Texte grec :
[5,15] Ὁ δὲ Καῖσαρ οὐκ ἠγνόει ἀδικουμένους. Ἀμήχανα δ' ἦν αὐτῷ· οὔτε γὰρ
ἀργύριον ἦν ἐς τιμὴν τῆς γῆς δίδοσθαι τοῖς γεωργοῖς, οὔτε ἀναβάλλεσθαι τὰ
ἐπινίκια διὰ τοὺς ἔτι πολέμους, Πομπηίου μὲν ἐν τῇ θαλάσσῃ κρατοῦντος καὶ
τὴν πόλιν κλείοντος ἐς λιμόν, Ἀηνοβάρβου δὲ καὶ Μούρκου στρατὸν καὶ ναῦς
ἄλλας ἀγειρόντων ἀθυμοτέρων δὲ ἐς τὰ ἐσόμενα ὄντων τῶν στρατιωτῶν, εἰ μὴ
τὰ πρότερα ἐπινίκια λάβοιεν. Πολὺ δ' ἦν καὶ τὸ παροδεύειν σφίσιν ἤδη τὴν
τῆς ἀρχῆς πενταετίαν καὶ χρῄζειν αὖθις εὐνοίας στρατοῦ· διόπερ αὐτῶν καὶ
τῆς ὕβρεως ἢ καταφρονήσεως ἐν τῷ τότε ἑκὼν ὑπερεώρα. Ἔν γέ τοι τῷ θεάτρῳ,
παρόντος αὐτοῦ, στρατιώτης ἀπορῶν οἰκείας ἕδρας παρῆλθεν ἐς τοὺς
καλουμένους ἱππέας· καὶ ὁ μὲν δῆμος ἐπεσημήνατο, καὶ ὁ Καῖσαρ τὸν
στρατιώτην ἀνέστησεν, ὁ δὲ στρατὸς ἠγανάκτησε καὶ περιστάντες αὐτὸν
ἀποχωροῦντα τοῦ θεάτρου τὸν στρατιώτην ἀπῄτουν, οὐχ ὁρώμενον ἡγούμενοι
διεφθάρθαι. Ἐπελθόντα δὲ ἐνόμιζον ἐκ τοῦ δεσμωτηρίου νῦν προαχθῆναι
ἀρνούμενόν τε καὶ τὰ γεγονότα διηγούμενον ψεύδεσθαι διδαχθέντα ἔλεγον καὶ
ἐλοιδόρουν ὡς τὰ κοινὰ προδιδόντα· καὶ τὸ μὲν ἐν τῷ θεάτρῳ γενόμενον
τοιόνδε ἦν.
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Traduction française :
[5,15] Octave était conscient que ces citoyens souffraient une injustice,
mais il n'avait pas les moyens de l'empêcher. Il n'y avait pas d'argent
pour payer la valeur de la terre appartenant aux paysans, et il ne pouvait
remettre à plus tard les récompenses promises aux soldats, à cause de la
présence des ses ennemis. Pompée régnait sur mer et affamait la ville en
coupant les approvisionnements. Ahenobarbus et Murcus rassemblaient une
nouvelle flotte et une nouvelle armée. Les soldats auraient moins de
fougue à l'avenir s'ils n'étaient pas payés pour leur ancien service.
C'était une question primordiale parce que les cinq ans du triumvirat
touchaient à leur fin, et qu'il allait avoir besoin de nouveau de la
bienveillance des soldats ; c'est pourquoi il était disposé à supporter
pour l'instant leur insolence et leur arrogance. Un jour dans le théâtre,
alors qu'il était présent, un soldat, ne trouvant pas son propre siège,
alla s'installer dans l'endroit réservé aux chevaliers. Le peuple le prit
mal et Octave le fit changer de place. Les soldats en furent irrités. Ils
allèrent trouver Octave qui quittait le théâtre et exigeaient leur
camarade, parce que, comme ils ne le voyaient plus, ils pensaient qu'il
avait été mis à mort. Quand on leur présenta le soldat, ils supposèrent
qu'on l'avait tiré de prison, mais celui-ci nia qu'il ait été emprisonné
et raconta ce qui s'était passé. Ils lui dirent qu'on l'avait obligé de
mentir et lui reprochèrent de trahir leurs intérêts communs. Voilà un
exemple de leur insolence au théâtre.
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