Texte grec :
[3,84] 84. Ὧν αἰσθανόμενος Λατερήσιος, τῶν τις ἐκ τῆς βουλῆς
ἐπιφανῶν, προηγόρευε τῷ Λεπίδῳ καὶ ἀπιστοῦντα ἐκέλευε τὴν
στρατιὰν ἐς πολλὰ διελόντα ἐκπέμψαι κατὰ δή τινας χρείας, ἐς
ἐπίδειξιν ἢ τῆς προδοσίας ἢ τῆς πίστεως. Καὶ ὁ Λέπιδος ἐς τρία
διελών, ἐκέλευε νυκτὸς ἐξορμᾶν ἐς φρουρὰν ταμιείων
πλησιαζόντων. Οἱ δὲ ἀμφὶ τὴν ἐσχάτην φυλακήν, ὡς ἐς τὴν
ἔξοδον ὁπλισάμενοι, τὰ ἐρυμνὰ τοῦ στρατοπέδου κατέλαβον
καὶ τὰς πύλας ἀνεῴγνυον Ἀντωνίῳ. Ὁ δ' ἐπὶ τὴν Λεπίδου
σκηνὴν ἵετο δρόμῳ, τοῦ στρατοῦ παντὸς ἤδη τοῦ Λεπίδου
παραπέμποντος αὐτὸν καὶ τὸν Λέπιδον αἰτοῦντος εἰρήνην τε καὶ
ἔλεον ἐς ἀτυχοῦντας πολίτας. Ὁ μὲν δὴ Λέπιδος, ὡς εἶχεν, ἐκ
τῆς εὐνῆς ἄζωστος ἐς αὐτοὺς ἐξέθορε καὶ ὑπισχνεῖτο ποιήσειν
καὶ τὸν Ἀντώνιον ἠσπάζετο καὶ ἐξελογεῖτο τῆς ἀνάγκης. Οἱ δὲ
αὐτὸν καὶ προσπεσεῖν Ἀντωνίῳ νομίζουσιν, ἄπρακτον μὲν ὄντα
καὶ ἄτολμον, οὐ μὴν ἅπασι τοῖς συγγραφεῦσι πιστὸν οὐδ' ἐμοὶ
πιθανόν· οὐ γάρ πώ τι αὐτῷ πολέμιον ἐς τὸν Ἀντώνιον
ἐπέπρακτο, δέους ἄξιον. Οὕτω μὲν ὁ Ἀντώνιος ἐς μέγα
δυνάμεως αὖθις ἐπῆρτο, καὶ τοῖς ἐχθροῖς ἦν ἐπιφοβώτατος·
στρατὸν γὰρ εἶχεν, ὅν τε ἐξανέστησε Μουτίνης καὶ σὺν αὐτῷ
λαμπρότατον ἱππικόν, τρία τε αὐτῷ τέλη κατὰ τὴν ὁδὸν
προσγεγένητο τὰ Οὐεντιδίου, καὶ Λέπιδος αὐτῷ σύμμαχος
ἐγίγνετο ἑπτὰ ἔχων ὁπλιτικὰ τέλη καὶ πολὺν ὅμιλον ἄλλον καὶ
παρασκευὴν ἀξιόλογον. Καὶ τοῖσδε ὁ μὲν Λέπιδος ἐπωνομάζετο
ἔτι, ὁ δὲ Ἀντώνιος ἅπαντα διῴκει.
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Traduction française :
[3,84] 84. Quand Lateresius, un des membres distingués
du sénat, s'aperçut de cela, il en avertit Lépide.
Comme ce dernier était incrédule, Lateresius lui
conseilla de diviser son armée en plusieurs parties
et de les envoyer à quelques services visibles
pour s'assurer si elles aient été fidèles ou non. Et
Lépide les divisa en trois, et leur commanda de
sortir de nuit pour protéger quelques convois qui
approchaient. A la dernière garde les soldats
s'armèrent comme pour la marche, s'emparèrent
des défenses du camp et ouvrirent les portes à
Antoine. Il vint en courant à la tente de Lépide,
escorté alors par toute l'armée de celui-ci et
demanda la paix et la compassion de Lépide pour
les malheureux citoyens. Lépide sauta de son lit,
comme il était, la ceinture déliée et leur promit de
faire tout ce qu'ils demandaient, embrassa
Antoine, et plaida la nécessité. Certains disent
qu'il tomba réellement à genoux devant Antoine,
car c'était un homme hésitant et timide. Mais tous
les auteurs ne croient pas à cette version des faits
et moi non plus, parce qu'il n'avait rien fait jusqu'ici
d'hostile à Antoine qui puisse lui faire peur. Alors
Antoine devint encore plus puissant et plus
redoutable à ses ennemis; il prit l'armée avec
laquelle il avait abandonné le siège de Mutina, y
compris sa magnifique cavalerie; Ventidius le
rejoignit sur la route avec trois légions, et il avait
comme allié Lépide avec sept légions d'infanterie
et un grand nombre de troupes et des
équipements en proportion. Lépide avait en
théorie le commandement de ces dernières, mais
Antoine dirigeait tout.
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