Texte grec :
[2,19] Τοῦ δ' αὐτοῦ χρόνου καὶ ἡ Καίσαρος θυγάτηρ κύουσα τῷ
Πομπηίῳ θνῄσκει. Καὶ δέος ἅπασιν ἐνέπιπτεν ἀνῃρημένης τῆς
ἐπιγαμίας, ὡς αὐτίκα μεγάλοις στρατοῖς Καίσαρός τε καὶ Πομπηίου
διοισομένων ἐς ἀλλήλους, ἀσυντάκτου μάλιστα καὶ χαλεπῆς ἐκ
πολλοῦ γεγενημένης τῆς πολιτείας· αἵ τε γὰρ ἀρχαὶ κατὰ στάσιν ἢ
δωροδοκίαν σπουδῇ τε ἀδίκῳ καὶ λίθοις ἢ ξίφεσι καθίσταντο, καὶ τὸ
δεκάζειν ἢ δωροδοκεῖν ἀναισχύντως τότε μάλιστα ἐπλεόνασεν, ὅ τε
δῆμος αὐτὸς ἔμμισθος ἐπὶ τὰς χειροτονίας ᾖει. Ὤφθη δέ που καὶ
μεσεγγύημα ταλάντων ὀκτακοσίων ὑπὲρ τῆς ἐπωνύμου γενόμενον
ἀρχῆς. Οἵ τε ἀνὰ ἔτος ἕκαστον ὕπατοι στρατεύειν μέν που καὶ
πολεμεῖν ἀπεγίνωσκον, διακλειόμενοι τῇ δυναστείᾳ τῶνδε τῶν
τριῶν ἀνδρῶν· ὅσοι δ' ἦσαν αὐτῶν ἀτοπώτεροι, κέρδος ἀντὶ τῶν
στρατειῶν ἐτίθεντο τὰ κοινὰ τῆς πόλεως καὶ τὰς τῶν ἰδίων
διαδόχων χειροτονίας. Οἱ δ' ἀγαθοὶ διὰ ταῦτα καὶ πάμπαν ἐξέλιπον
τὸ ἄρχειν, ὥστε ποτὲ καὶ μῆνας ὀκτὼ τὴν πόλιν ἄναρχον ἐκ τῆς
τοιᾶσδε ἀσυνταξίας γενέσθαι, Πομπηίου πάνθ' ὑπερορῶντος
ἐπίτηδες, ἵνα ἐν χρεία γένοιντο δικτάτορος.
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Traduction française :
[2,19] Au même moment, voilà que meurt la fille de César,
lors même qu'elle donnait un enfant à Pompée. Et une
peur générale se répandit qu'avec l'interruption de ce
lien matrimonial, César et Pompée n'aillent sans tarder
se précipiter l'un contre l'autre avec leurs grandes
armées, vu l'extrême désorganisation et les difficultés
que connaissait depuis longtemps la vie politique. En
effet, les magistratures étaient mises en place à coups
de pressions partisanes ou de corruption, avec
beaucoup d'application dans l'iniquité, et le recours aux
pierres ou aux épées ; la brigue et la corruption
l'emportaient alors de la façon la plus éhontée, et le
peuple lui-même se laissait acheter pour les élections.
On vit même une fois une garantie de huit cents talents
versée pour obtenir la magistrature qui donne son nom à
l'année. En outre, les consuls pour chaque année se
voyaient frustrés du commandement des armées et de la
direction des guerres, d'où les excluait la puissance des
triumvirs. Et les plus dépravés de ces gouvernants ne
visaient plus le profit dans les campagnes militaires,
mais dans l'administration de la Ville et dans l'élection de
leurs propres successeurs. Quant aux bons citoyens,
pour ces raisons, ils se retirèrent même complètement
des tâches gouvernementales, au point qu'une fois, la
Ville resta huit mois sans gouvernants, telle était sa
désorganisation, tandis que Pompée faisait exprès de
tout laisser aller, pour qu'on éprouvât le besoin d'un dictateur.
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