Texte grec :
[2,23] Ἡ βουλὴ δὲ συνῄει μετὰ δέους καὶ ἐς τὸν Πομπήιον ἀφεώρων ὡς
αὐτίκα σφῶν ἐσόμενον δικτάτορα· χρῄζειν γὰρ αὐτοῖς ἐφαίνετο τὰ
παρόντα τοιᾶσδε θεραπείας. Κάτωνος δ' αὐτοὺς μεταδιδάξαντος
ὕπατον εἵλοντο χωρὶς συνάρχου ὡς ἂν ἔχοι τὴν μὲν ἐξουσίαν
δικτάτορος, ἄρχων μόνος, τὴν δ' εὔθυναν ὑπάτου. Καὶ πρῶτος
ὑπάτων ὅδε ἔθνη τε δύο μέγιστα καὶ στρατιὰν ἔχων καὶ χρήματα
καὶ τὴν τῆς πόλεως μοναρχίαν διὰ τὸ μόνος ὕπατος εἶναι Κάτωνα
μὲν ἐψηφίσατο, ἵνα μὴ παρὼν ἐνοχλοίη, Κύπρον ἀφελέσθαι
Πτολεμαίου βασιλέως, νενομοθετημένον ἤδη τοῦτο ὑπὸ Κλωδίου,
ὅτι οἵ ποτε ἁλόντι ὑπὸ λῃστῶν ὁ Πτολεμαῖος ἐς λύτρα ὑπὸ
σμικρολογίας δύο τάλαντα ἐπεπόμφει. Κάτων μὲν δὴ καθίστατο
Κύπρον Πτολεμαίου τὰ χρήματα ῥίψαντος ἐς τὴν θάλασσαν καὶ
ἑαυτὸν ἐξαγαγόντος, ἐπεὶ τῶν ἐψηφισμένων ἐπύθετο· ὁ δὲ
Πομπήιος δίκας προυτίθει τῶν τε ἄλλων ἁμαρτημάτων καὶ
μάλιστα δωροδοκίας καὶ δεκασμοῦ ἐδόκει γὰρ ἐντεῦθεν αὐτῷ
νοσεῖν τὰ κοινὰ ἀρξάμενα ἐν τούτῳ καὶ τὴν ἴασιν ἕξειν ταχεῖανν,
νόμῳ τε ὥριζεν ἀπὸ τῆς ἑαυτοῦ τὸ πρῶτον ὑπατείας ἐς τὸ παρὸν
εὐθύνειν τὸν ἐθέλοντα. Καὶ ἦν ὁ χρόνος ὀλίγῳ μείων ἐτῶν εἴκοσιν,
ἐν ᾧ καὶ ὁ Καῖσαρ γεγένητο ὕπατος. Τῶν οὖν φίλων τοῦ Καίσαρος
ὑπονοούντων ἐς ὕβριν ἢ ἐς ἐπήρειαν αὐτὸν τοῦ Καίσαρος ὧδε πολὺ
τοῦ χρόνου προλαβεῖν καὶ παραινούντων τὸ παρὸν διορθοῦσθαι
μᾶλλον ἢ τὸ παρελθὸν ἐνοχλεῖν ἐπ' ἀνδράσι τοσοῖσδε ἀξιολόγοις,
ἐπονομαζόντων δὲ τοῖς ἄλλοις καὶ τὸν Καίσαρα, ὁ Πομπήιος ἀμφὶ
μὲν τοῦ Καίσαρος ἠγανάκτει, ὡς ἀμείνονος ὄντος ὑποψίας, ἐπεὶ καὶ
τὴν ἑαυτοῦ δευτέραν ὑπατείαν τῷ χρόνῳ περιλαμβάνεσθαι, πολὺ
δὲ ἀναλαβεῖν ἔλεγεν ἐς ἀκριβῆ διόρθωσιν ἐπιτετριμμένης ἐκ
πολλοῦ τῆς πολιτείας.
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Traduction française :
[2,23] Les sénateurs se réunirent, en proie à la panique, et
se tournèrent vers Pompée, dont ils voulaient faire
immédiatement leur dictateur : à leur avis, la situation
présente requérait un semblable remède. Mais les
conseils de Caton les amenèrent à changer d'avis, et ils
firent nommer Pompée consul sans collègue, de façon
qu'il eût le pouvoir d'un dictateur, en étant seul à
gouverner, mais qu'il eût à rendre les comptes d'un
consul. Et se trouvant ainsi le premier à être consul avec
deux grandes provinces et une armée, de l'argent, le
pouvoir absolu dans la Ville, vu qu'il était consul unique,
il commença par faire décréter, pour que la présence de
Caton ne lui mît pas d'entraves, que celui-ci irait retirer
Chypre au roi Ptolémée ; une loi à cet effet avait déjà été
portée par Clodius, parce que, lorsqu'il avait été
prisonnier des pirates, Ptolémée, par avarice, n'avait
envoyé que deux talents pour sa rançon. Et donc Caton
s'empara de Chypre, Ptolémée ayant jeté son argent
dans la mer et s'étant suicidé, dès qu'il eut pris
connaissance du décret. Pompée, lui, instaurait des
procès pour toutes les conduites répréhensibles, entre
autres et surtout, la corruption et la brigue, car il voyait là
l'origine des maux dont souffraient les affaires publiques,
et pensait que la guérison serait rapide ; par une loi, il
précisa que quiconque le voudrait pourrait demander des
comptes concernant toute la période s'étendant de son
premier consulat à l'époque présente. Et c'était une
durée d'un peu moins de vingt ans, au cours de laquelle
César également avait été consul. Les amis de César
soupçonnaient donc que c'était pour outrager ou
provoquer César qu'il remontait si loin dans le temps, et
ils préconisaient de remédier à la situation présente
plutôt que de dresser l'obstacle du passé sur le chemin
de tant d'hommes si honorables, parmi lesquels ils
nommaient, entre autres, César : alors Pompée
s'emporta à propos de César, selon lui au-dessus de
tout soupçon, et, alléguant qu'il avait aussi inclus dans la
période son propre second consulat, il affirma qu'il n'était
remonté loin que pour mettre en oeuvre un traitement
complet, vu l'état de décomposition où se trouvait depuis
longtemps le système politique.
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