Texte grec :
[2,104] Δι' ἃ καὶ ὁ Καῖσαρ αὐτὸς ἐβράδυνεν, ἔστε πού τι αὐτῷ
κατασκεπτομένῳ προσπελάσας ὁ Πομπήιος ὠνείδισεν ἐς δειλίαν.
Καὶ τὸ ὄνειδος οὐκ ἐνεγκὼν ὁ Καῖσαρ ἐξέτασσε παρὰ πόλιν
Κορδύβην, σύνθημα καὶ τότε δοὺς Ἀφροδίτην· ἔδωκε δὲ καὶ ὁ
Πομπήιος Εὐσέβειαν. Ὡς δὲ καὶ συνιόντων ἤδη τοῦ Καίσαρος
στρατοῦ τὸ δέος ἥπτετο καὶ ὄκνος ἐπεγίγνετο τῷ φόβῳ, θεοὺς
πάντας ὁ Καῖσαρ ἱκέτευε, τὰς χεῖρας ἐς τὸν οὐρανὸν ἀνίσχων, μὴ
ἑνὶ πόνῳ τῷδε πολλὰ καὶ λαμπρὰ ἔργα μιῆναι, καὶ τοὺς στρατιώτας
ἐπιθέων παρεκάλει τό τε κράνος τῆς κεφαλῆς ἀφαιρῶν ἐς
πρόσωπον ἐδυσώπει καὶ προύτρεπεν. Οἱ δὲ οὐδ' ὥς τι μετέβαλλον
ἀπὸ τοῦ δέους, ἕως ὁ Καῖσαρ αὐτὸς ἁρπάσας τινὸς ἀσπίδα καὶ τοῖς
ἀμφ' αὐτὸν ἡγεμόσιν εἰπών· ἔσται τοῦτο τέλος ἐμοί τε τοῦ βίου καὶ
ὑμῖν τῶν στρατειῶν," προύδραμε τῆς τάξεως ἐς τοὺς πολεμίους ἐπὶ
τοσοῦτον, ὡς μόνους αὐτῶν ἀποσχεῖν δέκα πόδας καὶ διακόσια
αὐτῷ δόρατα ἐπιβληθῆναι καὶ τούτων τὰ μὲν αὐτὸν ἐκκλῖναι, τὰ δὲ
ἐς τὴν ἀσπίδα ἀναδέξασθαι. Τότε γὰρ δὴ τῶν τε ἡγεμόνων
προθέων ἕκαστος ἵστατο παρ' αὐτόν, καὶ ὁ στρατὸς ἅπας ἐμπεσὼν
μετὰ ὁρμῆς ὅλην ἠγωνίζετο τὴν ἡμέραν, προύχων τε καὶ ἡττώμενος
αἰεὶ παρὰ μέρος, μέχρις ἐς ἑσπέραν μόλις ἐνίκησεν, ὅτε καὶ φασὶν
αὐτὸν εἰπεῖν, ὅτι πολλάκις μὲν ἀγωνίσαιτο περὶ νίκης, νῦν δὲ καὶ
περὶ ψυχῆς.
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Traduction française :
[2,104] Ces raisons amenèrent César lui-même à
temporiser, jusqu'à ce que, un jour où il se trouvait
quelque part en observation, Pompée s'approchât de lui
et lui reprochât outrageusement sa lâcheté. Ne
supportant pas ce reproche, César déploya ses lignes
près de la ville de Cordoue, et donna, cette fois-là aussi,
le mot de passe « Vénus » ; Pompée donna celui de
«Piété ». Mais ils étaient déjà en marche que la panique
gagna l'armée de César, et la peur produisit une
hésitation : César se mit alors à prier tous les dieux, en
élevant ses mains vers le ciel, qu'ils ne laissent pas
ternir par cette unique épreuve un grand nombre de
brillantes prouesses ; il parcourut les troupes et les
encouragea, et retirant son casque de sa tête, il les
regardait bien en face pour leur faire honte et les
exhortait : mais les hommes n'en démordaient pas pour
autant de leur panique, jusqu'à ce que César lui-même
s'emparât du bouclier d'un soldat et dît aux officiers qui
se trouvaient à ses côtés : « Voici pour moi la fin de la
vie, et pour vous celle du service. » Puis il sortit des
lignes et se lança contre les ennemis, s'avançant si loin
qu'il ne s'en trouva plus qu'à dix pas et que deux cents
lances furent envoyées contre lui : il évita les unes et
reçut les autres dans son bouclier. Alors, bien sûr,
chacun des officiers se précipita et se rangea à ses
côtés, puis l'armée au complet déferla impétueusement
et combattit toute la journée, ne cessant d'avancer et de
céder tour à tour ; vers le soir seulement, pour finir,
César remporta de justesse la victoire. Il aurait dit à ce
moment-là qu'il avait souvent combattu pour la victoire,
mais que ce jour-là, c'était pour son existence.
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