Texte grec :
[2,28] Ὁ δὲ Πομπήιος νοσηλευόμενος περὶ τὴν Ἰταλίαν ἐπέστελλε τῇ
βουλῇ σὺν τέχνῃ, τά τε ἔργα τοῦ Καίσαρος ἐπαινῶν καὶ τὰ ἴδια ἐξ
ἀρχῆς καταλέγων ὅτι τε τῆς τρίτης ὑπατείας καὶ ἐθνῶν τῶν ἐπ'
αὐτῇ καὶ στρατοῦ δοθέντος οὐ μετιών, ἀλλ' ἐς θεραπείαν τῆς
πόλεως ἐπικληθεὶς ἀξιωθείη· ἃ δὲ ἄκων ἔφη λαβεῖν, ἑκὼν
ἀποθήσομαι τοῖς ἀπολαβεῖν θέλουσιν, οὐκ ἀναμένων τοὺς χρόνους
τοὺς ὡρισμένους. ἡ μὲν δὴ τέχνη τῶν γεγραμμένων εἶχεν
εὐπρέπειάν τε τῷ Πομπηίῳ καὶ ἐρέθισμα κατὰ τοῦ Καίσαρος, οὐκ
ἀποδιδόντος τὴν ἀρχὴν οὐδ' ἐν τῷ νεμομισμένῳ χρόνῳ· ἀφικόμενος
δ' ἄλλα τε τούτοις ὅμοια ἔλεγε καὶ τὴν ἀρχὴν καὶ τότε ὑπισχνεῖτο
ἀποθήσεσθαι. Ὡς δὲ δὴ φίλος καὶ κηδεστὴς γενόμενος Καίσαρι,
κἀκεῖνον ἔλεγε μάλα χαίροντα ἀποθήσεσθαι· χρόνιόν τε γὰρ αὐτῷ
τὴν στρατείαν καὶ ἐπίπονον κατὰ ἐθνῶν μαχιμωτάτων γεγονέναι
καὶ πολλὰ τῇ πατρίδι προσλαβόντα ἐπὶ τιμὰς καὶ θυσίας ἥξειν καὶ
ἀναπαύσεις. Ἔλεγε δὲ ταῦθ' ὡς Καίσαρι μὲν αὐτίκα δοθησομένων
διαδόχων, αὐτὸς δ' ἐσόμενος ἐν ὑποσχέσει μόνῃ. Κουρίων δὲ αὐτοῦ
τὸ σόφισμα διελέγχων οὐχ ὑπισχνεῖσθαι δεῖν ἔφη μᾶλλον ἢ αὐτίκα
ἀποθέσθαι οὐδ' ἐξοπλίζειν Καίσαρα τῆς στρατιᾶς, πρὶν καὶ αὐτὸν
ἰδιωτεῦσαι· οὔτε γὰρ ἐς τὴν ἰδίαν ἔχθραν ἐκείνῳ λυσιτελεῖν οὔτε
Ῥωμαίοις, ὑφ' ἑνὶ τηλικαύτην ἀρχὴν γενέσθαι μᾶλλον ἢ τὸν ἕτερον
αὐτῶν ἔχειν ἐπὶ τὸν ἕτερον, εἴ τι τὴν πόλιν καταβιάζοιτο. Οὐδέν τε
ἐπικρύπτων ἔτι ἀφειδῶς ἐς τὸν Πομπήιον ἐβλασφήμει ὡς
τυραννίδος ἐφιέμενον καί, εἰ μὴ νῦν σὺν φόβῳ τῷ Καίσαρος
ἀποθοῖτο τὴν ἀρχήν, οὔποτε μεθήσοντα. Ἠξίου δ', ἂν ἀπειθῶσιν,
ἄμφω ψηφίζεσθαι πολεμίους καὶ στρατὸν ἀγείρειν ἐπ' αὐτούς· ᾧ δὴ
καὶ μάλιστα ἔλαθεν ὑπὸ Καίσαρος ἐωνημένος.
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Traduction française :
[2,28] Pompée, se trouvant malade en Italie, envoya une
lettre pleine d'habileté au Sénat, où il louait les grandes
actions de César et énumérait les siennes depuis le
début : il n'avait, écrivait-il, pas sollicité un troisième
consulat ni les provinces et l'armée qui y étaient
associées, mais on l'avait appelé pour guérir la Ville et il
avait accepté : « ce dont je me suis chargé, disait-il,
contre mon gré, je le céderai de plein gré à ceux qui
veulent que je m'en décharge, sans attendre les
échéances prévues. » L'habileté de son message amena
autant de considération à Pompée que d'irritation contre
César, qui ne rendait pas son commandement, même au
moment prévu légalement. À son arrivée, Pompée tint
d'autres propos analogues et promit alors encore de
déposer son commandement. Et en tant, naturellement,
qu'ami et parent par alliance de César, il disait que celui-ci
aussi serait ravi d'abandonner ses fonctions : sa
campagne avait été longue et pénible, menée contre des
peuples très belliqueux, et après avoir beaucoup apporté
à sa patrie, il allait venir recevoir des honneurs,
accomplir des sacrifices et prendre du repos. En disant
cela, il pensait que des successeurs allaient
immédiatement être donnés à César, tandis que lui en
resterait aux seules promesses. Mais Curion, dénonçant
son sophisme, dit qu'il ne devait pas promettre, mais
plutôt immédiatement se démettre, et qu'il ne fallait pas
priver César de son armée avant que Pompée lui-même
fût redevenu un simple particulier ; car, pour la
satisfaction d'une inimitié personnelle, il n'était de
l'intérêt ni de César ni des Romains qu'un si grand
pouvoir reposât entre les mains d'un seul homme ; il
valait mieux que chacun des deux disposât d'un pouvoir
contre l'autre, au cas où l'un tenterait un coup de force
sur la Ville. Et, sans plus dissimuler, il s'en prit
impitoyablement à Pompée, qui, selon lui, visait la
tyrannie et qui, s'il ne se démettait pas maintenant, alors
qu'il avait à craindre César, ne déposerait jamais sa
charge ; il proposait en outre, si les deux hommes
n'obtempéraient pas, de les décréter ennemis publics et
d'envoyer une armée contre eux : par là il éloignait tout
soupçon d'avoir été acheté par César.
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