Texte grec :
[4,15] Ἔθνῃσκον δὲ οἱ μὲν ἀμυνόμενοι τοὺς ἀναιροῦντας, οἱ δ' οὐκ
ἀμυνόμενοι ὡς οὐχ ὑπὸ τῶνδε ἀδικούμενοι, εἰσὶ δ' οἳ καὶ σφᾶς
αὐτοῦς λιμῷ τε ἑκουσίῳ δαπανῶντες καὶ βρόχοις χρώμενοι καὶ
τὰ σώματα καταποντοῦντες ἢ ῥιπτοῦντες ἀπὸ τῶν τεγῶν ἢ ἐς
πῦρ ἐναλλόμενοι ἢ τοῖς σφαγεῦσιν ὑπίσχοντες ἢ καὶ
μεταπεμπόμενοι βραδύνοντας, ἕτεροι δὲ κρυπτόμενοι καὶ
λιπαροῦντες ἀπρεπῶς ἢ διωθούμενοι τὸ κακὸν ἢ ὠνούμενοι. Οἱ
δὲ καὶ παρὰ γνώμην τῶν τριῶν ἀνδρῶν, ὑπ' ἀγνοίας ἢ κατ'
ἐπιβουλήν, ἀπώλλυντο. Καὶ δῆλος ἦν ὁ μὴ προγραφεὶς νέκυς,
ὅτε οἱ προσκέοιτο ἡ κεφαλή· τῶν γὰρ δὴ προγεγραμμένων ἐν
ἀγορᾷ προυτίθεντο παρὰ τοῖς βήμασιν, ἔνθα ἔδει κομίσαντας
ἀντιλαβεῖν τὰ ἀγαθά. Ἴση δ' ἦν ἑτέρων σπουδὴ καὶ ἀρετή,
γυναικῶν τε καὶ παιδίων καὶ ἀδελφῶν καὶ θεραπόντων,
περισῳζόντων τε καὶ συμμηχανωμένων πολλὰ καὶ
συναποθνῃσκόντων, ὅτε μὴ τύχοιεν ὧν ἐπενόουν· οἱ δὲ καὶ
ἐπανῄρουν σφᾶς ἀνῃρημένοις. Τῶν δὲ ἐκφυγόντων οἱ μὲν ὑπὸ
ναυαγίων ἀπώλλυντο, ἐς πάντα σφίσι τῆς τύχης ἐπιβαρούσης,
οἱ δὲ ἐπανήχθησαν ἐκ παραλόγων ἐπί τε ἀρχὰς τῆς πόλεως καὶ
στρατηγίας πολέμων καὶ θριάμβους. Οὕτως ὁ καιρὸς ἦν ἐκεῖνος
ἐπίδειξις παραδοξολογίας.
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Traduction française :
[4,15] Certains moururent en se défendant contre leurs tueurs.
D'autres ne firent aucune résistance, considérant qu'ils
n'avaient subi aucune injustice de leurs assaillants. Certains
moururent de faim, ou se pendirent, ou se noyèrent, ou se
jetèrent de leurs toits dans le feu. Certains s'offrirent à leurs
meurtriers ou les firent venir quand ils tardaient. D'autres se
cachèrent et supplièrent honteusement, ou refusèrent le
danger, ou essayèrent de soudoyer. Certains furent tués par
erreur ou par méchanceté privée, contrairement à l'intention
des triumvirs. Il était clair qu'un cadavre n'était pas un proscrit
si sa tête était encore attachée. Les têtes des proscrits étaient
exposées sur les rostres dans le forum : il fallait les y apporter
pour obtenir les récompenses. La fidélité et le courage d'autres
personnes fut aussi remarquable - épouses, enfants, frères,
esclaves, qui sauvèrent des proscrits ou firent des plans pour
eux de diverses manières, et moururent avec eux quand elles
ne réussissaient pas à les accomplir. Certains aussi se tuèrent
sur les cadavres des massacrés. Parmi ceux qui avaient fui,
une partie périt lors d'un naufrage, la malchance les poursuivait
partout. D'autres furent sauvés, contrairement à tout espoir et
devinrent des magistrats urbains, des commandants lors de la
guerre, et jouirent aussi des honneurs d'un triomphe. Ce fut un
temps de situations paradoxales.
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