Texte grec :
[2,112] Μέλλοντες δὲ ὁμοῦ τότε τῆς πόλεως στρατηγήσειν ὁ Βροῦτος
καὶ ὁ Κάσσιος ἐς ἀλλήλους διήριζον περὶ τῆς καλουμένης πολιτικῆς
στρατηγίας, ἣ τῶν ἄλλων προτιμᾶται, εἴτε τῷ ὄντι φιλοτιμούμενοι
περὶ αὐτήν, εἴθ' ὑπόκρισις ἦν τοῦ μὴ πάντα συμπράσσειν ἀλλήλοις
νομίζεσθαι. Καὶ ὁ Καῖσαρ αὐτοῖς διαιτῶν λέγεται πρὸς τοὺς φίλους
εἰπεῖν, ὡς τὰ μὲν δίκαια Κάσσιος ἀποφαίνοι, Βρούτῳ δ' αὐτὸς
χαρίζοιτο· τοσῇδε ἐν ἅπασιν εὐνοίᾳ καὶ τιμῇ πρὸς τὸν ἄνδρα
ἐχρῆτο. Καὶ γὰρ αὐτῷ καὶ παῖς ἐνομίζετο εἶναι, Σερουιλίας τῆς
Κάτωνος ἀδελφῆς ἐρασθείσης τοῦ Καίσαρος, ὅτε ὁ Βροῦτος
ἐγίγνετο. Διὸ καὶ νικῶν ἐν Φαρσάλῳ μετὰ σπουδῆς λέγεται τοῖς
ἡγεμόσιν εἰπεῖν Βροῦτον, ὅπῃ δύναιντο, περισῴζειν. Ἀλλ' εἴτε
ἀχάριστος ὢν ὁ Βροῦτος, εἴτε τὰ τῆς μητρὸς ἁμαρτήματα ἀγνοῶν ἢ
ἀπιστῶν ἢ αἰδούμενος, εἴτε φιλελεύθερος ὢν ἄγαν καὶ τὴν πατρίδα
προτιμῶν, εἴθ' ὅτι ἔκγονος ὢν Βρούτον τοῦ πάλαι τοὺς βασιλέας
ἐξελάσαντος ἐρεθιζόμενος καὶ ὀνειδιζόμενος μάλιστα ἐς τοῦτο ὑπὸ
τοῦ δήμου υπολλὰ γὰρ τοῖς ἀνδριᾶσι τοῦ πάλαι Βρούτου καὶ τῷ
δικαστηρίῳ τοῦδε τοῦ Βρούτου τοιάδε ἐπεγράφετο λάθρᾳ· « Βροῦτε
δωροδοκεῖς; Βροῦτε νεκρὸς εἶ; » ἤ « ὤφελές γε νῦν περιεῖναι » ἤ «
ἀνάξιά σου τὰ ἔκγονα » ἤ « οὐδ' ἔκγονος εἶ σὺ τοῦδε», ταῦτα καὶ
τοιουτότροπα ἄλλα πολλὰ τὸν νεανίαν ἐξέκαυσεν ἐπὶ τὸ ἔργον ὡς
ἑαυτοῦ προγονικόν.
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Traduction française :
[2,112] Alors qu'ils s'apprêtaient à exercer conjointement la
préture dans la Ville, Brutus et Cassius eurent un
différend à propos de la préture dite « urbaines », qui est
la plus prestigieuse, soit réellement, par rivalité à ce
propos, soit par feinte, pour qu'on ne soupçonne aucune
collaboration entre eux. Et César, qui arbitra leur conflit,
dit, paraît-il, à ses amis que Cassius avait apparemment
le droit pour lui, mais qu'il favoriserait néanmoins Brutus;
telles étaient la bienveillance et l'estime qu'il avait pour
cet homme en toutes circonstances. À vrai dire, Brutus
passait même pour être son fils, vu que Servilia, la soeur
de Caton, avait César pour amant à l'époque où elle le
mit au monde. C'est pourquoi, aussi, lors de sa victoire à
Pharsale, il se serait, dit-on, empressé d'enjoindre à ses
officiers de faire tout leur possible pour sauver Brutus.
Mais Brutus était-il ingrat, ignorait-il la faute de sa mère,
n'y croyait-il pas, ou en avait-il honte ? était-il un partisan
exalté de la liberté pour qui la patrie primait sur tout, ou
encore, en tant que descendant de l'antique Brutus qui
avait chassé les rois, céda-t-il, pour décider son acte, à
la pression et aux outrages particuliers du peuple, qui
effectivement couvrait en cachette beaucoup de statues
de l'antique Brutus et le tribunal du Brutus de leur temps
de graffitis du genre : « Brutus, te laisses-tu acheter ? »
« Brutus, es-tu mort ? » ou « si seulement tu étais ici
maintenant ! » « ta postérité est indigne de toi », « tu
n'es pas son descendant » ? Quoi qu'il en soit, ces
propos et bien d'autres du même style enflammaient le
désir du jeune homme d'agir comme son ancêtre.
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