Texte grec :
[4,128] Ἤδη δὲ τῆς ἡμέρας ἀμφὶ τήνδε τὴν παρασκευὴν ἐς ἐνάτην
ὥραν δεδαπανημένης αἰετοὶ δύο ἐς τὸ μεταίχμιον συμπεσόντες
ἀλλήλοις ἐπολέμουν· καὶ ἦν σιγὴ βαθυτάτη. Φυγόντος δὲ τοῦ
κατὰ Βροῦτον βοή τε παρὰ τῶν πολεμίων ὀξεῖα ἠγέρθη καὶ τὰ
σημεῖα ἑκατέρωθεν ἐπῇρτο, καὶ ἔφοδος ἦν σοβαρά τε καὶ
ἀπηνής. Τοξευμάτων μὲν δὴ καὶ λίθων ἢ ἀκοντισμάτων ὀλίγον
αὐτοῖς ἐδέησε πολέμου νόμῳ, ἐπεὶ οὐδὲ τῇ ἄλλῃ τέχνῃ καὶ τάξει
τῶν ἔργων ἐχρῶντο, ἀλλὰ γυμνοῖς τοῖς ξίφεσι συμπλεκόμενοι
ἔκοπτόν τε καὶ ἐκόπτοντο καὶ ἀλλήλους ἐξώθουν ἀπὸ τῆς
τάξεως, οἱ μὲν περὶ σωτηρίας μᾶλλον ἢ νίκης, οἱ δὲ περὶ νίκης
καὶ παρηγορίας στρατηγοῦ βεβιασμένου. Φόνος δὲ ἦν καὶ
στόνος πολύς, καὶ τὰ μὲν σώματα αὐτοῖς ὑπεξεφέρετο, ἕτεροι δὲ
ἀντικαθίσταντο ἐκ τῶν ἐπιτεταγμένων. Οἱ στρατηγοὶ δὲ σφᾶς,
περιθέοντες καὶ ὁρώμενοι πανταχοῦ, ταῖς τε ὁρμαῖς ἀνέφερον
καὶ παρεκάλουν πονοῦντας ἔτι προσπονῆσαι καὶ τοὺς
κεκμηκότας ἐνήλλασσον, ὥστε ὁ θυμὸς αἰεὶ τοῖς ἐπὶ τοῦ
μετώπου καινὸς ἦν.
Τέλος δὲ οἱ τοῦ Καίσαρος, εἴτε διὰ δέος τοῦ λιμοῦ, εἴτε δι' αὐτοῦ
Καίσαρος εὐτυχίαν νοὐ γὰρ ἐπίμεμπτοί γε ἦσαν οὐδὲ οἱ
Βρούτειοἰ, τὴν φάλαγγα τῶν ἐχθρῶν ἐκίνουν, ὥσπερ τι
μηχάνημα τῶν βαρυτάτων ἀνατρέποντες. Οἱ δ' ἀνεωθοῦντο μὲν
ἐπὶ πόδας ἐς τὸ ὀπίσω βάδην ἔτι καὶ μετὰ φρονήματος· ὡς δὲ
αὐτοῖς καὶ ἡ σύνταξις ἤδη παρελέλυτο, ὀξύτερον ὑπεχώρουν
καί, τῶν ἐπιτεταγμένων σφίσι δευτέρων καὶ τρίτων
συνυποχωρούντων, μισγόμενοι πάντες ἀλλήλοις ἀκόσμως
ἐθλίβοντο ὑπὸ σφῶν καὶ τῶν πολεμίων ἀπαύστως αὐτοῖς
ἐπικειμένων, ἕως ἔφευγον ἤδη σαφῶς. Καὶ οἱ τοῦ Καίσαρος
τότε μάλιστα τοῦ παρηγγελμένου σφίσιν ἐγκρατῶς ἐχόμενοι τὰς
πύλας προελάμβανον σφόδρα ἐπικινδύνως (ἄνωθέν τε γὰρ
ἐβάλλοντο καὶ ἐκ τοῦ μετώπου), μέχρι πολλοὺς ἐσδραμεῖν
ἐκώλυσαν, οἳ διέφυγον ἐπί τε τὴν θάλασσαν καὶ ἐς τὰ ὄρη διὰ
τοῦ ποταμοῦ τοῦ Ζυγάκτου.
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Traduction française :
[4,128] Le jour se passa en préparatifs jusqu'à la neuvième
heure, quand deux aigles s'élancèrent l'un sur l'autre et
combattirent dans l'espace situé entre les deux armées, au
milieu d'un profond silence. Quand celui qui se trouvait du côté
de Brutus prit la fuite, ses ennemis poussèrent un grand cri et
la bataille s'engagea. Le début fut superbe et terrible. Ils
n'utilisèrent ni flèches, ni pierres ni javelots, dont on se sert
d'habitude lors d'une bataille, parce que ils ne recoururent pas
aux manœuvres et à la tactique habituelles des batailles, mais,
ils combattaient uniquement avec des épées, ils tuaient et
étaient tués en cherchant rompre les rangs de leurs
adversaires. D'un côté c'était un combat pour l'instinct de
conservation plutôt que pour la victoire: de l'autre pour la
victoire et pour faire plaisir au général qui avait été forcé de
lutter contre son propre vouloir. Le carnage et les
gémissements furent terribles. Les corps de ceux qui
tombaient étaient enlevés et d'autres prenaient leurs places.
Les généraux allaient ici et là surveillant tout, encourageant
leurs hommes par leur ardeur, recommandant instamment à
ceux qui peinaient de se surpasser, et réconfortant ceux qui
étaient épuisés de sorte qu'à l'avant de la bataille le courage
était toujours intact.
Finalement les soldats d'Octave, par crainte de la famine, ou
par la bonne fortune d'Octave lui-même (il ne faut certainement
pas blâmer les soldats de Brutus), repoussa la ligne de
l'ennemi comme s'ils poussaient une machine très lourde. Ces
derniers furent repoussés pas après pas, lentement d'abord et
sans perdre de courage. Puis leurs rangs se brisèrent et leur
retraite fut plus rapide, et alors il y en même temps qu'eux la
retraite du deuxième et du troisième rang à l'arrière, ce fut une
mêlée dans le désordre, comprimés les uns sur les autres et
par l'ennemi, qui les serrait sans arrêt jusqu'à ce que cela
devint une véritable fuite. Les soldats d'Octave,
particulièrement conscients du commandement qu'ils avaient
reçu, s'emparèrent des portes de la fortification de l'ennemi en
prenant de grands risques pour eux-mêmes parce qu'ils étaient
exposés aux traits provenant d'en haut ou d'en face, et ils
empêchèrent un grand nombre d'ennemis de regagner l'entrée.
Ceux-ci se sauvèrent, certains vers la mer, et certains par le
fleuve Zygactes vers les montagnes.
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