Texte grec :
[16] Ὁ δὲ Φάβιος καὶ τότε τῆς αὐτῆς γνώμης ἐχόμενος εἵπετο, καὶ τῆς
Γερωνίας ἀποσχὼν δέκα σταδίους ἐστρατοπέδευε, λαβὼν ἐν μέσῳ
ποταμὸν Αὔφιδον. Ληγόντων δὲ αὐτῷ τῶν ἓξ μηνῶν ἐφ' οὓς αἱροῦνται
Ῥωμαῖοι τοῦς δικτάτορας, οἱ μὲν ὕπατοι Σερουίλιός τε καὶ Ἀτίλιος ἐπὶ τὰς
ἑαυτῶν ἀρχὰς ἐπανῄεσαν, καὶ ἦλθον ἐπὶ τὸ στρατόπεδον, καὶ ὁ Φάβιος ἐς
Ῥώμην ἀπῄει, γίγνονται δέ τινες ἐν τῷδε τῷ χειμῶνι Ἀννίβᾳ καὶ Ῥωμαίοις
ἀκροβολισμοὶ συνεχεῖς ἐς ἀλλήλους· καὶ τὰ Ῥωμαίων ἐπικυδέστερα καὶ
εὐθαρσέστερα ἦν. Ὁ δ' Ἀννίβας ἐπέστελλε μὲν ἀεὶ τὰ γιγνόμενα
Καρχηδονίοις ὑπερεπαίρων, τότε δὲ ἀπολωλότων αὐτῷ πολλῶν ἠπόρει,
καὶ στρατιὰν ᾔτει καὶ χρήματα. Οἱ δὲ ἐχθροὶ πάντα ἐπισκώπτοντες τὰ
Ἀννίβου, καὶ τότε ὑπεκρίνοντο ἀπορεῖν ὅτι, τῶν νικώντων οὐκ αἰτούντων
χρήματα ἀλλὰ πεμπόντων ἐς τὰς πατρίδας, ὁ Ἀννίβας αἰτοίη, λέγων νικᾶν.
Οἷς οἱ Καρχηδόνιοι πεισθέντες οὔτε στρατιὰν ἔπεμπον οὔτε χρήματα. Καὶ ὁ
Ἀννίβας ταῦτ' ὀδυρόμενος ἔγραφεν ἐς Ἰβηρίαν Ἀσδρούβᾳ τῷ ἀδελφῷ,
παρακαλῶν αὐτὸν ἀρχομένου θέρους μεθ' ὅσης δύναιτο στρατιᾶς καὶ
χρημάτων ἐσβαλεῖν ἐς τὴν Ἰταλίαν, καὶ πορθεῖν αὐτῆς τὰ ἐπέκεινα, ἵνα
δῃῷτο πᾶσα καὶ Ῥωμαῖοι κάμνοιεν ὑπ' αὐτῶν ἑκατέρωθεν.
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Traduction française :
[16] Fabius, poursuivant la même tectique qu'auparavant, le suivit et
installa son camp à dix stades de Geronia, le fleuve Aufide les séparant.
Les six mois qui limitaient la charge des dictateurs chez les Romains se
terminaient alors, et les consuls Servilius et Atilius reprirent leurs
fonctions, vinrent au camp et Fabius revint à Rome. Pendant l'hiver des
escarmouches fréquentes se produisirent entre Hannibal et les Romains :
lors de celles-ci ce sont ces derniers qui généralement avaient le dessus
et étaient les meilleurs. Hannibal jusque là écrivait toujours aux
Carthaginois en exagérant la situation, mais à ce moment, ayant perdu
beaucoup d'hommes et voulant des renforts, il leur demanda de lui
envoyer des soldats et de l'argent. Mais ses ennemis, qui raillaient tous ce
qu'il faisait, répondirent qu'ils ne parvenaient pas à comprendre comment
Hannibal pouvait demander l'aide alors qu'il disait qu'il remportait des
victoires, puisque les généraux victorieux ne demandaient pas d'argent
mais en envoyaient chez eux à leurs propres concitoyens. Les
Carthaginois ne donnèrent pas suite à ses demandes et n'envoyèrent ni
soldats ni argent. Hannibal, déplorant cette politique à court terme, écrivit
à son frère Hasdrubal en Espagne, lui demandant de faire une incursion
en Italie au début de l'été avec tous les hommes et l'argent qu'il pourrait
trouver, et de ravager l'autre extrémité pour que tout le pays soit
entièrement dévasté et que les Romains s'épuisent pris en tenaille.
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