Texte grec :
[3,35] 35. « Ἆρ' ὑμῖν ὀλίγα ἢ σμικρὰ τῆς ἀμνηστίας τὴν βουλὴν
ἀνταιτῆσαι δοκῶ; Ἢ δοῦναι ἂν αὐτὰ ἡ βουλὴ χωρὶς τῆς
ἀμνηστίας; Ἦν μὲν δὴ καὶ καθαρῶς ἀντιδοῦναι τάδε ττῶνδε
ἄξιον καὶ φείσασθαι σὺν ἀληθεῖ γνώμῃ φονέων ἀνδρῶν ὑπὲρ
ἀθανάτου Καίσαρος δόξης καὶ ἡμῶν ἀσφαλοῦς σωτηρίας· οὐ
μὴν ἐγὼ μετὰ τῆσδε τῆς γνώμης ἐποίουν, ἀλλ' ἀνατιθέμενος τὴν
δίκην. Ἐπεί γέ τοι τῆς βουλῆς ἐς ἃ πρῶτα ἔχρῃζον ἐκράτησα καὶ
οἱ σφαγεῖς ὡς ἐν ἀμερίμνῳ μεθεῖντο, ἀνεθάρρησα καὶ τὴν
ἀμνηστίαν παρέλυον, οὐ ψηφίσμασιν ἢ δόγμασιν νοὐ γὰρ ἦνν,
ἀλλ' ἀσήμῳ δημοκοπίᾳ, τὸ σῶμα τοῦ Καίσαρος ἐπὶ προφάσει
τῆς ταφῆς ἐς τὴν ἀγορὰν ἐκφέρων καὶ τὰ τραύματα ἀπογυμνῶν
καὶ τὸ πλῆθος αὐτῶν καὶ τὴν ἐσθῆτα ἐπιδεικνὺς ἡμαγμένην τε
καὶ κατακεκομμένην καὶ τὴν ἀρετὴν καὶ τὸ φιλόδημον αὐτοῦ
παλιλλογῶν, ἐκπαθῶς ἐν μέσῳ καὶ ὀδυρόμενος μὲν ὡς
ἀνῃρημένον, κατακαλῶν δ' ὡς θεόν. Τάδε γάρ μου τὰ ἔργα καὶ
ῥήματα ἠρέθισε τὸν δῆμον, καὶ τὸ πῦρ ἧψε μετὰ τὴν ἀμνηστίαν,
καὶ ἐς τὰς οἰκίας τῶν ἐχθρῶν ἔπεμψε καὶ τοὺς ἄνδρας ἐξέβαλε
τῆς πόλεως. Τοῦτο δ' ὅπως ἀντιπραττούσης καὶ λυπουμένης
τῆς βουλῆς ἐγένετο, αὐτίκα ἔδειξαν, ἐμὲ μὲν αἰτιώμενοι τῆς
δημοκοπίας, τοὺς δὲ φονέας ἐκπέμψαντες ἐπὶ τὰς τῶν ἐθνῶν
ἡγεμονίας, Βροῦτον δὲ καὶ Κάσσιον ἐς Συρίαν καὶ Μακεδονίαν,
αἳ μεσταὶ μεγάλων στρατῶν ἦσαν, ἐπείγεσθαι καὶ πρὸ τοῦ
δεδομένου χρόνου διδάξαντες ἐπὶ προφάσει φροντίδος σίτου.
Ἕτερον δή με δέος ἔτι μεῖζον ἐπελάμβανεν, οὐκ ἔχοντά πω
στρατὸν ἴδιον οὐδένα, μὴ πρὸς ἐνόπλους τοσούσδε ἄνοπλοι
καθιστώμεθα. Καὶ ὁ σύναρχος ὕποπτος ἦν, ἐμοί τε διάφορος
ὢν αἰεὶ καὶ ὑποκρινόμενος ἐπιβουλεῦσαι τῷ Καίσαρι καὶ τὴν
ἡμέραν τοῦ φόνου γενέθλιον τῇ πόλει τιθέμενος.
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Traduction française :
[3,35] 35. "Pensez-vous que j'ai demandé peu ou de
petites choses au sénat en échange de l'amnistie,
ou que le sénat aurait fait ces concessions sans
amnistie? Si cet échange s'était passé en toute
sincérité, cela aurait été réellement une bonne
affaire d'épargner les meurtriers pour la gloire
immortelle de César et pour notre sécurité
absolue, mais ce n'est pas dans cette intention
que je l'ai fait, mais afin de postposer le châtiment.
C'est pourquoi, dès que j'ai obtenu ce que je
voulais du sénat, et que les meurtriers, libres de
toute inquiétude, n'étaient plus sur leurs gardes,
j'ai repris courage frais et j'ai sapé l'amnistie, non
par des votes, ni par des décrets (cela était
impossible), mais en travaillant imperceptiblement
le peuple. J'ai fait placer le corps de César dans le
forum en prétextant son enterrement, j'ai mis à
jour ses blessures, j'ai montré leur nombre et ses
vêtements sanglants et percés de coups. Dans un
discours public j'ai rappelé son courage et les
services qu'il avait rendus au peuple en termes
pathétiques, le pleurant comme un mort mais
l'appelant comme un dieu. Ces actes et ces
paroles ont remué le peuple, ont allumé un feu
contre l'amnistie, et l'ont envoyé contre les
maisons de nos ennemis, et ont chassé les
meurtriers de la ville. Que j'aie fait tout cela pour
m'opposer et pour déplaire au sénat, les sénateurs
me l'ont montré aussitôt, quand ils m'ont blâmé
d'exciter le peuple et ont envoyé au loin les
meurtres pour prendre en charge des provinces,
Brutus et Cassius en Syrie et en Macédoine, qui
possédaient de grandes armées, leur disant de se
hâter avant le temps prévu, sous prétexte de
s'occuper de l'approvisionnement en blé. Et
maintenant une autre et encore plus grande
crainte m'envahit (car jusqu'ici je n'ai aucune force
militaire propre), que nous soyons exposés sans
armes aux assauts d'une foule d'hommes en
armes. J'ai suspecté aussi mon collègue parce
qu'il était toujours en désaccord avec moi, et tout
en feignant avoir conspiré contre César a proposé
que le jour de son meurtre soit célébré comme
anniversaire de la république.
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