Texte grec :
[3,15] 15. « Ἐγὼ δέ, πάτερ Ἀντώνιε (πατέρα γὰρ εἶναι σέ μοι
δικαιοῦσιν αἵ τε Καίσαρος ἐς σὲ εὐεργεσίαι καὶ ἡ σὴ πρὸς
ἐκεῖνον χάρις), τῶν σοι πεπραγμένων ἐπ' ἐκείνῳ τὰ μὲν ἐπαινῶ
καὶ χάριν αὐτῶν ὀφλήσω, τὰ δ' ἐπιμέμφομαι, καὶ λελέξεται μετὰ
παρρησίας, ἐς ἣν ἡ λύπη με προάγει. Κτεινομένῳ μὲν οὐ
παρῆς, τῶν φονέων σε περισπασάντων περὶ θύρας, ἐπεὶ
περιέσῳζες ἂν αὐτὸν ἢ συνεκινδύνευες ὅμοια παθεῖν· ὧν εἰ
θάτερον ἔμελλεν ἔσεσθαι, καλῶς, ὅτι μὴ παρῆς. Ψηφιζομένων
δέ τινων αὐτοῖς ὡς ἐπὶ τυράννῳ γέρα ἀντεῖπας ἐγκρατῶς· καὶ
τοῦδέ σοι χάριν οἶδα λαμπράν, εἰ καὶ τοὺς ἄνδρας ἔγνως
συνανελεῖν σε βεβουλευμένους, οὐχ, ὡς ἡμεῖς ἡγούμεθα,
τιμωρὸν ἐσόμενον Καίσαρι, ἀλλ', ὡς αὐτοὶ λέγουσι, τῆς
τυραννίδος διάδοχον. Ἅμα δ' οὐκ ἦσαν ἐκεῖνοι τυραννοκτόνοι, εἰ
μὴ καὶ φονεῖς ἦσαν· διὸ καὶ ἐς τὸ Καπιτώλιον συνέφυγον ὡς ἐς
ἱερὸν ἁμαρτόντες ἱκέται ἢ ὡς ἐς ἀκρόπολιν ἐχθροί. Πόθεν οὖν
αὐτοῖς ἀμνηστία καὶ τὸ ἀνεύθυνον τοῦ φόνου, ἢ τῆς βουλῆς καὶ
τοῦ δήμου ει τινες ἐφθάρατο ὑπ' ἐκείνων; Καὶ σὲ τὸ τῶν
πλεόνων ὁρᾶν ἐχρῆν, ὕπατον ὄντα. Ἀλλὰ καὶ θάτερα
βουλομένῳ σοι ἡ ἀρχὴ συνελάμβανε, τιμωρουμένῳ τηλικοῦτον
ἄγος καὶ τοὺς πλανωμένους μεταδιδάσκοντι. Σὺ δὲ καὶ ὅμηρα
τῆς ἀδείας, οἰκεῖα αὐτοῦ σοῦ, τοῖς ἀνδροφόνοις ἔπεμψας ἐς τὸ
Καπιτώλιον.
« Ἀλλ' ἔστω καὶ ταῦτα τοὺς διεφθαρμένους σε βιάσασθαι. Ὅτε
μέντοι τῶν διαθηκῶν ἀναγνωσθεισῶν καὶ αὐτοῦ σοῦ δίκαιον
ἐπιτάφιον εἰπόντος ὁ δῆμος ἐν ἀκριβεῖ Καίσαρος μνήμῃ
γενόμενοι πῦρ ἐπ' αὐτοὺς ἔφερον, καὶ φεισάμενοι χάριν τῶν
γειτόνων ἐς τὴν ἐπιοῦσαν ἥξειν ἐπὶ ὅπλα συνέθεντο, πῶς οὐχὶ
τῷ δήμῳ συνέπραξας καὶ ἐστρατήγησας τοῦ πυρὸς ἢ τῶν
ὅπλων ἢ δίκην γε τοῖς ἀνδροφόνοις ἐπέγραψας, εἰ δίκης ἔδει
κατὰ αὐτοφώρων, καὶ φίλος ὢν Καίσαρι καὶ ὕπατος καὶ Ἀντώνιος;
|
|
Traduction française :
[3,15] 15. "Antoine, mon père (pour les avantages que
César t'a conférés et pour ta gratitude envers lui,
accepte que je te donne ce titre), pour ce que tu
as fait depuis sa mort, je te félicite et je t'en
remercie; pour d'autres choses je te blâme. Je
parlerai avec la franchise de ma douleur. Quand
César a été tué tu n'étais pas présent, car les
meurtriers t'ont retenu dehors; sinon tu l'aurais
sauvé ou tu aurais couru le danger de partager le
même destin que lui. Si c'est cela qui aurait dû
t'arriver, alors c'est une bonne chose que tu n'aies
pas été présent. Quand certains sénateurs ont
proposé des récompenses aux meurtriers comme
tyrannicides, tu t'es fortement opposé à eux. Pour
cela je t'en remercie chaleureusement, bien que tu
aies su qu'ils prévoyaient de te tuer, non, à mon
avis, parce que tu étais susceptible de venger
César, mais, comme ils le disent eux-mêmes, de
peur que tu ne deviennes son successeur dans la
tyrannie. Qu'ils aient été ou nom les assassins
d'un tyran, c'étaient de toute façon des meurtriers
et c'est pourquoi ils se sont réfugiés dans le
Capitole, comme suppliants coupables dans un
temple ou comme ennemis dans une forteresse.
Comment alors pourraient-ils être amnistiés et
obtenir l'impunité pour leur crime à moins qu'ils
aient corrompu une partie du sénat et du peuple?
Pourtant toi, comme consul, tu devais voir ce qui
était dans l'intérêt de la majorité, et si tu avais
voulu venger un crime si monstrueux, ou remettre
sur la bonne voie ceux qui se sont trompés, ta
charge t'aurait permis de le faire. Mais tu as
envoyé des otages de ta propre famille aux
meurtriers dans le Capitole pour leur sécurité.
Admettons que ceux qui étaient corrompus t'aient
obligé de le faire : pourtant quand les dernières
volontés de César furent lues, et que toi-même tu
as prononcé ton discours solennel funèbre rempli
de moralité, et que le peuple, poussé par le vif
souvenir de César, avait bouté le feu aux
maisons des meurtriers et accepté de revenir en
armes le jour suivant, pourquoi n'as-tu pas
coopéré avec eux et pourquoi ne pas leur avoir
laissé le feu ou les armes? Et pourquoi ne les as-tu
pas mis en jugement, si un jugement était
nécessaire pour des hommes qu'on avait vu
commettre un meurtre - toi, l'ami de César; toi, le
consul: toi, Antoine?
|
|