Texte grec :
[2,144] « Οὐκ ἄξιον, ὦ πολῖται, τοσοῦδε ἀνδρὸς ἐπιτάφιον ἔπαινον
παρ' ἐμοῦ μᾶλλον, ἑνὸς ὄντος, ἢ παρὰ τῆς πατρίδος ὅλης αὐτῷ
γενέσθαι. Ὅσα δὴ τῆς ἀρετῆς αὐτὸν ὑμεῖς ἀγάμενοι πάντες
ὁμαλῶς, ἥ τε βουλὴ καὶ μετὰ αὐτῆς ὁ δῆμος, ἔτι περιόντι
ἐψηφίσασθε, ὑμετέραν καὶ οὐκ Ἀντωνίου τάδε φωνὴν εἶναι
τιθέμενος ἀναγνώσομαι. » Καὶ ἀνεγίνωσκε τῷ μὲν προσώπῳ
σοβαρῷ καὶ σκυθρωπῷ, τῇ φωνῇ δ' ἐνσημαινόμενος ἕκαστα καὶ
ἐφιστάμενος, οἷς μάλιστα αὐτὸν ἐν τῷ ψηφίσματι ἐξεθείαζον, ἱερὸν
καὶ ἄσυλον ἢ πατέρα πατρίδος ἢ εὐεργέτην ἢ προστάτην οἷον οὐχ
ἕτερον ὀνομάζοντες. Ἐφ' ἑκάστῳ δὲ τούτων ὁ Ἀντώνιος τὴν ὄψιν
καὶ τὴν χεῖρα ἐς τὸ σῶμα τοῦ Καίσαρος ἐπιστρέφων ἐν παραβολῇ
τοῦ λόγου τὸ ἔργον ἐπεδείκνυ. Ἐπεφθέγγετο δέ πού τι καὶ βραχὺ
ἑκάστῳ, μεμιγμένον οἴκτῳ καὶ ἀγανακτήσει, ἔνθα μὲν τὸ ψήφισμα
εἴποι « Πατέρα πατρίδος,» ἐπιλέγων· « Τοῦτο ἐπιεικείας ἐστὶ
μαρτυρία, » ἔνθα δ' ἦν « Ἱερὸς καὶ ἄσυλος » καὶ « Ἀπαθὴς καὶ ὅστις
αὐτῷ καὶ ἕτερος προσφύγοι, » « Οὐχ ἕτερος, ἔφη, τῷδε
προσφεύγων, ἀλλ' αὐτὸς ὑμῖν ὁ ἄσυλος καὶ ἱερὸς ἀνῄρηται, οὐ
βιασάμενος οἷα τύραννος λαβεῖν τάσδε τὰς τιμάς, ἃς οὐδὲ ᾖτησεν.
Ἀνελευθερώτατοι δὲ ἄρα ἡμεῖς, οἳ τοιάδε τοῖς ἀναξίοις οὐδὲ αἰτοῦσι
δίδομεν. Ἀλλ' ὑμεῖς ἡμῶν ὑπεραπολογεῖσθε ὡς οὐκ ἀνελευθέρων,
ὦ πιστοὶ πολῖται, τοιαύτῃ καὶ νῦν πρὸς τεθνεῶτα χρώμενοι τιμῇ. »
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Traduction française :
[2,144] « Il serait inconvenant, citoyens, que l'éloge funèbre
d'un si grand homme vînt de moi, qui ne suis qu'un seul,
et non de sa patrie tout entière. Or tous les décrets que
vous avez votés de son vivant, dans l'admiration que
vous portiez tous également, Sénat et peuple confondus,
à sa valeur, constituent à mon sens votre voix, et non
celle d'Antoine : je vais donc en donner lecture. » Et il
commença à lire avec un visage sévère et sombre, sa
voix soulignant tous les détails et détachant surtout ceux
qui dans le décret exaltaient César, le nommant sacré et
inviolable, père de la patrie, bienfaiteur et protecteur
sans égal. Et en énonçant chacun de ces décrets,
Antoine dirigeait son regard et sa main vers le corps de
César, soulignant le contraste entre les mots et la réalité.
Il ponctuait encore chaque lecture de quelque bref
commentaire où se mêlaient la compassion et
l'indignation, ajoutant, par exemple, là où le décret disait
« père de la patrie » : « Voilà un témoignage de gratitude
pour sa clémence » ; là où se trouvait « sacré et
inviolable » et « il ne sera pas fait de mal à quiconque
aura trouvé refuge auprès de lui », il disait : « ce n'est
pas un autre homme, réfugié auprès de lui, qui a été
assassiné, mais lui en personne, pour vous sacré et
inviolable, et qui ne vous avait pas forcés, à la manière
d'un tyran, à lui accorder des titres qu'il ne vous avait
même pas demandés. Nous sommes vraiment les plus
serviles des êtres si nous conférons de tels honneurs à
des hommes qui en sont indignes et sans même qu'ils
les demandent. Mais vous-mêmes, citoyens loyaux, vous
nous défendez contre l'accusation de servilité par la
façon dont vous rendez, présentement encore,
hommage au défunt. »
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