οὕτω μὲν ἐξ
ἀέλπτου τότε ὁ Ἀννίβας αὐτός τε περιῆν καὶ τὸν στρατὸν περιέσωζε, καὶ ἐς
Γερωνίαν τῆς Ἰαπυγίας ἐπειχθείς, ἣ σίτου πλήρης ἦν, ἐξεῖλεν αὐτήν, καὶ ἐν
ἀφθόνοις ἀδεῶς ἐχείμαζεν.
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Traduction française :
[15] les Romains de chaque côté remarquèrent le silence et
l'obscurité dans le camp de Hannibal ainsi que les nombreuses lumières
mouvantes du côté de la montagne. Ils ne savaient pas exactement ce
qu'ils se passait dehors, parce que c'était la nuit. Fabius soupçonna que
c'était un stratagème d'Hannibal, mais n'en étant pas sûr il demeura avec
son armée dans ses positions à cause de l'obscurité. Mais ceux qui
tenaient les défilés imaginèrent, comme Hannibal le souhaitait, que dans
sa situation désespérée il essayait de s'échapper en escaladant les
falaises. Aussi ils s'empressèrent de se rendre vers l'endroit où ils
voyaient des lumières, afin de surprendre Hannibal en difficultés. Ce
dernier, quand il vit les défilés abandonnés, s'avança avec un
détachement rapide, dans un silence absolu et sans lumières, afin de
cacher son mouvement. Après s'être emparé des défilés et renforcé sa
position il fit sonner la trompette, et l'armée dans le camp lui répondit par
des cris et aussitôt ralluma les feux. Alors les Romains virent qu'ils
avaient été trompés. Le reste de l'armée et de ceux qui conduisaient le
bétail s'avança dans le défilé sans crainte, et quand il furent tous
rassemblés il s'avança. C'est ainsi qu'Hannibal réussit au delà de tous
espoir et sauva son armée du danger. De là il avança vers Geronia, une
ville d'Apulie, qui regorgeait de vivres. Il prit la ville et y installa ses
quartiers d'hiver dans l'abondance.
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