Texte grec :
[2,150] Καίσαρι δὲ ἥ τε Ἰόνιος θάλασσα εἶξε, χειμῶνος μέσου πλωτὴ
καὶ εὔδιος γενομένη, καὶ τὸν ἑσπέριον ὠκεανὸν ἐπὶ Βρεττανοὺς
διέπλευσεν οὔπω γενόμενον ἐν πείρα, κρημνοῖς τε τῶν Βρεττανῶν
τοὺς κυβερνήτας ἐποκέλλοντας ἐκέλευε τὰς ναῦς περιαγνύναι. Καὶ
πρὸς ἄλλον κλύδωνα μόνος ἐν σκάφει σμικρῷ νυκτὸς ἐβιάζετο καὶ
τὸν κυβερνήτην ἐκέλευε προχέαι τὰ ἱστία καὶ θαρρεῖν τῇ Καίσαρος
τύχῃ μᾶλλον ἢ τῇ θαλάσσῃ. Ἔς τε πολεμίους προεπήδησε μόνος ἐκ
πάντων δεδιότων πολλάκις, καὶ τριακοντάκις αὐτὸς ἐν Κελτοῖς
μόνοις παρετάξατο, μέχρι τετρακόσια αὐτῶν ἐχειρώσατο ἔθνη,
οὕτω δή τι Ῥωμαίοις ἐπίφοβα, ὡς νόμῳ τῷ περὶ ἀστρατείας ἱερέων
καὶ γερόντων ἐγγραφῆναι « πλὴν εἰ μὴ Κελτικὸς πόλεμος ἐπίοι ».
Τότε δὲ καὶ γέροντας καὶ ἱερέας στρατεύεσθαι. Περί τε τὴν
Ἀλεξάνδρειαν πολεμῶν καὶ ἀποληφθεὶς ἐπὶ γεφύρας μόνος καὶ
κακοπαθῶν τὴν πορφύραν ἀπέρριψε καὶ ἐς τὴν θάλασσαν ἐξήλατο
καὶ ζητούμενος ὑπὸ τῶν πολεμίων ἐν τῷ μυχῷ διενήχετο
λανθάνων ἐπὶ πολύ, μόνην ἐκ διαστήματος ἀνίσχων τὴν
ἀναπνοήν, μέχρι φιλίᾳ νηὶ προσπελάσας ὤρεξε τὰς χεῖρας καὶ
ἑαυτὸν ἔδειξε καὶ περιεσώθη.
Ἐς δὲ τὰ ἐμφύλια τάδε ἢ διὰ δέος, καθάπερ αὐτὸς ἔλεγεν, ἢ ἀρχῆς
ἐπιθυμίᾳ συμπεσών, στρατηγοῖς τοῖς καθ' αὑτὸν ἀρίστοις
συνηνέχθη καὶ στρατοῖς πολλοῖς τε καὶ μεγάλοις, οὐ βαρβάρων ἔτι,
ἀλλὰ Ῥωμαίων ἀκμαζόντων μάλιστα εὐπραξίαις καὶ τύχαις· καὶ
ἁπάντων ἐκράτησε, διὰ μιᾶς καὶ ὅδε πείρας ἑκάστων ἢ διὰ δύο, οὐ
μὴν ἀηττήτου καθάπερ Ἀλεξάνδρῳ τοῦ στρατοῦ γενομένου, ἐπεὶ
καὶ ὑπὸ Κελτῶν ἡττῶντο λαμπρῶς, ὅθ' ἡ μεγάλη σφᾶς συμφορὰ
κατέλαβε Κόττα καὶ Τιτυρίου στρατηγούντων, καὶ ἐν Ἰβηρίᾳ
Πετρήιος αὐτοὺς καὶ Ἀφράνιος συνέκλεισαν οἷα πολιορκουμένους,
ἔν τε Δυρραχίῳ καὶ Λιβύῃ λαμπρῶς ἔφευγον καὶ ἐν Ἰβηρίᾳ
Πομπήιον τὸν νέον κατεπλάγησαν. Ὁ δὲ Καῖσαρ αὐτὸς ἦν
ἀκατάπληκτος καὶ ἐς παντὸς πολέμου τέλος ἀήττητος·
τήν τε Ῥωμαίων ἰσχύν, γῆς ἤδη καὶ θαλάσσης ἐκ δύσεων ἐπὶ τὸν ποταμὸν
Εὐφράτην κρατοῦσαν, ἐχειρώσατο βίᾳ καὶ φιλανθρωπίᾳ πολὺ
βεβαιότερον καὶ πολὺ ἐγκρατέστερον Σύλλα βασιλέα τε αὑτὸν
ἀπέφηνεν ἀκόντων, εἰ καὶ τὴν προσηγορίαν οὐκ ἐδέχετο. Καὶ
πολέμους ἄλλους καὶ ὅδε διανοούμενος ἀνῃρέθη.
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Traduction française :
[2,150] César vit la mer Adriatique lui céder, se faire
navigable et calme en plein hiver, il traversa l'océan
Occidental pour passer en Bretagne, ce qui n'avait
jamais été tenté, et il ordonna aux pilotes de lancer les
navires sur les rochers de Bretagne pour les y briser.
Une autre fois, il affronta une tempête, de nuit, seul dans
un petit bateau, et il ordonna au pilote de déployer les
voiles et de tenir compte de la bonne fortune de César
plus que de la mer. Face aux ennemis, il lui arriva
souvent, alors que tous cédaient à la panique, d'être le
seul à se lancer, et il livra trente batailles rangées aux
seuls Gaulois, dont il finit par soumettre les quatre cents
peuplades, que les Romains tenaient pour si redoutables
que, dans la loi exemptant les prêtres et les vieillards de
la mobilisation, il était écrit : « sauf en cas de guerre
avec les Gaulois », car alors prêtres et vieillards étaient
également mobilisés. Lors de la guerre d'Alexandrie, il
se retrouva seul sur un pont, en position difficile : il se
débarrassa alors de son vêtement de pourpre et se jeta
dans la mer ; comme les ennemis le recherchaient il se
cacha en nageant sous l'eau un long moment, ne
remontant que de temps en temps pour respirer, et pour
finir, il arriva près d'un bateau ami, tendit les mains vers
lui, se fit reconnaître et fut sauvé. Lors des guerres
civiles où il s'engagea soit par crainte, comme lui-même
le prétend, soit par désir du pouvoir, il se mesura avec
les meilleurs généraux de son temps, de nombreuses et
considérables armées constituées non de barbares,
mais de Romains au mieux de leur forme et de leur
bonne fortune. Et il les vainquit tous, lui aussi, à chaque
fois, en un ou deux engagements ; pourtant son armée
n'était pas invincible comme celle d'Alexandre : les
Gaulois lui infligèrent une cuisante défaite lors de l'échec
considérable subi par ses lieutenants Cotta et Titurius ;
et en Espagne, Afranius et Petreius la bloquèrent et la
mirent en situation d'assiégée ; à Dyrrachium et en
Afrique, ses débandades furent remarquables, et en
Espagne elle céda à la panique devant Pompée le
Jeune. Mais César lui-même était inaccessible à la
panique et il sortit invaincu de toutes les guerres. La
puissance romaine dominait désormais sur terre et sur
mer de l'Occident jusqu'à l'Euphrate, et, par la force ainsi
que par l'humanité, il l'établit beaucoup plus solidement
que ne l'avait fait Sylla ; il se conduisit en roi, malgré les
oppositions, même s'il n'en accepta pas le titre. Et c'est,
lui aussi, en projetant d'autres guerres, qu'il trouva la mort.
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