Texte grec :
[2,131] Τοιαῦτα τοῦ Ἀντωνίου παρὰ μέρος τεχνάζοντος οἱ ἀμύνειν τοῖς
γεγονόσιν ἀξιοῦντες Λέπιδον ἠξίουν ἀμύνειν. Λεπίδου δέ τι
μέλλοντος λέγειν, οἱ πόρρω συνεστῶτες κατελθεῖν αὐτὸν εἰς τὴν
ἀγορὰν ἠξίουν, ἵνα ὁμαλῶς ἅπαντες ἐπακούσειαν. Καὶ ὁ μὲν εὐθὺς
ᾖει, νομίζων ἤδη τὸ πλῆθος τρέπεσθαι, καὶ ἐπὶ τὰ ἔμβολα
παρελθὼν ἔστενε καὶ ἔκλαιεν ἐν περιόπτῳ μέχρι πολλοῦ,
ἀνενεγκὼν δέ ποτε εἶπεν· « Ἐνταῦθα χθὲς μετὰ Καίσαρος ἱστάμην,
ἔνθα νῦν ἀναγκάζομαι ζητεῖν περὶ Καίσαρος ἀνῃρημένου, τί
βούλεσθε. » Ἀναβοησάντων δὲ πολλῶν· « Ἀμύνειν σε τῷ Καίσαρι, »
Ἀντανεβόησαν οἱ μισθωτοί. « Τὴν εἰρήνην τῇ πόλει. » Ὁ δὲ τούτοις
μὲν ἔφη· « Βουλόμεθα. Ἀλλὰ ποίαν λέγετε εἰρήνην; Ἢ ποίοις ὅρκοις
ἀσφαλὴς ἔσται; Τοὺς μὲν γὰρ πατρίους πάντας ὠμόσαμεν Καίσαρι
καὶ κατεπατήσαμεν, οἱ τῶν ὀμωμοκότων ἄριστοι εἶναι λεγόμενοι. »
πρὸς δὲ τοὺς ἀμύνειν ἀξιοῦντας ἐπιστραφείς « ὁ μὲν Καῖσαρ ἡμῶν,
ἔφη, μεθέστηκεν, ἱερὸς τῷ ὄντι καὶ τίμιος ἀνήρ, τὴν δὲ πόλιν τοὺς
ὑπολοίπους αἰδούμεθα βλάψαι.» Καὶ τάδε, ἔφη, σκοποῦσιν ἡμῶν οἱ
πρόβουλοι, καὶ δοκεῖ τοῖς πλέοσιν. » Ἀνακραγόντων δὲ αὖθις· «
Ἐπέξιθι μόνος », « Βούλομαι, εἶπε, καὶ εὔορκόν ἐστί μοι καὶ μόνῳ.
Ἀλλ' οὐκ ἐμὲ καὶ ὑμᾶς βούλεσθαι δεῖ μόνους οὐδὲ μόνους
ἀντιτιθέναι. »
|
|
Traduction française :
[2,131] Telles étant les manoeuvres employées par Antoine
à l'égard de chaque parti, ceux qui voulaient vengeance
se tournèrent vers Lépide pour vengeance obtenir. Et
comme Lépide s'apprêtait à prendre la parole, ceux qui
se trouvaient loin placés lui demandèrent de descendre
sur le Forum, pour que tous puissent l'entendre aussi
bien. Il vint aussitôt, pensant que la foule était déjà en
train de changer d'opinion, prit place sur les Rostres, où
il se mit à gémir et à pleurer sous les yeux de tous
pendant un long moment ; puis, se reprenant, il déclara :
« Ici même où, hier, je me tenais avec César, je suis
aujourd'hui obligé de vous demander, au sujet du
meurtre de César, quelle est votre volonté. » Beaucoup
crièrent : « Que tu venges César ! », et les soudoyés
crièrent en sens opposé : « La paix pour la Ville ! »
Lépide dit alors à ces derniers : « Nous la voulons. Mais
de quelle paix parlez-vous ? Et par quels serments sera-t-elle
garantie ? Tous les serments traditionnels, nous les
avons prêtés à César, puis nous les avons piétinés, nous
dont on dit qu'il n'y a pas d'hommes plus fidèles à leurs
serments. » Puis il se tourna vers les partisans de la
vengeance et leur dit : « César nous a quittés, cet
homme réellement sacré et vénéré, mais nous avons
scrupule à priver la Ville du reste de ses citoyens, et
c'est une question que sont en train d'examiner nos
sénateurs, et la décision se prend à la majorité. » Ils
recommencèrent alors à hurler : « Venge-le tout seul ! »
« Je le veux, dit-il, et il est conforme à mes serments de
le faire même seul. Mais il ne faut pas que vous et moi
soyons seuls à le vouloir, ni seuls à manifester notre opposition. »
|
|