[5,60] VII. Λεύκιος δὲ ἦν Κοκκήιος ἑκατέρῳ φίλος καὶ ὑπὸ Καίσαρος ἐς
Φοινίκην τοῦ προτέρου θέρους πρὸς τὸν Ἀντώνιον ἀπέσταλτο μετὰ Καικίνα,
ἐπανιόντος δὲ τοῦ Καικίνα παρὰ Ἀντωνίῳ κατέμενεν. Οὗτος τότε ὁ Κοκκήιος,
τὸν καιρὸν οὐ μεθείς, ὑπεκρίνατο μεταπεμφθῆναι πρὸς Καίσαρος ἀσπασόμενος
αὐτόν. Συγχωροῦντος δ' ἀπιέναι τοῦ Ἀντωνίου πειρώμενος ἤρετο, εἴ τι καὶ
αὐτὸς ὁ Ἀντώνιος ἐπιστέλλει τῷ Καίσαρι, κεκομισμένος δι' αὐτοῦ Κοκκηίου
γράμματα. Καὶ ὁ Ἀντώνιος « Νῦν μέν, » ἔφη, « τί ἂν ἀλλήλοις γράφοιμεν,
ὄντες ἐχθροί, εἰ μὴ κακῶς ἀγορεύοιμεν ἀλλήλους; Ἀντέγραψα δὲ τοῖς πάλαι
διὰ Καικίνα· καὶ εἰ βούλει, λάβε τὰ ἀντίγραφα. » Ὁ μὲν οὕτως ἐπεχλεύασεν,
ὁ δὲ Κοκκήιος οὐκ εἴα τω τὸν Καίσαρα καλεῖν ἐχθρόν, ἔς τε Λεύκιον καὶ τοὺς
ἄλλους Ἀντωνίου φίλους τοιόνδε γεγενημένον. Ὁ δέ « Ἐκ Βρεντεσίου με, »
φησίν, « ἀποκλείων καὶ τὰ ἐμὰ ἔθνη καὶ τὸν Καληνοῦ στρατὸν ἀφαιρούμενος
ἔτι τοῖς φίλοις ἐστὶν εὔνους μόνοις· οὐδὲ τοὺς φίλους ἐμοὶ περισῴζειν
ἔοικεν, ἀλλὰ ταῖς εὐεργεσίαις ἐχθροποιεῖν. » Καὶ ὁ Κοκκήιος, ἃ μὲν
ἐπεμέμφετο μαθών, οὐδὲν δὲ ἔτι ὀξυτέραν φύσιν ἐπερεθίσας, ᾤχετο πρὸς τὸν
Καίσαρα.
| [5,60] VII. Il y avait un certain Lucius Cocceius, un ami de tous les deux,
qui avait été envoyé, en compagnie de Caecina, par Octave, l'été précédent,
à Antoine en Phénicie, et qui était resté avec Antoine lors du départ de
Caecina. Ce Cocceius, saisissant l'occasion, feignit d'avoir été mandé par
Octave pour le saluer. Antoine lui permit de s'y rendre. Cocceius lui
demanda, par tester ses dispositions, si Antoine voulait écrire une lettre
à Octave et qu'il lui ferait parvenir. Antoine lui répondit : « Que
pouvons-nous nous écrire, maintenant que nous sommes des ennemis, à part
de mutuelles récriminations ? J'ai écrit des lettres en réponse aux
siennes il y a de cela un moment, et je les ai envoyées par la main de
Caecina. Prends les copies de celles que tu préfères. » Il disait cela par
plaisanterie, mais Cocceius n'admettait pas de considérer déjà Octave
comme un ennemi après son comportement généreux envers les amis de Lucius
et d'Antoine. Mais Antoine lui répondit : « Il m'a empêché d'entrer à
Brindisi, il a pris mes provinces et l'armée de Calenus qui m'appartenait.
Il est aimable uniquement avec mes amis, et non pas pour en faire ses
amis, mais pour en faire mes ennemis par ses bienfaits. » Cocceius, après
avoir entendu ces plaintes, ne fit rien pour irriter davantage ce
caractère naturellement passionné, mais décida de rendre visite à Octave.
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