Texte grec :
[2,27] Ὁ δὲ Κουρίων, ἵνα μὴ ἄφνω μετατιθέμενος γίγνοιτο κατάφωρος,
εἰσηγεῖτο βαρυτάτας ὁδῶν πολλῶν ἐπισκευάς τε καὶ κατασκευὰς
καὶ αὑτὸν ἐπιστάτην αὐτῶν ἐπὶ πενταετὲς εἶναι, εἰδὼς μὲν οὐδὲν
τούτων ἐσόμενον, ἐλπίζων δὲ τοὺς Πομπηίου φίλους ἀντιλέξειν καὶ
αὐτὸς ἐς τὸν Πομπήιον ἕξειν τι τοῦτο πρόσκρουμα. Καὶ γενομένων
τῶνδε, ὡς προσεδόκησεν, ὁ μὲν εἶχε τὴν πρόφασιν τῆς διαφορᾶς,
Κλαύδιος δ' εἰσηγεῖτο πέμπειν Καίσαρι διαδόχους ἐπὶ τὰ ἔθνη· καὶ
γὰρ ἔληγεν ὁ χρόνος. Καὶ Παῦλος ἐσιώπα. Κουρίων δὲ νομιζόμενος
ἀμφοτέροις διαφέρεσθαι, ἐπῄνει τὴν τοῦ Κλαυδίου γνώμην, ὡς δὲ
ἐνδέον αὐτῇ προσετίθει τὸ καὶ Πομπήιον ὁμοίως Καίσαρι
ἀποθεσθαι τὰ ἔθνη καὶ τὸν στρατόν· ὧδε γὰρ ἔσεσθαι τῇ πόλει
καθαρὰν καὶ πανταχόθεν ἀδεῆ τὴν πολιτείαν. Ἐνισταμένων δὲ
πολλῶν ὡς οὐκ ἴσον διὰ τὸ μήπω τὸν χρόνον ἐξήκειν τῷ Πομπηίῳ,
σαφέστερον ὁ Κουρίων ἤδη καὶ τραχύτερον ἀπεγύμνου μὴ χρῆναι
μηδὲ Καίσαρι πέμπειν διαδόχους, εἰ μὴ καὶ Πομπηίῳ δοῖεν· ὄντων
γὰρ αὐτῶν ἐς ἀλλήλους ὑπόπτων οὔπω τῇ πόλει τὴν εἰρήνην
ἔσεσθαι βεβαίαν, εἰ μὴ πάντες ἰδιωτεύσειαν. Ἔλεγε δὲ ταῦτ' εἰδὼς
οὐ μεθήσοντα τὴν ἀρχὴν τὸν Πομπήιον καὶ τὸν δῆμον ὁρῶν ἤδη τι
προσκοπτόμενον αὐτῷ διὰ τὰς τοῦ δεκασμοῦ δίκας. Εὐπρεποῦς δὲ
τῆς γνώμης οὔσης ὁ δῆμος ἐπῄνει τὸν Κουρίωνα ὡς μόνον ἀξίως
τῆς πόλεως τὴν πρὸς ἀμφοτέρους αἰρόμενον ἔχθραν, καί ποτε καὶ
παρέπεμψαν αὐτὸν ἀνθοβολοῦντες ὥσπερ ἀθλητὴν μεγάλου καὶ
δυσχεροῦς ἀγῶνος· οὐδὲν γὰρ ἐδόκει τότε εἶναι φοβερώτερον τῆς
Πομπηίου διαφορᾶς.
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Traduction française :
[2,27] Curion, pour que son retournement ne fût pas percé
à jour immédiatement, proposa des lois prévoyant la
construction et la réfection de nombreuses routes, et leur
supervision par ses soins pour une durée de cinq ans ; il
savait que rien de tout cela ne se réaliserait, mais il
escomptait que les amis de Pompée s'y opposeraient, et
que cela lui fournirait quelque motif de ressentiment à
l'égard de Pompée. L'affaire tourna comme il l'avait
prévu, et il eut son prétexte de désaccord. Claudius,
pour sa part, proposa d'envoyer des successeurs à
César pour ses provinces : le terme venait en effet
d'échoir. Et tandis que Paulus ne disait rien, Curion, que
l'on pensait en désaccord avec les deux grands, tout en
approuvant l'avis de Claudius, lui ajoutait comme
nécessaire complément que Pompée devait, tout comme
César, abandonner ses provinces et son armée : par là
on assurerait à la Ville une vie politique assainie et
débarrassée de menaces de tous côtés. Comme alors
beaucoup s'opposaient à sa proposition, à leurs yeux
injuste parce que le terme n'était pas encore échu pour
Pompée, Curion commença à découvrir son jeu plus
clairement et plus brutalement : il ne fallait pas envoyer
de successeurs à César si l'on n'en donnait pas aussi à
Pompée, car comme ils étaient défiants l'un vis-à-vis de
l'autre, jamais la Ville ne connaîtrait une paix assurée si
tous ne revenaient pas à l'état de simples particuliers. Il
s'exprimait ainsi, conscient que Pompée n'abandonnerait
pas son commandement, et constatant également que
la plèbe était quelque peu en froid avec Pompée à cause
des procès pour brigue. Comme son avis était
apparemment convenable, la plèbe approuva Curion,
voyant en lui le seul qui, d'une façon digne de la Ville,
affrontât l'hostilité des deux potentats, et même une fois,
elle l'escorta en lui jetant des fleurs, comme à un athlète
sortant d'un combat long et difficile : rien, en effet, ne
semblait alors plus redoutable qu'un désaccord avec Pompée.
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