Texte grec :
[4,127] Οὕτω μὲν ὁ Καῖσαρ καὶ ὁ Ἀντώνιος παρώτρυνον, ἐφ' οὓς
παραγένοιντο. Καὶ πᾶσιν ἦν αἰδὼς ἀξίοις τε φανῆναι τῶν
στρατηγῶν καὶ τὴν ἀπορίαν ἐκφυγεῖν, ὑπεραυξηθεῖσαν ἐκ
παραλόγου διὰ τὰ ἐν τῷ Ἰονίῳ γενόμενα. ᾙροῦντό τε ἐν ἔργῳ
καὶ ἐν ἐλπίσιν, εἰ δέοι, τὶ παθεῖν μᾶλλον ἢ ὑπὸ ἀμηχάνου κακοῦ
δαπανώμενοι.
Ὧδε δὲ ἐχόντων αὐτῶν καὶ πρὸς τὸν ἐγγὺς αὐτὰ ἐκφέροντος
ἑκάστου, ὁ θυμὸς ἀμφοτέρων ηὔξετο μάλιστα καὶ ἐνεπίμπλαντο
τόλμης ἀκαταπλήκτου· οὐδέν τε ἐν τῷ παρόντι ἀλλήλων ὅτι
ἦσαν πολῖται οὐδὲ ἐπεμέμνηντο, ἀλλ' ὡς ἐκ φύσεως καὶ γένους
ἐχθροῖς ἐπηπείλουν. Οὕτως ἡ παραυτίκα ὀργὴ τὸν λογισμὸν
αὐτοῖς καὶ τὴν φύσιν ἔσβεσεν. Ἐπεμαντεύοντο δὲ ὁμαλῶς
ἑκάτεροι τήνδε τὴν ἡμέραν ἐν τῷδε τῷ ἔργῳ πάντα τὰ Ῥωμαίων
πράγματα κρινεῖν. Καὶ ἐκρίθη.
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Traduction française :
[4,127] C'est de cette manière qu'Octave et Antoine échauffèrent
les esprits de ceux avec qui ils étaient en contact. Il y eut parmi
la troupe une émulation de se montrer dignes de leurs
commandants et d'échapper aussi au danger de la famine, qui
avait été considérablement augmenté par le désastre naval en
Adriatique. Ils préféraient, au besoin, souffrir lors de la bataille,
avec l'espoir de l'emporter, plutôt que d'être épuisés par un
mal irrésistible.
Animés par ces pensées, que chaque homme échangeait avec
son voisin, les deux armées eurent leur moral remonté au
maximum et toutes les deux étaient remplies d'un courage
indomptable. Ils ne se rappelaient plus alors qu'ils étaient les
concitoyens de leurs ennemis, mais ils se lançaient les uns
vers les autres comme s'ils avaient été des ennemis de
naissance et de descendance. Leur colère à ce moment était
telle qu'elle leur enlevait la raison et la nature. Les deux côtés
devinaient aussi que ce jour et cette bataille décideraient une
fois pour toute du destin de Rome ; et c'est ce qui arriva.
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