[19] IV. Αννίβου δ', ἐπεὶ τῆς πείρας ἐξέπιπτεν, αὐτίκα ἐς τὸ
στρατόπεδον ἐπανελθόντος καὶ τὴν ὑπόκρισιν ἐκφήναντος, οὐδὲ τοῦτ'
ἐδίδασκε τὸν Τερέντιον πάνθ' ὑπονοεῖν τὰ Ἀννίβου, ἀλλ' ὡς εἶχεν, ἐν τοῖς
ὅπλοις ἐς τὸ στρατήγιον ἐσδραμών, παρόντων ἔτι τῶν τε ἀπὸ βουλῆς καὶ
ταξιάρχων καὶ χιλιάρχων, ᾐτιᾶτο περὶ τῶν οἰωνῶν τὸν Αἰμίλιον
προφασίσασθαι καὶ νίκην φανερὰν ἀφελέσθαι τὴν πόλιν, ὀκνοῦντα ὑπὸ
δειλίας, ἢ οἱ φθονοῦντα διὰ ζηλοτυπίαν. Οὕτω δ' αὐτοῦ βοῶντος ὑπ' ὀργῆς
ἡ στρατιὰ περιεστῶσα τὴν σκηνὴν ἐπήκουε, καὶ τὸν Αἰμίλιον ἐβλασφήμουν.
Ὁ δὲ πολλὰ μὲν εἶπε τοῖς ἔνδον συμφέροντα μάτην, Τερεντίῳ δέ, πλὴν
Σερουιλίου, τῶν ἄλλων συντιθεμένων εἶξεν. Καὶ τῆς ἐπιούσης ἐξέτασσεν
αὐτὸς ἡγούμενος· παρεχώρει γὰρ ὁ Τερέντιος. Ἀννίβας δ' ᾔσθετο, καὶ τότε
μὲν οὐκ ἐπεξῆλθεν ̔οὐ γάρ πω πρὸς μάχην διετέτακτὀ, τῇ δ' ἐπιούσῃ
κατέβαινον ἐς τὸ πεδίον ἑκάτεροι, Ῥωμαῖοι μὲν ἐς τρία τεταγμένοι, μικρὸν
ἀπ' ἀλλήλων διεστῶτες, καὶ μέρος ἕκαστον αὐτῶν εἶχε τοὺς πεζοὺς ἐν
μέσῳ, τοὺς δὲ ψιλοὺς καὶ ἱππέας ἑκατέρωθεν. Στρατηγοὶ δ' ἐφειστήκεσαν
τῷ μέσῳ μὲν Αἰμίλιος, τῷ δὲ λαιῷ Σερουίλιος, Τερέντιος δὲ τοῖς ἐπὶ δεξιά,
χιλίους ἀμφ' αὑτὸν ἕκαστος ἔχων ἱππέας ἐπειλεγμένους, ἐπικουρεῖν ὅπῃ τι
πονοίη. Οὕτω μὲν ἐτάξαντο Ῥωμαῖοι·
| [19] CHAPITRE IV.
Comme son projet avait échoué, Hannibal rentra immédiatement
dans son camp, prouvant par là que sa retraite était une feinte. Mais cela
ne fut pas suffisant pour que Varron comprenne qu'il devait suspecter
chaque mouvement d'Hannibal. Il se hâta en armes vers le praetorium et
se plaignit en présence des sénateurs, des centurions et des tribuns
qu'Æmilius avait pris prétexte du présage pour enlever une victoire
certaine à la ville, soit qu'il hésitât par poltronnerie soit qu'il fût jaloux de
lui. Comme il s'énervait de colère, les soldats qui étaient autour de la
tente l'écoutèrent et s'associèrent à la condamnation d'Æmilius. Ce
dernier néanmoins continua à leur donner de bons conseils, mais en vain.
Comme tous autres, à part Servilius, étaient d'accord avec Varron, il
donna son accord, et le jour suivant il fit mettre lui-même l'armée en ordre
de bataille sous son propre commandant, parce que Varron lui avait cédé
le sien. Hannibal vit le mouvement mais il ne sortit pas de son camp parce
qu'il n'était pas tout à fait prêt pour la combat. Le jour suivant les deux
armées descendirent dans la plaine. Les Romains étaient rangés en trois
lignes avec un petit intervalle entre elles; chaque ligne avait son infanterie
au centre, les troupes légères et la cavalerie sur les ailes. Æmilius
commandait le centre, Servilius la gauche et Varron la droite. Chacun
avait mille cavaliers d'élites pour porter secours partout où la nécessité se
ferait sentir. Telle était la formation de l'armée romaine.
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