Texte grec :
[2,148] Καὶ οἱ μὲν σφαγεῖς ἐξέφυγον ἐκ τῆς πόλεως διαλαθόντες, ὁ δὲ
δῆμος ἐπὶ τὸ λέχος τοῦ Καίσαρος ἐπανελθὼν ἔφερον αὐτὸ ἐς τὸ
Καπιτώλιον ὡς εὐαγὲς θάψαι τε ἐν ἱερῷ καὶ μετὰ θεῶν θέσθαι.
Κωλυόμενοι δὲ ὑπὸ τῶν ἱερέων ἐς τὴν ἀγορὰν αὖθις ἔθεσαν, ἔνθα
τὸ πάλαι Ῥωμαίοις ἔστι βασίλειον, καὶ ξύλα αὐτῷ καὶ βάθρα, ὅσα
πολλὰ ἦν ἐν ἀγορᾷ καὶ εἴ τι τοιουτότροπον ἄλλο συνενεγκόντες,
καὶ τὴν πομπὴν δαψιλεστάτην οὖσαν ἐπιβαλόντες, στεφάνους τε
ἔνιοι παρ' ἑαυτῶν καὶ ἀριστεῖα πολλὰ ἐπιθέντες, ἐξῆψαν καὶ τὴν
νύκτα πανδημεὶ τῇ πυρᾷ παρέμενον, ἔνθα βωμὸς πρῶτος ἐτέθη,
νῦν δ' ἐστὶ νεὼς αὐτοῦ Καίσαρος, θείων τιμῶν ἀξιουμένου· ὁ γάρ
τοι θετὸς αὐτῷ παῖς Ὀκτάουιος, τό τε ὄνομα ἐς τὸν Καίσαρα
μεταβαλὼν καὶ κατ' ἴχνος ἐκείνου τῇ πολιτείᾳ προσιών, τήν τε
ἀρχὴν τὴν ἐπικρατοῦσαν ἔτι νῦν, ἐρριζωμένην ὑπ' ἐκείνου,
μειζόνως ἐκρατύνατο καὶ τὸν πατέρα τιμῶν ἰσοθέων ἠξίωσεν· ὧν
δὴ καὶ νῦν, ἐξ ἐκείνου πρώτου, Ῥωμαῖοι τὸν ἑκάστοτε τὴν ἀρχὴν
τήνδε ἄρχοντα, ἢν μὴ τύχῃ τυραννικὸς ὢν ἢ ἐπίμεμπτος,
ἀποθανόντα ἀξιοῦσιν, οἳ πρότερον οὐδὲ περιόντας αὐτοὺς ἔφερον
καλεῖν βασιλέας.
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Traduction française :
[2,148] Les meurtriers quittèrent secrètement la Ville, tandis
que le peuple, revenant auprès du cercueil de César,
entreprenait de le porter au Capitole, le considérant
comme consacré, pour qu'il reposât dans un temple, en
compagnie des dieux. Mais les prêtres s'y opposèrent, et
on le ramena sur le Forum, là où se trouvait l'ancien
palais des rois de Rome ; les plébéiens rassemblèrent
tous les objets de bois et tous les bancs dont regorgeait
le Forum, et toutes sortes d'autres choses analogues,
puis par-dessus mirent les ornements très abondants de
la procession, plusieurs rapportèrent encore de chez eux
quantité de couronnes et de décorations militaires :
ensuite ils allumèrent le bûcher et passèrent la nuit en
foule auprès de lui ; c'est là qu'un premier autel fut érigé,
et que maintenant se trouve le temple de César, qui,
juge-t-on, mérite d'être honoré comme un dieu : c'est en
fait son fils adoptif, Octave, qui, après avoir changé son
nom pour celui de César et marché sur les traces
politiques de celui-ci, puis établi plus solidement le
régime qui prévaut encore de nos jours, et dont César,
avait jeté les bases, jugea que son père méritait d'être
honoré comme un dieu. Ce sont d'ailleurs ces honneurs-là
qu'à partir de ce premier exemple jusqu'à nos jours,
les Romains estiment devoir accorder à leur mort à tous
les titulaires de cette même charge, s'ils ne se sont pas
comportés en tyrans ou de manière odieuse ; et ces
mêmes Romains, autrefois, ne souffraient pas qu'on
appelât ces personnages rois de leur vivant.
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