Texte grec :
[2,22] Μίλωνι δὲ θράσος τοσόνδε περιῆν, ὡς οὐ δεδιέναι περὶ τῷ φόνῳ
μᾶλλον ἢ ἀγανακτεῖν ἐπὶ τῇ Κλωδίου περὶ τὴν ταφὴν τιμῇ.
Θεραπόντων οὖν καὶ ἀνδρῶν ἀγροίκων πλῆθος ἀθροίσας καὶ ἐς τὸν
δῆμον περιπέμψας χρήματα τῶν τε δημάρχων Μᾶρκον Καίλιον
πριάμενος ἐς τὴν πόλιν κατῄει θρασύτατα. Καὶ αὐτὸν ὁ Καίλιος
εὐθὺς ἐσιόντα εἷλκεν ἐς τὴν ἀγορὰν ἐπὶ τοὺς παρ' αὐτοῦ
δεδωροδοκηκότας ὥσπερ ἐπ' ἐκκλησίαν, ὑποκρινόμενος μὲν
ἀγανακτεῖν καὶ οὐ διδόναι τῆς δίκης ἀναβολήν, ἐλπίζων δέ, εἰ
αὐτὸν οἱ παρόντες μεθεῖεν, ἐκλύσειν τὴν δίκην τὴν ἀληθεστέραν.
Καὶ Μίλων μὲν οὐ βουλεῦσαι τὸ ἔργον εἰπών νοὐ γὰρ ἂν μετὰ
σκευῆς καὶ γυναικὸς ἐπὶ ταῦτα ὁρμῆσαἰ, τὸν λοιπὸν λόγον κατὰ
τοῦ Κλωδίου διετίθετο ὡς θρασυτάτου δὴ καὶ φίλου θρασυτάτων, οἳ
καὶ τὸ βουλευτήριον ἐπικατέπρησαν αὐτῷ ἔτι δ' αὐτοῦ λέγοντος οἵ
τε λοιποὶ δήμαρχοι καὶ τοῦ δήμου τὸ ἀδιάφθορον ὁπλισάμενοι
ἐνέβαλον ἐς τὴν ἀγοράν. Καίλιος μὲν δὴ καὶ Μίλων δούλων
ἐσθῆτας ὑποδύντες ἀπέδρασαν, πολὺς δὲ τῶν ἄλλων ἐγίγνετο
φόνος, οὐ τοὺς Μίλωνος ἔτι φίλους ἐρευνώντων, ἀλλὰ τὸν
ἐντυγχάνοντα ἀναιρούντων, ἀστὸν ὁμοῦ καὶ ξένον καὶ μάλιστα
ὅσοι ταῖς ἐσθῆσιν ἢ σφραγῖσιν ἀπὸ χρυσοῦ διέφερον. Ὡς γὰρ ἐν
ἀσυντάκτῳ πολιτείᾳ σὺν ὀργῇ καὶ προφάσει τοῦδε τοῦ θορύβου
προσπεσόντος θεράποντές τε ὄντες οἵ πλείους καὶ ὡπλισμένοι
κατὰ ἀνόπλων ἐς ἁρπαγὰς ἐτράποντο· ἔργον τε οὐδὲν αὐτοῖς ἀπῆν,
ἀλλὰ καὶ ἐπ' οἰκίας ἐφέροντο καὶ περιιόντες ἠρεύνων ἔργῳ μὲν τὰ
εὔληπτα σφίσιν ἅπαντα, λόγῳ δὲ τοὺς φίλους τοῦ Μίλωνος·
πρόφασίς τε ἦν αὐτοῖς ἐπὶ πολλὰς ἡμέρας καὶ πυρὸς καὶ λίθων καὶ
παντὸς ἔργου Μίλων.
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Traduction française :
[2,22] Quant à Milon, il poussait la témérité au point de faire
passer ses craintes d'avoir à répondre du meurtre
derrière son indignation pour les honneurs rendus à
Clodius lors de ses funérailles. Il rassembla donc une
masse d'esclaves et de paysans, fit de grandes
distributions d'argent à la plèbe, acheta le tribun Marcus
Caelius, et revint dans la Ville, le plus témérairement du
monde. Dès son arrivée, Caelius, l'entraînant sur le
Forum, devant ceux qu'il avait soudoyés, comme devant
une assemblée du peuple, joua l'indignation et prétendit
qu'il fallait ne pas reporter le procès : il escomptait en
réalité que, si les présents relaxaient Milon, il
échapperait au procès plus authentique qui l'attendait. Et
Milon, après avoir affirmé qu'il n'avait pas prémédité
l'acte (autrement il ne se serait pas lancé dans une telle
entreprise avec femme et bagages), consacra le reste de
son discours à s'en prendre à Clodius, le plus téméraire
des hommes et l'ami des plus téméraires, qui étaient
allés jusqu'à incendier le Sénat en son honneur. Il était
encore en train de parler quand tous les autres tribuns,
et les gens du peuple qui ne s'étaient pas laissé
corrompre, firent irruption, armés, sur le Forum. En
conséquence, Caelius et Milon, après avoir revêtu des
habits d'esclaves, prirent la fuite, tandis qu'il se perpétrait
un grand massacre des autres, où l'on ne cherchait plus
à discerner les amis de Milon, mais où l'on tuait
quiconque se trouvait là, citoyen ou étranger, et, avant
tout, ceux qui se distinguaient par leurs vêtements ou
par leurs anneaux d'or. Comme il est en effet de règle
dans un État désorganisé, se précipitant sur le prétexte
qu'offrait le désordre survenu, des individus, esclaves
pour la plupart, et armés contre des gens désarmés, se
livrèrent au pillage : loin de reculer devant aucun acte, ils
pénétraient dans les maisons, qu'ils exploraient en
cherchant, en fait, tout ce qu'il leur était aisé d'emporter,
sous prétexte de rechercher les amis de Milon. Milon fut,
pendant bien des jours, pour incendier, lapider et
commettre toutes sortes de crimes, leur grand prétexte.
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