Texte grec :
[3,6] 6. Καὶ Ἀντώνιος μὲν ἀμφὶ ταῦτα ἦν, ὁ δὲ Βροῦτος καὶ ὁ
Κάσσιος, οὔτε τινὸς παρὰ τοῦ δήμου σφίσιν ἢ παρὰ τῶν
ἐξεστρατευμένων εἰρηναίου φανέντος, οὔτε τὴν ἐνέδραν
Ἀματίου καὶ παρ' ἑτέρου ἂν αὑτοῖς ἀδύνατον ἡγούμενοι
γενέσθαι, οὔτε τὸ ποικίλον Ἀντωνίου φέροντες ἀφόβως, ἤδη καὶ
στρατιὰν ἔχοντος, οὔτε τὴν δημοκρατίαν βεβαιουμένην ἔργοις
ὁρῶντες, ἀλλὰ καὶ ἐς τοῦτο ὑφορώμενοι τὸν Ἀντώνιον, Δέκμῳ
μάλιστα ἐπεποίθεσαν, ἔχοντι ἐν πλευραῖς τρία τέλη στρατοῦ, καὶ
πρὸς Τρεβώνιον ἐς τὴν Ἀσίαν καὶ πρὸς Τίλλιον ἐς Βιθυνίαν
κρύφα ἔπεμπον χρήματα ἀγείρειν ἀφανῶς καὶ στρατὸν
περιβλέπεσθαι. Αὐτοί τε ἠπείγοντο τῶν δεδομένων σφίσιν ὑπὸ
τοῦ Καίσαρος ἐθνῶν λαβέσθαι. Τοῦ χρόνου δὲ οὔπω
συγχωροῦντος αὐτοῖς, ἀπρεπὲς ἡγούμενοι, τὴν ἐν ἄστει
στρατηγίαν προλιπόντες ἀτελῆ, δόξαν ὕποπτον φιλαρχίας
ἐθνῶν ἐνέγκασθαι, ᾑροῦντο ὅμως ὑπὸ ἀνάγκης τὸ ἐν μέσῳ
διάστημα διατρῖψαί ποι μᾶλλον ἰδιωτεύοντες ἢ ἐν ἄστει
στρατηγεῖν, οὔτε ἀφόβως ἔχοντες οὔτε τὰ εἰκότα ἐφ' οἷς ὑπὲρ
τῆς πατρίδος ἐπεπράχεσαν τιμώμενοι. Οὕτω δ' αὐτοῖς ἔχουσιν
ἡ βουλὴ συνειδυῖα τὴν γνώμην ἔδωκε σίτου τῇ πόλει φροντίσαι,
ἐξ ὅσης δύναιντο γῆς, μέχρις αὐτοὺς ὁ χρόνος τῶν ἐθνῶν τῆς
στρατηγίας καταλάβοι.Καὶ ἡ μὲν οὕτως ἔπραξεν, ἵνα μή ποτε
Βροῦτος ἢ Κάσσιος φεύγειν δοκοῖεν· τοσήδε αὐτῶν φροντὶς ἦν
ἅμα καὶ αἰδώς, ἐπεὶ καὶ τοῖς ἄλλοις σφαγεῦσι διὰ τούσδε
μάλιστα συνελάμβανον·
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Traduction française :
[3,6] 6. Pendant qu'Antoine était occupé à cela, Brutus
et Cassius, ne voyant personne ni dans la plèbe ni
parmi les vétérans vouloir faire la paix avec eux, et
considérant que tout le monde pouvait comploter
contre eux comme l'avait fait Amatius,
commencèrent à se méfier de l'inconstance
d'Antoine, qui avait maintenant une armée sous
ses ordres, et voyant que la république n'était pas
dans les faits consolidée, suspectèrent aussi
Antoine d'y être aussi pour quelque chose : c'est
pourquoi ils faisaient plus confiance en Decimus
Brutus, qui avait trois légions tout près, et ils
envoyèrent aussi des messages secrets à
Trebonius en Asie et à Tillius en Bithynie, leur
demandant de rassembler l'argent en cachette et
de préparer une armée. Ils étaient impatients,
aussi, de prendre le gouvernement des provinces
que César leur avait assignées, mais comme le
moment pour le faire n'était pas encore arrivé, ils
pensèrent qu'il serait indécent d'abandonner leur
charge de préteurs urbains avant la fin ce celle-ci,
et qu'ils encourraient les soupçons d'amour
anormal pour le pouvoir sur les provinces. Ils
préférèrent néanmoins passer le reste de l'année
comme citoyens privés quelque part, par
nécessité, plutôt que garder la charge de préteurs
dans une ville où la sécurité ne leur était pas
garantie, et où ils n'avaient pas la considération
qu'ils méritaient pour les avantages qu'ils avaient
conférés à leur pays. Tandis qu'ils étaient dans cet
état d'esprit, le sénat, pensant la même chose
qu'eux, leur donna la charge de
l'approvisionnement en blé de la ville dans toutes
les régions du monde, jusqu'au moment fixé de
prendre le commandement de leurs provinces. On
agit ainsi pour que Brutus et Cassius ne
paraissent pas avoir fui. Si grande étaient
l'inquiétude et le respect pour eux que le sénat vint
en aide aux autres meurtriers principalement à cause d'eux.
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