Texte grec :
[4,107] XIV. Οἱ μὲν δὴ χαίροντες τῷ χωρίῳ τὰ στρατόπεδα
ὠχύρουν, Ἀντώνιος δὲ ὥδευε μὲν σὺν τῷ στρατῷ μετ' ἐπείξεως,
τὴν Ἀμφίπολιν ἐθέλων ἐς τὴν ὑπηρεσίαν τῆς μάχης προλαβεῖν,
ὡς δὲ αὐτὴν εὗρεν ὠχυρωμένην οἱ πρὸς τῶν ἀμφὶ τὸν
Νωρβανόν, ἥσθη καὶ τὴν παρασκευὴν ἐν αὐτῇ κατέλιπε μεθ'
ἑνὸς τέλους, οὗ Πινάριος ἡγεῖτο, αὐτὸς δὲ μάλα θρασέως πολὺ
προελθὼν ἐστρατοπέδευεν ἐν τῷ πεδίῳ, σταδίους ὀκτὼ μόνους
ἀποσχὼν ἀπὸ τῶν πολεμίων. Καὶ εὐθὺς ἦν κατάδηλος ἡ τῶν
στρατοπέδων ἐλάττωσίς τε καὶ πλεονεξία. Οἱ μὲν γὰρ ἦσαν ἐπὶ
κολωνῷ, οἱ δὲ ἐν πεδίῳ, καὶ οἱ μὲν ἐξυλεύοντο ἀπὸ τῶν ὀρῶν,
οἱ δ' ἀπὸ τοῦ ἕλους· καὶ ὑδρεύοντο οἱ μὲν ἐκ ποταμοῦ, οἱ δὲ ἐκ
φρεάτων ὧν αὐτίκα ὠρωρύχεισαν· τήν τε ἀγορὰν οἱ μὲν ἀπ'
ὀλίγων σταδίων ἐπήγοντο ἐκ Θάσου, οἱ δὲ ἀπὸ πεντήκοντα καὶ
τριακοσίων ἐξ Ἀμφιπόλεως. Ἐδόκει γε μὴν ἐξ ἀνάγκης ὁ
Ἀντώνιος ὧδε πρᾶξαι, κολωνοῦ μὲν οὐδενὸς ὄντος ἑτέρου, τὸ
δ' ἄλλο πεδίον οἷα κοιλότερον ἐκλιμνάζοντος ἐνίοτε τοῦ
ποταμοῦ· παρ' ὃ καὶ τὰς πηγὰς τῶν ὀρυσσομένων φρεάτων
γλυκείας τε καὶ δαψιλοῦς ὕδατος εὕρισκε. Τό γε μὴν τόλμημα, εἰ
καὶ ἐξ ἀπορίας ἐγένετο, κατέπλησσε τοὺς πολεμίους, ἐγγὺς
οὕτω καὶ εὐθὺς ἐξ ἐφόδου σὺν καταφρονήσει
παραστρατοπεδεύσαντος. Φρούριά τε ἤγειρε πολλὰ καὶ πάντα
κατὰ σπουδὴν ὠχύρου τάφροις καὶ τείχεσι καὶ χαρακώμασιν.
Ὠχύρουν δὲ καὶ οἱ πολέμιοι, ὅσα αὐτοῖς ἐνέλειπεν. Ὁ δὲ
Κάσσιος τὴν ὁρμὴν τοῦ Ἀντωνίου μανιώδη οὖσαν ὁρῶν
διετείχιζεν, ὃ ἔτι μόνον αὐτοῖς ἔλειπεν ἐς τὸ ἕλος ἀπὸ τοῦ
στρατόπέδου, διὰ στενότητα ὑπεροφθέν, ὡς μηδὲν ἔτι
ἀτείχιστον εἶναι πλὴν κατὰ πλευρὰς Βρούτῳ μὲν τὰ ἀπόκρημνα,
Κασσίῳ δὲ τὸ ἕλος καὶ τὴν θάλασσαν ἐπὶ τῷ ἕλει· τὰ δὲ ἐν μέσῳ
πάντα διείληπτο τάφρῳ καὶ χάρακι καὶ τείχει καὶ πύλαις.
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Traduction française :
[4,107] XIV. Brutus et Cassius étaient satisfaits de la position et
s'occupèrent à fortifier leurs camps, mais Antoine se déplaçait
rapidement avec son armée, souhaitant prévenir l'ennemi en
occupant Amphipolis, position avantageuse pour le combat. Il
trouva la ville déjà fortifiée par Norbanus et en fut enchanté. Il y
laissa ses approvisionnements et une légion, sous le
commandement de Pinarius et s'avança avec beaucoup
d'audace pour placer son camp dans la plaine à seulement huit
stades de l'ennemi, et immédiatement la supériorité des
ennemis et son infériorité lui parurent évidentes. Ses ennemis
se trouvaient sur un endroit élevé, tandis que lui se trouvait
dans la plaine; ses ennemis avaient du bois des montagnes,
tandis que lui n'en avait que des marais; ses ennemis avaient
de l'eau d'un fleuve, alors que lui n'avait que des puits
fraîchement creusé; ses ennemis faisaient venir leurs
approvisionnements de Thasos, ce qui n'exigeait que le
transport en chariots sur quelques stades, alors que lui se
trouvait à 350 stades d'Amphipolis. C'est par nécessité
qu'Antoine fut obligé de faire ce qu'il fit : il n'y avait pas d'autre
colline, et le reste de la plaine, se situant dans une sorte de
cavité, était exposée à être parfois inondée par le fleuve; c'est
aussi parce que des sources d'eau fraîche et abondante furent
trouvées dans les puits qu'il fit creuser là. L'audace d'Antoine,
bien qu'elle lui fût imposée par la nécessité, frappa de stupeur
l'ennemi quand ils le virent placer son camp aussi près d'eux et
sa façon de faire méprisante dès son arrivée. Il fit élever de
nombreuses tours et se fortifia de tous les côtés par des
fossés, des murs et des palissades. L'ennemi aussi fortifia
partout où il restait des failles. Cassius, voyant l'avance
insensée d'Antoine, sortit des fortifications au seul endroit où il
le pouvait encore : du camp au marais, un espace avait été
négligé à cause de son étroitesse, de sorte qu'il n'y avait plus
rien qui ne soit fortifié sauf sur le côté les falaises sur le flanc
de Brutus et le marais sur celui de Cassius et la mer se
trouvant contre le marais. Au centre tout été barré par le fossé,
la palissade, le mur et les portes.
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